Moisson Rive-Sud condamné à voir grand

Moisson Rive-Sud a quadruplé son espace d’entreposage. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)
C’est en plein cœur de la zone aéroportuaire de Longueuil que Moisson Rive-Sud a fait bâtir son nouvel immeuble. Une nécessité pour la plus grande banque alimentaire de la Montérégie, qui doit s’adapter à de nouveaux défis : moins de dons, mais plus de demandes, notamment de clientèles émergentes comme les salariés et les aînés.
À l’occasion d’une visite du Courrier du Sud, l’organisme confirme que l’aide alimentaire dans la région n’a toujours pas plafonné depuis cinq ans.
Les dons ne suffisent donc plus.
«Depuis 2020, on ne peut pas passer une seule année sans faire d’achat de denrées, alors qu’en 2019, on n’en avait jamais fait. On est passé d’un budget de 800 000$ par année à 3,5 M$ en même pas 5 ans», souligne Tifanie Brazier, conseillère principale au développement philanthropique de l’organisme.
Des 5 millions de denrées distribuées partout en Montérégie l’an dernier, 20% ont dû être achetées. «Ça augmente tout le temps. On n’a jamais atteint un plateau où on dit : ça, c’est notre nouvelle norme et on va se baser là-dessus», résume la conseillère.
Pas juste les chômeurs
Comment expliquer cette aggravation? Notamment par le portrait de ceux qui requièrent l’aide alimentaire.
Selon le bilan-faim des banques alimentaires du Canada, la part de l’aide alimentaire octroyée par les organismes aux salariés a doublé en cinq ans et compte maintenant pour 20% des demandes. Celle des aînés a également doublé.
«Ça augmente chez les salariés, une classe sociale qui, de base, devrait être capable d’y arriver. Et les aînés non plus, avec les rentes et la retraite, ils n’y arrivent pas», explique Mme Brazier.
Moins de gaspillage, moins de dons
L’augmentation de la demande n’est cependant pas en phase avec les dons. Ceux-ci ont même baissé, mais en quelque sorte pour une bonne raison : plusieurs épiceries ont adopté de meilleures pratiques sur le plan du gaspillage depuis la pandémie.
«Au début de la pandémie, on voyait parfois des rangées vides dans les épiceries. Elles ne recevaient parfois plus tel ou tel ingrédient. Mais ç’a aussi permis aux entreprises de revoir leurs quantités. Toutes les pertes qu’elles engendraient avant, nous, on les recevait en dons. Mais là, elles ont affiné leur chaîne d’approvisionnement, ce qui fait qu’il y a moins de pertes», évoque Tifanie Brazier.
Le discours contre le gaspillage alimentaire commence également à faire son chemin dans la population, notamment avec l’avènement des applications de rabais sur la nourriture proche de la date de péremption.
«C’est de la nourriture qu’on aurait eue de base. On l’obtient encore, mais vraiment s’il n’y a aucune vente», mentionne Mme Brazier, qui voit tout de même le bon côté de la chose.
«La société nous a amenés à penser différemment sur la consommation. ‘‘Meilleur avant’’, ça ne veut pas dire ‘‘périmé’’», ajoute-t-elle.
(Photo : Le Courrier du Sud - Michel Hersir)
Besoin d’un nouvel immeuble
Ce n’est pas d’hier que Moisson Rive-Sud cherchait à bâtir un nouvel immeuble. Celui qui l’abritait autrefois sur la rue Volta à Boucherville avait atteint le maximum de sa capacité. L’organisme devait même payer pour entreposer à l’externe. Il est installé depuis décembre dans ses nouveaux locaux.
«On avait 10 000 pieds carrés au sol en entreposage. Ici, on est à 30 000. On a aussi quadruplé l’espace d’entreposage, on est passé de 480 palettes à 1790 palettes, et c’était ça notre besoin», assure Mme Brazier.
L’organisation a d’ailleurs pu obtenir une dérogation pour s’installer dans la zone aéroportuaire, un lieu stratégique pour rejoindre les 157 organismes qu’elle dessert de Sorel-Tracy à Hemmingford.
L’achat du terrain et la construction de l’immeuble ont coûté 13 millions $.