Opinion
Claude Poirier

Mettre la violence sur le dos de la santé mentale, c’est assez !

le mardi 21 février 2023
Modifié à 16 h 36 min le 17 août 2023
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

(Photo gracieuseté)

Je reviens cette semaine sur la tragédie survenue à la Garderie éducative Ste-Rose à Laval le 8 février, qui a coûté la vie à deux jeunes enfants. 

Dès les premiers instants, des commentaires sur la santé mentale du chauffeur d’autobus qui a embouti la garderie ont fusé de toutes parts sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc. En les lisant, j’ai sursauté. 

À mon avis, il faut attendre qu’un diagnostic médical clair soit déposé pour déterminer si la maladie mentale entre en ligne de compte dans cette histoire. À ce sujet, j’ai bien aimé les propos de la psychiatre Marie-Ève Cotton. Selon elle, être en détresse et souffrir d’une maladie mentale sont deux choses différentes. La santé mentale n’a pas à toujours prendre le blâme pour des événements tragiques comme celui-ci. 

D’ailleurs, selon une étude réalisée en 2015 par une experte, seulement 5% des personnes ayant un diagnostic de maladie mentale deviennent violentes. 

Dans le cas de Pierre Ny St-Amand, le chauffeur d’autobus accusé de meurtre au premier degré, il ne consultait pas pour des problèmes de santé mentale, a révélé le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. 

Puis, il avait déjà été en mesure d’effectuer son trajet d’autobus habituel cette journée-là, avant de passer à l’acte. 
Attribuer ce drame à la santé mentale est dangereux et je l’ai constaté en lisant le témoignage d’un père que j’ai reçu à la suite de cet événement. Il m’a confié que sa fille vit avec cela et qu’elle a été tellement affectée par tout ce qui a été dit dans les jours suivants qu’elle songeait à s’enlever la vie. 

J’en connais moi-même qui ont reçu des diagnostics et qui s’en sortent désormais très bien dans leur quotidien. 
Attendons donc de voir ce que l’enquête policière – que je trouve longue d’ailleurs – révélera avant de tirer nos propres conclusions sur l’état psychologique de l’accusé. Tous les éléments devront être pris en considération avant que la cause soit véritablement déterminée. D’ici-là, cessons de faire des raccourcis et de mettre la violence sur le dos de la santé mentale.

10-4! 

(Propos recueillis par Gravité Média)