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Nouveau propriétaire pour l’église anglicane à Saint-Lambert ?

le vendredi 08 septembre 2023
Modifié à 13 h 17 min le 04 octobre 2023
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Selon les propos de la mairesse, le dossier de l’église anglicane traine depuis 24 ans. (Photo : Le Courrier du Sud – Archives)

La saga du temple maçonnique, aussi appelé église anglicane, à Saint-Lambert, a pris une énième tournure le 7 septembre. Alors que la Ville a tenu une séance extraordinaire afin «d’autoriser la signature d’une transaction» en lien avec le bâtiment, la mairesse Pascale Mongrain a dévoilé qu’un nouveau propriétaire pourrait entrer en jeu.

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Ce dernier, Éric Lemieux, a fait des approches avec la Ville de Saint-Lambert et le propriétaire du terrain, Stéphane Boivin, afin de proposer une démarche pour en arriver à un règlement à l’amiable, à la fin de laquelle il deviendrait propriétaire du terrain.

Rappelons que la Ville avait entamé en 2022 un recours contre M. Boivin en Cour supérieure afin de récupérer le terrain. Plus tard dans la même année, M. Boivin avait à son tour entamé un recours pour récupérer les sommes investies dans l'immeuble depuis qu’il en est le propriétaire.

Si le processus enclenché le 7 septembre est fructueux, cela mettrait fin aux litiges.

Esquisse de projet

Mme Mongrain a décrit les grandes lignes du projet proposé par M. Lemieux, dont deux ou trois esquisses «très sommaires» ont été présentées au conseil.

Il s’agirait de démolir le bâtiment actuel pour y construire un nouveau bâtiment de trois étages et demi en briques rouges, avec l’intégration de certains artéfacts du temple, dans la mesure du possible. «S’il y a quelque chose à sauver, il est prêt à intégrer ça», a-t-elle soutenu.

Un local d’environ 375 pieds serait de plus réservé «à titre gratuit» pour la Ville. M. Lemieux aurait également l’intention de construire un passage historique entre l’immeuble et la propriété voisine.

La mairesse a aussi souligné l’intention de M. Lemieux de présenter son projet aux citoyens et que le développement du projet suivra son cours selon la procédure habituelle.

«Il n’y aura aucune exception», a-t-elle mentionné, ajoutant que ce projet n’avait aucun lien avec l’adoption prochaine du plan d’urbanisme.

De nombreux citoyens étaient présents lors de la réunion et plusieurs d’entre eux ont exprimé leur méfiance envers cette plus récente tournure.

«Je comprends qu’il y a énormément de frustration, de la méfiance. Il y a eu des déceptions, de la colère, mais nous, on est arrivé en novembre 2021. On ne peut pas refaire les 24 dernières années. […] On ne blâme personne, mais je vous en prie, ne blâmez nous pas pour 24 ans d’histoire qu’on ne pourra pas refaire», a d’ailleurs exprimé Mme Mongrain.

Un avis de séance 24 heures à l’avance

Avant même la tenue de la séance, certains citoyens, dont l’ancien candidat à la mairie Karl Villeneuve, se sont plaints que la séance ait été annoncée un peu plus de 24 heures à l’avance, en plus d’offrir un ordre du jour très bref.

Des doléances qui ont été répétées par l’élu Loïc Blancquaert, d’ailleurs insatisfait de plusieurs aspects évoqués lors de la séance.

La mairesse a pour sa part souligné l’importance du caractère confidentiel des procédures amorcées, vu le contexte des recours judiciaires en cours. De plus, elle a souligné que l’entente tripartite devait être signée afin d’avancer dans ce dossier. Elle a en outre mentionné les importants frais d’avocat qui s’accumuleraient si les litiges se poursuivent.

La résolution a été votée à la majorité, M. Blancquaert est le seul ayant voté contre. La conseillère Stéphanie Verrault était pour sa part absente lors de la séance.

 

Ils ont dit

Loïc Blancquaert, conseiller du district 5 : «Quand la mairesse dit que tout a été fait selon les règles de transparence, moi je crois que c’est faux. Je nous donne une note de 0 sur 10 sur ça. La convocation a été faite à peine 24 heures d’avance, qui est le strict minimum légal. […] Il n’y avait pas d’urgence à passer en séance extraordinaire.»

«Quand on s’est engagé en 2022 […] pour dire qu’on veut reprendre ce terrain-là pour en faire quelque chose, on savait que ça allait coûter de l’argent, la mairesse était pour à ce moment-là, pourquoi elle change d’idée alors qu’on est plus prêt que jamais de reprendre ce terrain-là? Moi je pense qu’on doit continuer les procédures.»

Claude Ferguson, conseiller du district 2 : «Il ne vient pas aux réunions pour s’exprimer, mais il vient nous emmerder…» a-t-il laissé tomber, en parlant des propos de M. Blancquaert.

Francis Le Chatelier, conseiller du district 1 : «C’est sûr que ça aurait été plus simple pour nous et pour moi comme conseiller de continuer les poursuites pour toujours et juste payer la facture à chaque mois, le petit 400$ de l’heure, et le petit café qui coûte 1000$, la rencontre qui coûte 2000$. […] On l’a vu dans le cas du bruit [au parc Jean-Drapreau], ç’a coûté 800 000$ et on ne s’est même pas rendu en procès!»

«Là, on prend une décision, et quand on prend une décision en politique, peu importe la décision, tu te fais lancer une pierre, tu te fais dire que t’es un minable, c’est toujours comme ça. […] C’est de même dans plusieurs villes, pas juste à Saint-Lambert, mais des fois, on peut penser qu’à Saint-Lambert, c’est plus dur. […] Là on a pris une décision, on va voir ce que ça va donner. Ce n’est pas garanti, mais on va essayer ça.»

 

Qui est Éric Lemieux?

Nouvel acteur dans le dossier, Éric Lemieux travaille dans l’investissement privé, a indiqué la mairesse. Ce dernier fait partie de la famille Lemieux, qui a été impliqué dans de nombreux projets sur le territoire, dont les condos Rive Droite, la résidence Les Jardins Intérieurs et les condos Loggia.  

La sœur d’Éric Lemieux, Annie Lemieux, est présidente de LSR GesDev, LS4, LSR Santé et Albert Immobilier.

Éric Lemieux souhaite donc se porter acquéreur du terrain et donner le projet de construction à sa sœur.