Midibus débranchés : une expérience cruciale pour un avenir électrique

Pour Michel Veilleux, les petites navettes gratuites dans les zones centrales des municipalités a montré l’intérêt d’une desserte plus communautaire. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)
Le projet pilote des midibus, ces autobus de neuf mètres à propulsion 100% électrique, est terminé. Si les six véhicules ont connu un achalandage variable sur le territoire, le projet a cependant permis un apprentissage crucial pour le Réseau de transport de Longueuil (RTL) et le futur de sa flotte électrique.
Le gouvernement québécois souhaite que 55% des flottes d’autobus soient électriques en 2030. Pour le directeur général du RTL, Michel Veilleux, cette cible représente un défi majeur pour la société de transport.
Ainsi, le projet des midibus a permis au Réseau de s’immerger dans ce qui l’attend pour les prochaines années.
«Sur le plan opérationnel, c’était toute une adaptation! Il a fallu former nos employés d’entretien, nos chauffeurs, se familiariser avec les notions de ravitaillement, le cadenassage, l’entretien préventif, la recharge, l’installation des bornes à l'intérieur des garages, les certifications. Cette expérience a été vraiment enrichissante», souligne M. Veilleux.
Si 50% de la flotte est à propulsion hybride, le RTL se prépare dans un futur rapproché à recevoir des autobus 100% électriques pour ses trajets courants.
Ce déploiement à plus grande échelle de la stratégie d’électrification sera facilité par l’aventure des midibus, «qui a permis aux employés, aux équipes, aux ingénieurs de voir ce que ça prenait pour électrifier l’ensemble de la flotte, avec un éclairage très concret des problématiques», ajoute le directeur général.
«C’est le début d’une électrification à grande échelle!»
-Michel Veilleux
Sur le terrain
Les midibus ont parcouru six trajets différents au travers de l’agglomération. Selon un sondage effectué auprès de la clientèle, le taux de satisfaction a atteint 84%, soit un taux supérieur au réseau régulier.
Été comme hiver, les véhicules ont tenu le coup. M. Veilleux note entre autres qu’en moyenne, la batterie a été utilisée à 50% lors des sorties.
«Tout le volet électrique, la propulsion électrique, s’est très bien déroulé. Les problèmes étaient plus associés à ceux d’une nouvelle flotte d’autobus, comme des problèmes avec les portes ou la programmation», indique-t-il.
Ce dernier reconnaît également que des enjeux de livraison de pièces ont surgi durant la pandémie, notamment parce qu’il n’y avait pas de fournisseur canadien à proximité. Certains midibus ont donc parfois été remplacés par des autobus réguliers.
On fait quoi des midibus?
Le projet pilote ne deviendra pas un projet permanent, du moins pas pour le moment.
M. Veilleux indique que le RTL vit une période budgétaire difficile à cause de la pandémie et va plutôt utiliser les midibus pour des événements de toutes sortes sur le territoire.
On pourra toutefois encore voir les véhicules à Boucherville, alors que l’engouement a été tel que la Ville va elle-même financer la ligne 284.
Cela ne veut toutefois pas dire que le Réseau abandonne l’idée de plus petits autobus ou des trajets gratuits. Il suit d’ailleurs avec intérêt les travaux des fabricants nord-américains d’autobus électriques comme Letenda ou Vicinity.
«Ç’a été une très belle expérience pour nous. On souhaite juste qu’il se développe des technologies plus locales, québécoises ou canadiennes. C’est une question de temps avant qu’on voit des véhicules de cette dimension plus souvent!» conclut M. Veilleux.
Quatre enjeux de l’électrification
La recharge. Pour un véhicule au diésel, la recharge prend 10 minutes pour 600 km d’autonomie. Le véhicule électrique, lui, prend 3 à 4 heures pour 200 km d’autonomie.
Lieux de recharge. Se fera-t-elle dans les garages du RTL? Une demande concentrée rendra la facture d’électricité plus grande.
Panne de garage. Une panne d’électricité aura plus d’impact avec une flotte électrique.
Incendie de batterie. Le RTL travaille avec le Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil pour établir les bonnes façons de faire.