Mois du cœur : regard sur l’insuffisance cardiaque avec la cardiologue Christine Pacheco

La cardiologue Christine Pacheco (Photo : Gracieuseté)
Février est le Mois du cœur et cette année, Coeur+AVC met l’accent sur l’insuffisance cardiaque. Le Courrier du Sud a rencontré Christine Pacheco, cardiologue à l’hôpital Pierre-Boucher et spécialiste en santé cardiaque des femmes, pour en savoir davantage sur cette maladie qui touche chaque année 100 000 personnes de plus au Canada.
Q Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque?
R C’est une maladie plutôt complexe qui peut avoir différentes causes, mais l’aboutissement est que le cœur ne fournit pas assez de sang de façon efficace au corps, soit parce que la pompe est trop faible ou trop rigide. Ce n’est pas une maladie qui se guérit, mais qui se traite.
Q Quels sont les symptômes de l’insuffisance cardiaque?
R La majorité du temps, les gens se sentent de plus en plus essoufflés. Parfois, ils vont se réveiller la nuit essoufflés et ils auront besoin de plus d’oreillers pour dormir confortablement. Ils peuvent aussi avoir le ventre qui augmente en taille et les jambes qui enflent, qui sont des signes de rétention d’eau.
Q Quels sont les dangers de vivre avec cette maladie?
R Le pronostic est mieux qu’il était il y a 15 ans, grâce aux progrès en recherche, mais il reste que quelqu’un qui souffre de l’insuffisance cardiaque a 50% de risque de mourir dans les cinq années suivant le diagnostic. Il y a aussi le danger d’être hospitalisé à répétition. À peu près 20% des patients vont retourner à l’hôpital pour une nouvelle hospitalisation dans les mois qui suivent le premier épisode.
Q Quels facteurs augmentent les risques de souffrir de cette maladie?
R Dans de rares cas, c’est génétique, mais plus couramment, les facteurs de risque sont les mêmes que ceux qui peuvent mener à une crise cardiaque ou à un blocage dans les artères. On pense à la haute pression, le diabète, le cholestérol, la consommation d’alcool en quantité excessive, la cigarette et les drogues fortes comme la cocaïne ou les amphétamines. L’âge, les problèmes rénaux et les maladies inflammatoires sont également des facteurs de risque.
Q Comment peut-on la prévenir?
R La bonne nouvelle, c’est que pour environ 80% des maladies cardiovasculaires, on peut les prévenir. Au quotidien, on peut faire choses simples, comme arrêter de fumer, arrêter la consommation excessive d’alcool ou de drogue. On recommande jusqu’à 30 minutes d’exercice modéré, 5 fois par semaine, pour qu’on soit un peu essoufflé, sans avoir à courir le marathon.
Dans l’assiette, on privilégie une diète méditerranéenne : la moitié de fruits et légumes, un quart des protéines maigres comme du poulet et du poisson, et le dernier quart des grains bruns, comme du riz brun, du pain brun ou des pâtes brunes.
Q Les ressources sont-elles suffisantes pour combattre l’insuffisance cardiaque?
R Il y a déjà des pas dans la bonne direction, par exemple, à l’hôpital Pierre-Boucher, on a une clinique spécialisée en insuffisance cardiaque, avec une infirmière travaille avec nous, qui permet un suivi serré auprès des patients.
Je pense qu’il y a tout de même place à l’amélioration. La recherche est vraiment essentielle pour mieux comprendre la maladie et il faut bien la financer. On pourrait également améliorer le soutien aux proches de ceux qui vivent avec la maladie.