Opinion
Tribune libre

Opinion - Quinze cerfs, dix chats, sept chiens et une souris

le samedi 26 décembre 2020
Modifié à 8 h 34 min le 23 décembre 2020
Il était une fois une carte à jouer sur laquelle vivaient des cerfs, des coyotes, des renards, des dindons, des corneilles, des mésanges et des souris.  Des humains, capable de changer (j’allais écrire maîtriser, mais l’état du monde nous montre que le terme est faux) l’environnement, ont vu cette carte et l’ont trouvée jolie. Ils s’y sont installés. Ils ont construit des routes, des garages, des maisons, des piscines de plastique et de béton, des abris tempo, des habitats souterrains et toutes sortes de choses inimaginables jusqu’à envahir toute la carte. Toute sauf un petit espace grand comme un dé à jouer, qu’ils ont voulu préserver pour sa beauté, pour se rappeler comment la terre, les arbres, l’eau et le ciel sont beaux, pour aller respirer de temps à autre, sans devoir prendre l’avion ou faire deux heures de route avec leur voiture. Sur le dé, les animaux se sont adaptés tant bien que mal, ont essayé de vivre ou de survivre, se sont empilés les uns sur les autres, tant et si bien que parfois, ils tombaient hors du dé et dérangeaient ou apeuraient les humains vivant sur la carte. Les humains se sont fâchés de ces débordements. Ils ont aussi vu qu’il restait bien peu de végétation sur le dé à coudre et ils ont accusé certains des animaux d’être trop voraces et de créer un déséquilibre. Sans autre procès, ils ont condamné ces animaux. Ils devaient être abattus par pistolet percuteur et leur chair offerte pour être servie aux festins de Noël dans de belles assiettes décorées de houx et de bambis. La scène aurait été idyllique. Sous le sapin, des peluches de lapins, d’oursons et de loups. Devant le faux foyer, le chien se serait reposé, tout en se disant qu’il était chanceux de n’être ni vache, ni cochon, ni cerf. Mais ce plan n’a pas pu être réalisé. Pas cette fois-ci. Dans le mur, observant par un petit trou, une souris se dit qu’elle ne comprend rien à ce monde. Son nid est fait de journaux déchiquetés dans lesquels on a ridiculisé les citoyens qui se sont opposés à la mort des animaux innocents. Nicole Brien