Opinion

OPINION - Prendre la politique au sérieux; sommes-nous prêts pour une nouvelle culture politique ?

le samedi 16 mars 2024
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(Photo : Le Courrier du Sud – Archives)

Par Herman Champagne, citoyen de Saint-Lambert

Mon titre ci-haut se veut la somme des deux titres parus dans le journal La Presse à la fin février couvrant les réactions de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, ainsi que de l’ex-maire de Gatineau, Maxime Pedneault-Jobin, concernant les problèmes reliés au climat toxique existant au sein des hôtels de ville.

Je retiens des commentaires de ces deux maires les éléments suivants :

Les villes ont de plus en plus de responsabilités, les médias sociaux circulent maintenant à grande vitesse les informations et les débats se rattachant à la vie municipale, quelquefois de façon hargneuse, et la gouvernance municipale est restée au siècle passé.

Dans sa lettre ouverte, la mairesse de Longueuil pose la question : de quelle façon ces escalades sont-elles alimentées ?

D’amble, elle affirme que l’environnement dans lequel s’exerce la politique doit changer et qu’au premier chef, ce sont les élus qui devraient incarner ces changements.

Elle insiste sur la problématique que représente la partisanerie à outrance de certains conseils municipaux et la tendance que certains de ces conseils ont de démoniser leurs opposants.

Elle encourage la mise en place d’outils collaboratifs en favorisant la transparence, l’accès et la saine circulation de l’information.

Mr Pedneault-Jobin, de son côté, précise que la problématique des démissions dans le monde municipal existe ailleurs dans le monde et précise que certaines personnes démissionnent parce qu’elles n’ont pas pris la politique municipale au sérieux.

Dans sa lettre ouverte, il soumet que prendre la politique au sérieux, pour lui, c’est de reconnaître que la politique « institutionalise » le débat, le conflit.

Au lieu de le régler par la force, elle l’intègre plutôt dans un processus civilisé régularisant les débats qui produisent des décisions.

La politique est donc, par définition, un affrontement qui n’est pas toujours facile même quand tout le monde se comporte bien.

Pour lui, prendre la politique au sérieux, c’est de reconnaître que celle-ci n’est ni une affaire de personnalité, ni un objectif de vie ou un rêve personnel, mais plutôt un outil pour aider sa communauté.

Il conclut en précisant enfin qu’il faut cesser, chez certains élus, de prendre comme attaque personnelle toute forme d’opposition.

Cette réflexion, qui s’est faite autour des élus, s’applique tout aussi bien aux citoyens engagés, dont je suis, qui souvent se retrouvent dans des rôles ingrats, de chien de garde lorsqu’ils interviennent au conseil

Les interventions de l’UMQ, à ce niveau, négligent voire démonisent, à mon avis, l’importance de ces acteurs politiques que sont les citoyens engagés dans la vie municipale qui , sans être élus, essaient eux aussi, à leurs façons, de s’impliquer démocratiquement afin d’aider au bien-être de leurs communautés.

L’UMQ aurait avantage à actualiser son discours à ce sujet.

En conclusion, suite à la lecture de ces deux lettres ouvertes, je me permets de vous soumettre les pistes de solutions suivantes afin d’améliorer le climat tendu existant au sein de notre hôtel de ville.

Il faut :

• Réellement impliquer les élus et les citoyens dans l’élaboration de la vision du développement de notre ville;

• Assurer la transparence de l’information en la faisant circuler à l’avance, aux élus et aux citoyens, bien avant que les décisions soient prises, dans le but de permettre la tenue de sains débats à leurs sujets;

• Modifier la gestion actuelle des rencontres du conseil. Un maire ne peut pas à la fois être répondant de ses décisions et diriger les interventions au conseil, car il se trouve en conflit d’intérêts en gérant son temps et le temps des intervenants;

• Respecter les idées opposées;

• Alléger les procédures de consultations (à quand les référendums électroniques en lieu et place des interventions à la CMQ? );

• Mettre en place des processus efficaces de médiation dans les situations de conflit avec des citoyens, avec l’administration ou carrément entre élus.

Tous ces éléments devraient selon moi être adressés afin d’améliorer le climat nocif existant au sein de notre démocratie municipale.

Qu’en pensez-vous ?