Opinion
Tribune libre

Opinion- COVID-19: Un nouveau clou dans le cercueil de l’équité intergénérationnelle?

le dimanche 18 octobre 2020
Modifié à 12 h 27 min le 16 octobre 2020

Récemment, plusieurs études ont démontré que la génération Y, personnes nées entre 1984 et 1996, font et vont devoir faire face à des enjeux qui vont potentiellement faire d’eux une des rares générations à être plus pauvre que les précédentes. Cette image contraste avec le portrait d’enfants gâtés vivant une vie si facile que l’on colle régulièrement aux milléniaux. Pourtant, ces derniers vont devoir jongler avec des réalités économiques qui ne leur sont pas favorables. Par exemple, le coût de l’immobilier a explosé au cours des dernières années, l’État a perdu le contrôle des coûts du système de santé au détriment des autres secteurs publics, le marché du travail est beaucoup plus demandant en termes de qualifications que par le passé, mais n’offre pas forcément de meilleures conditions, notre niveau d’entêtement est très élevé et le vieillissement de la population a un impact croissant sur la fiscalité des jeunes travailleurs. À tout cela s’ajoute aussi la dette environnementale qui va avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie des prochaines années. Cependant, l’objectif de ce texte n’est pas de souligner, une nouvelle fois, les désavantages auxquels font face les milléniaux, mais de faire réaliser aux Québécois que cette réalité va s’aggraver à cause de la crise de la COVID-19 et que personne ne semble vraiment s’en soucier. Premièrement, nous ne savons toujours pas quand cette pandémie va se terminer, mais nous pouvons être certains qu'elle va s’accompagner d’une récession. Cette situation va encore précariser l’insertion dans le marché du travail par les jeunes travailleurs. Dans une période difficile, le réflexe des employeurs est de trouver des gens d’expérience pour pourvoir les rares postes disponibles. Récession, perte d’emplois et une situation qui rend la formation de nouveaux travailleurs compliquée vont rendre la vie difficile à de nombreux jeunes professionnels qui essayent de démarrer leur carrière. Deuxièmement, les différents gouvernements ont pris de nombreuses mesures pour faire face aux différents enjeux causés par la COVID-19. Ces dépenses, certes nécessaires et légitimes dans le contexte actuel, vont continuer de creuser la dette que les milléniaux vont devoir rembourser tout en ayant un fardeau fiscal plus élevé et en espérant que les dépenses en santé et des retraites vont se stabiliser. Il est important de prendre conscience de cette réalité et de mettre sur pied une stratégie pour rattraper notre génération avant de la sacrifier dans l’oubli. La force vive d’une société est sa jeunesse et, si on ne prend pas soin de cette dernière, c’est notre capacité d’innover, de créer et de rêver que nous allons perdre. Il ne faut pas que la COVID-19 ne devienne un nouveau clou dans le cercueil de l’équité intergénérationnelle! Le gouvernement, ce n’est pas tout. Beaucoup de jeunes ont perdu leurs emplois à cause de la COVID-19 et sont présentement à la recherche d’un nouveau défi. Faites-leur une place dans vos organisations et faites leur confiance. Notre génération a atteint sa majorité autour de la crise boursière de 2008 et est, aujourd’hui, en train de vivre une pandémie mondiale… Pas mal pour des enfants gâtés! David Raynaud Titulaire d’une maîtrise en Affaires publiques et internationales