Actualités

Moins de gens en pincent pour le homard

le mardi 07 juin 2022
Modifié à 14 h 33 min le 06 juin 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Le homard du Québec arrivé dans les supermarchés. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

CANDIAC. Le homard du Québec est en vente depuis près d’un mois, mais les viviers des épiciers demeurent remplis et les assiettes, dégarnies. En raison de son prix élevé, des clients ont réduit leur consommation, tandis que des restaurateurs n’en ont pas mis à leur menu.   

Chez Pasquier, qui possède une succursale à Delson, l’augmentation du coût du homard a débuté en 2021, alors qu’il fallait débourser 2$ de plus la livre pour s’en procurer. Cette année, la facture a grimpé d’un dollar supplémentaire.

«On constate une diminution de la consommation de homard, confirme Chantal Lefebvre, gérante de catégorie pour la poissonnerie. C’est un produit qui crée généralement une grande euphorie auprès de notre clientèle, car il est saisonnier. Mais on remarque un essoufflement.»

Plutôt que d’en acheter trois à quatre fois durant la période forte, les clients se restreignent à une ou deux occasions, fait savoir celle qui travaille pour Pasquier depuis 23 ans. Elle prévoit que la saison prendra fin aux alentours de la fête des Pères, le 19 juin.

La bannière indépendante croit se démarquer par la grosseur de ses homards, environ une livre plus lourde que ceux des concurrents. On en déniche à 14,99$ pour deux livres dans les viviers de Pasquier, partage Mme Lefebvre.

«C’est une offre équitable à notre avis si on la compare aux autres supermarchés», affirme la gérante.

La chaîne Métro a fait le pari en début de saison de vendre ses homards au même prix qu’en 2021, soit à 8,88$ la livre, pour attirer davantage de clients. La pêche retardée en Gaspésie par une tempête de neige a toutefois freiné l’approvisionnement à ce moment, indique Jean-François Cardinal, propriétaire de la succursale à Sainte-Catherine.

«On en a reçu que le tiers prévu, précise-t-il. À ce prix-là, on perd de l’argent, mais c’est pour faire venir les clients en magasin», reconnaît-il.

Depuis, il est revenu à environ 12,99$ la livre, ajoute M. Cardinal qui pourra en offrir à sa clientèle pendant tout l’été, promet-il.

Restaurants

Restaurants

Copropriétaire des restaurants Chez Julien et L’Ours caverne culinaire à La Prairie, Jean-Claude Trottier n’a pas de homard à son menu cette année, bien qu’il adapte généralement ce dernier aux produits saisonniers.

«Quand les prix sont trop élevés, nous n’achetons pas les produits, affirme-t-il. Présentement, nous avons eu très peu de clients qui nous ont demandé d’avoir du homard ou du crabe à notre menu.»

Pour la chaîne Piazzetta, il était impensable de ne pas offrir ce produit dans ses pizzas, salades et pâtes, partage Normand Savard, propriétaire du restaurant de Candiac.

«Oui, le prix de nos plats est plus élevé, mais le homard est un incontournable, estime le restaurateur. Toutefois, il n’y a pas eu de période de crabe des neiges pour la première fois depuis notre ouverture il y a 15 ans en raison du prix.»

«Est-ce que la vente de homard est rentable? Pas vraiment, mais on espère que les clients achèteront d’autres items en même temps.»

-Chantal Lefebvre, gérante chez Pasquier

Pas de Banquet homards

Pour la première fois en six ans, la Fondation des Gouverneurs de l’espoir n’a pas tenu son traditionnel Banquet homards bénéfice. «Le prix exorbitant» de ce produit, ainsi que celui du crabe des neiges en est la cause, confirme l’organisme. Lors de la dernière édition en 2019, les participants déboursaient 160$ pour déguster du homard de plus de 2 livres et des pattes de crabe à volonté.

«Fin mars, quand nous devions fixer une date et statuer sur le prix des billets, le prix tournait autour de 55$ le kilo, alors nos coûts devenaient prohibitifs. Nous aurions dû vendre nos billets beaucoup trop cher pour arriver à faire un profit», indique Sonia Cosentino, responsable des communications.

Elle souligne l’ironie de la situation, alors que le banquet constitue une activité de financement pour l’organisme qui soutient les familles d’enfants malades du cancer.

L’événement, qui avait fait salle comble avec 320 convives en 2019, a été remplacé cette année par une soirée différente. La Fondation des Gouverneurs de l’espoir espère néanmoins que le marché sera de son côté en 2023 pour lui permettre de tenir une nouvelle édition de son banquet.