Pairs aidants en santé mentale: une ressource essentielle

AIDE. L’Hôpital Pierre-Boucher poursuivra en 2019 son projet d’intégration de pairs aidants au sein de ses équipes de suivi en santé mentale, grâce au soutien financier de 52 000$ du Fonds communautaire Bell Cause pour la cause et de la Fondation RBC. Le pair aidant est une personne ayant vécu des problèmes de santé mentale et ayant connu différents services et hospitalisations. En étant jumelé à un patient, il devient un modèle d’identification pour celui-ci. Sa propre expérience permet de soutenir le patient dans toutes les étapes du cheminement, du diagnostic à la réinsertion en société, en passant par les rechutes. «Ce que les meilleurs pratiques nous disent, c’est qu’il faut impliquer les patients dans leurs soins, leur donner espoir qu’il y a une vie où ils pourraient s’intégrer pleinement à la société. Le pair aidant est là pour donner espoir, et plus concrètement expliquer ce qui arrivera», a évoqué la directrice des programmes de santé mentale et dépendance Élisabeth Hamel, lors d’une conférence de presse le 28 janvier. Psychiatre à l’hôpital Pierre-Boucher, la Dre Julie Lefebvre ajoute que le pair aidant, qui reçoit une formation, permet aussi aux intervenants «de mieux comprendre les difficultés vécues par les usagers en lien avec leur problématique de santé mentale, facilitant ainsi les liens de collaboration entre l’équipe, le psychiatre et le patient». Actuellement, l’hôpital Pierre-Boucher compte deux pair aidants et espère en intégrer davantage, dans toute les équipes de suivi et de soins. «S’il y a un pair aidant dès l’hospitalisation, on pense que c’est gagnant pour la suite», mentionne la coordonnatrice des équipes de suivis dans la communauté Marie-Françoise Fayolle. Le pair aidant entraîne un impact positif sur la personne soignée, mais aussi sur la famille du patient et sur les équipes d’intervenants, qui voient autrement la situation et peuvent adopter de nouvelles stratégiques. L’impact est aussi bénéfique pour l’ensemble de la société. «Le pair aidant sort de l’isolement, prend part à la société et aide une autre personne à s’inscrire dans un projet de vie et à être à nouveau intégré dans sa communauté», ajoute Mme Fayolle. Témoignage Pair aidant, François Bernier a livré un touchant témoignage, racontant le choc du diagnostic de la schizophrénie et comment cela les a affectés, lui et son entourage. «La souffrance est là pour tout le monde. La famille, les gens ne nous reconnaissent plus. J’étais dans l’errance. Les gens nous disent qu’on va s’en sortir, mais on ne les croit pas», a-t-il évoqué, relatant des épisodes de psychose qu’il a vécus. Après avoir travaillé à l’atelier de recyclage et de déchiquetage de papier de l’hôpital Pierre-Boucher, un projet réalisé en partenariat avec l’organisme D’un couvert à l’autre et permettant d’intégrer au travail des personnes vivant un problème de santé mentale, il est devenu pair aidant. Jouer ce rôle lui a permis de «sortir de la torpeur». Il constate aussi les bénéfices que les patients peuvent tirer de son vécu. «Je peux lui apporter du bien, répondre à ses questions. J’ai ce savoir expérientiel, témoigne-t-il. Je me suis fait dire par un usager que je pouvais changer leur vie. Je peux leur donner confiance en leur rétablissement.» «Apprendre quelque chose de quelqu’un, c’est aussi apprendre quelque chose sur soi-même», a-t-il conclu. Aide financière Le directeur des ventes chez Bell Zied Hammami s’est réjoui que la santé mentale soit un sujet de moins en moins tabou. «Que l’on en parle ouvertement, c’est signe que les choses avancent.» Le programme de pair aidant est un «excellent exemple d’aide» pour les personnes soufrant de maladie mentale, a-t-il exprimé. Il a aussi rappelé la tenue de la journée Bell Cause pour la cause, le 30 janvier. Le vice-président régional Rive-Sud, Montérégie et Estrie de la RBC Banque Royale François Blain a pour sa part souligné l’engagement de la Fondation RBC à soutenir l’intégration et à contribuer à la prospérité des collectivités. «Nous croyons que les jeunes peuvent aspirer à réaliser leurs rêves à condition qu’on les outille et qu’on les aide à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent sur leur route», a-t-il indiqué.