Culture

Nikamu Mamuitun : le bonheur de dresser des ponts

le mardi 05 avril 2022
Modifié à 0 h 00 min le 06 avril 2022
Par Jean-Baptiste Hervé

redactionrf@gravitemedia.com

L'événement musical dresse des ponts entre musiciens autochtones et musiciens allochtones.(Photo: Gracieuseté - Marc-Antoine Dufresne)

Fruit d’une collaboration entre le Festival en chanson de Petite-Vallée en Gaspésie et le Festival Innu Nikamu à Maliotenam, l’évènement musical Nikamu Mamuitun dresse des ponts entre musiciens autochtones et musiciens allochtones. À l’approche du concert au Théâtre de la Ville, le chanteur innu Matiu était à Montréal pour en discuter.  

«Tout ça part d’un rêve du grand manitou de Petite-Vallée, Alan Côté, raconte le chanteur originaire de Mani-Utenam sur la Côte-Nord. Au départ, cela ne devait être qu’une résidence de dix jours pour s’amuser, mais le projet a tellement bien marché que cinq ans après, on est encore sur la route à chanter nos tounes!»

C’est en 2017 que l’idée germe dans la tête du directeur artistique du Festival en chanson de Petite-Vallée. Il lâche un coup de fil à Florent Vollant et lui fait part du projet. Quelques mois plus tard étaient rassemblés pour une résidence dans le village quatre musiciens autochtones (Matiu, Karen Pinette-Fontaine, Scott-Pien Picard et Ivan Boivin( et quatre musiciens allochtones (Marcie, Cédrik St-Onge, Chloé Lacasse et Joëlle Saint-Pierre).

La belle équipe est épaulée dans la production par trois artistes mentors, soit Florent Vollant, Réjean Bouchard et Guillaume Arsenault.

Poursuivre le dialogue

Le spectacle est l’occasion d’une découverte mutuelle. Il tend des ponts nécessaires et provoque une rencontre forte qui saura ouvrir de nouvelles avenues musicales pour les artistes, mais aussi pour les spectateurs. 

«La musique peut changer le monde, chanson par chanson on va y arriver», a déjà dit Florent Vollant.

«Le show veut rassembler les discours et les peuples, poursuit Matiu (Matthew Vachon), le menuisier de profession. Ça fait un bout de temps qu’on réussit à jaser et je trouve cela sain; faut pas que ça arrête, avance-t-il. Les gens sont aujourd’hui plus informés sur la question autochtone et il y a certainement une meilleure écoute.»

Celui qui s’est fait connaître par sa reprise de la chanson Le bon gars de Richard Desjardins, qu’on retrouve sur l’album hommage au chanteur, est humble et facile d’accès. 

Ses chansons sont «gossées» dans l’encre comme on travaille le bois, et pourtant rien ne le prédestinait à la chanson.
 
«Je n’étais pas du tout dans ce métier-là, mais à un moment donné, j’ai acheté une guitare cheap, je connaissais trois accords, poursuit le chanteur, volubile. Un jour, j’ai vu un documentaire sur le chef autochtone Sitting Bull et le massacre de Wounded Knee. J’étais tellement en colère que j’avais envie de mettre le feu à la ville. À la place, j’ai écrit ma première chanson, Indian Time, et j’ai continué la musique.»

Le spectacle est présenté le 14 avril, au Théâtre de la Ville de Longueuil.

(Photo: Gracieuseté - Marc-Antoine Duresne)