Culture

Opéra de Paris: Ève-Marie Dalcourt est répétitrice sur l’une des plus grandes scènes d’Europe

le mardi 31 août 2021
Modifié à 13 h 09 min le 31 août 2021
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Ève-Marie Dalcourt assiste Alexandre Ekman à l’Opéra de Paris, du 26 août au 28 septembre. (Photo: Gracieuseté - Peter Janssen)

Ève-Marie Dalcourt a l’occasion de laisser sa marque sur l’une des plus grandes scènes d’Europe. Depuis le 26 août et jusqu’au 28 septembre, elle agit comme répétitrice aux côtés du chorégraphe Alexander Ekman à l’Opéra de Paris pour la pièce Play. La spécialiste en danse contemporaine accueille ce défi avec enthousiasme, ravie de voir que son choix d’être une artiste indépendante soit récompensé.

«C’est juste fou de savoir qu’à 24 ans, je vais être dans cette institution, révèle l’artiste, en entrevue le 11 août. C’est beaucoup de confiance qu’on m’accorde et c’est vraiment un honneur, surtout d’être là avec un créateur que j’ai toujours admiré.»

L’Opéra de Paris, plutôt reconnu comme une compagnie de ballet classique, accueillera du 28 septembre au 6 novembre la pièce Play du chorégraphe Alexander Ekman, davantage associé à la danse contemporaine, le créneau d’Ève-Marie Dalcourt. 

«Si tu viens du monde du ballet classique, l’Opéra de Paris, c’est inatteignable, explique la danseuse. La majorité des danseurs ont été formés à l’école de l’Opéra de Paris, y sont impliqués avec depuis qu’ils ont 8 ou 9 ans, et sont reconnus pour être la crème de la crème.» 

«Alex, c’est plus quelqu’un de contemporain, poursuit-elle. Je vais donc aller là pour faciliter la communication entre les danseurs et lui, s’assurer que tout est en ordre et que tout le monde sait ce qu’il a à faire pour aider son idée artistique à prendre vie.» 

En tant que répétitrice, elle aide également à la division du travail, lorsque les danseurs doivent se concentrer sur des segments précis du spectacle. Elle est la personne-ressource du chorégraphe, s’il a besoin de parler à quelqu’un.

(Photo: Gracieuseté Code Art Photography)

Une Longueuilloise à Paris
Avant d’atteindre l’Opéra de Paris, Ève-Marie Dalcourt a commencé la danse dans les écoles récréatives de Longueuil. C’est à l’École supérieure de ballet du Québec qu’on lui a ouvert les yeux sur les possibilités à l’international.

C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée avec la Nederlands Dans Theater (NDT), l’une des grandes compagnies de danse contemporaine, située à La Haie aux Pays-Bas, pour un stage avant sa dernière année de cégep. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’elle est établie aujourd’hui.

«Les choses après ont tombé parfaitement, poursuit-elle. Ç’a donné qu’il manquait une fille dans la compagnie, ils m’ont donc appelée une semaine après mon stage d’été. Je suis revenue à Montréal pour finalement déménager là-bas un mois plus tard.»

Elle y a passé les trois années suivantes, au cours desquelles elle a terminé sa technique en danse classique par correspondance, au sein de la compagnie junior de la NDT. Elle y a notamment rencontré Alexander Ekman, avec qui elle a développé un bon rapport. Elle a ensuite choisi de devenir travailleuse indépendante.

«Ce qui m’attirait, c’était de toucher à plein de projets différents, la polyvalence du freelance, tout en continuant à voyager comme je le faisais à la NDT», affirme Ève-Marie.

Elle a retrouvé au passage Alexander Ekman pour remonter Cacti au Ballet royal de Suède en 2020. L’expérience s’est bien passée au point où il l’a sollicitée à nouveau, cette fois-ci pour l’Opéra de Paris.

«C’est cliché, mais ça n’a vraiment pas été facile de me rendre là. J’ai pris un risque en quittant la compagnie pour aller dans un autre mode de vie, une nouvelle façon de vivre mon art. De voir que ça me mène à encore plus, c’est vraiment excitant.»

- Ève-Marie Dalcourt

Souvent dans ses valises

(Photo: Gracieuseté - Fanni Tutek-Hajnal)

Si son port d’attache est La Haie, où elle travaille entre autres dans un théâtre indépendant, l’artiste passe la majorité de son temps dans ses valises. Elle estime vivre environ les trois quarts de l’année à l’étranger, dépendamment des projets.

«C’est une vie très vagabonde, évoque Ève-Marie. En plus de mes projets ici, je me joins à d’autres projets en Europe ou partout dans le monde, soit pour aller enseigner quelques jours ou faire partie d’une nouvelle création.»
C’est à Paris qu’elle s’est installé de façon temporaire à la fin du mois d’août pour travailler sur Play, une pièce qui, selon elle, «peut être divertissante autant pour ceux qui connaissent la danse que pour ceux qui ne connaissent pas».

Elle admet par ailleurs vouloir développer son réseau de contacts à Montréal pour passer un peu plus de temps dans sa région natale. D’ici là, ce sont les Parisiens qui pourront voir un peu de Longueuil dans leur opéra.