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Partage Club : l’économie circulaire au bout des doigts

Il y a 6 heures
Modifié à 10 h 39 min le 09 septembre 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

En juillet, environ 1800 prêts ont été effectués sur l’application. (Photo : gracieuseté David Himbert)

L’application Partage Club a été créée en 2023 dans l’objectif d’offrir une solution à la surconsommation. Deux ans plus tard, plus de 40 000 membres y sont inscrits afin de prêter ou emprunter divers objets du quotidien avec leur voisinage. Si les bénéfices économiques et environnementaux étaient prévisibles, la portée de ces échanges a réservé des surprises à l’entreprise de Saint-Lambert.

L’idée d’une application où les membres empruntent un objet au lieu d’en faire l’achat, que ce soit pour le tester avant de se le procurer ou simplement pour éviter l’acquisition d’un produit qui sert peu, vient de la Lambertoise Fauve Doucet. 

«Elle a d’abord imaginé un projet pour partager des jouets car, les enfants perdent rapidement l’intérêt pour leurs jouets, et en veulent d’autres, relate Anaïs Majidier, cofondatrice et vice-présidente marketing et service aux membres. Elle voyait la quantité de jouets qui entrait dans la maison et s’est dit que ça ne pouvait pas continuer, qu’il devait bien y avoir une manière intelligente de partager entre voisins.»

Un principe qui, s’est-elle aussi aperçue, s’applique à toute la maison : aux nombreux appareils dans la cuisine, aux multiples outils sous-utilisés entreposés dans le garage.

Un gaufrier... et des gaufres !

L’argument économique est certes ce qui peut motiver des citoyens à s’abonner à Partage Club. Anaïs Majidier donne en exemple un nouvel arrivant qui a pu tester le camping pour la première fois en empruntant tout le nécessaire, alors que tout acheter – en ignorant s’il aime l’expérience – aurait été très dispendieux. 

L’application rallie aussi ceux ayant à cœur la cause environnementale et qui mesurent les répercussions de leurs gestes.

Ce qui a toutefois étonné l’équipe de Partage Club, c’est le lien social que créent ces échanges.

«Il y a un partage de connaissances. Si tu prêtes ta ponceuse, tu vas prendre cinq minutes pour expliquer comment elle fonctionne. C’est différent d’avec Marketplace, qui est une transaction : voilà l’argent, bye. Là non, car on veut récupérer l’objet, on veut savoir à qui on le prête», soutient Mme Majidier. 

Par ailleurs, les objets qui reviennent brisés représentent 0,1% des partages réalisés sur l’application. L’entreprise offre avec l’abonnement une exonération permettant un dédommagement allant jusqu’à 300$.

Certains abonnés ont trouvé grâce à ces prêts un partenaire pour promener le chien dans le quartier, d’autres quelqu’un avec qui aller à la pêche.

«J’ai prêté ma machine à gaufres trois fois, et deux fois, les gens m’ont donné des gaufres en me la rapportant! illustre Mme Majidier. C’était tellement bon qu’on a échangé des recettes!»

En juillet, environ 1800 prêts ont été effectués sur l’application.


En chiffres

Un partage représente :

- 238 g en réduction de déchets (11 bouteilles de plastique)
- 14,4 kg de Co2 évités (28 repas végétariens)
- 58$ en économie moyenne pour l’emprunteur

En un an, c’est :

-400 kg de déchets évités 
-24 000 kg de CO2eq économisés grâce aux prêts

-84% des besoins exprimés trouvent une réponse

(Selon le Rapport d’impact 2023-2024, réalisé avec l’appui de l’Université McGill)

 

Le plaisir coupable de l’équipe, avoue Anaïs Majidier, est de jeter un œil aux objets ou besoins inusités : perruque de rasta, déguisement de licorne pour l’Halloween du campeur ou encore presse-tortillas ont fait partie des récentes requêtes. Plusieurs livres sont aussi échangés.

L’équipe de Partage Club (Photo : gracieuseté Adil Boukind)

Du volume et des sous

Partage Club peut compter aussi sur des villes partenaires qui, séduites à l’idée de favoriser l’économie circulaire dans leur communauté, veulent offrir des abonnements à leurs citoyens. 

C’est le cas notamment de la Ville de Candiac qui offrait récemment via son infolettre un abonnement annuel gratuit aux 260 premiers résidents inscrits.

Partage Club est d’ailleurs en discussion avec d’autres villes dans la région. 

Ce type de partenariat, établi aussi avec des promoteurs immobiliers et institutions d’enseignements, contribue d’abord à amener du volume sur l’application. «Au tout départ, on s’est dit : pour que Partage Club marche, ça prend une masse critique.»

Puis, l’entreprise ne pouvait au début se fier uniquement sur les abonnements individuels pour générer des revenus suffisants. «Les gens ne sont pas habitués à partager, ils sont habitués de payer, de consommer. Alors avant de les convaincre de payer pour l’appli, il y a avait beaucoup d’étapes», évoque la vice-présidente marketing et service aux membres.

Partage Club compte Desjardins parmi ses récents partenaires. Un projet pilote offre l’abonnement aux membres de huit de ses caisses.

Plus loin

Forte de ce succès, Partage Club a des visées vers l’international. Un projet pilote vient tout juste de débuter à Nevers, en France. «Et l’équipe est en train de travailler de manière très agressive sur le marché américain. D’ici la fin de l’année, on aimerait y avoir une ville pilote», indique Anaïs Majidier. 

Au Québec, elle espère avoir atteint les 60 000 membres d’ici la fin de l’année. «On rêve d’être dans la main de 40% des citoyens.»