Opinion
Tribune libre

Passage piéton supprimé au carrefour des rues Saint-Charles et Guilbault

le mercredi 27 juillet 2016
Modifié à 0 h 00 min le 27 juillet 2016

Mme Josée Latendresse, Je m’adresse à vous en vos fonctions de conseillère municipale et membre du comité consultatif d'urbanisme de l'arr. du Vieux-Longueuil, au sujet du passage piéton récemment supprimé au carrefour des rues Saint-Charles et Guilbault.

En tant que résident du Vieux-Longueuil, je trouve cette mesure fort perturbante car, en plus de m’affecter directement, la suppression du passage piéton va complètement à l’encontre de plusieurs objectifs dont se vante la Ville de Longueuil: la promotion de la mobilité durable, l’aménagement de la rue Saint-Charles comme espace commercial et l’image même du Vieux-Longueuil en tant que lieu de vie convivial et familial.

De plus, en tant que citoyen, je trouve fort inquiétant que de telles mesures soient prises sans aucune consultation publique, envoyant aux citoyens le signal qu’en fin de compte, les piétons sont pénalisés pour des accidents causés par l’inadvertance des automobilistes.

Finalement, en tant qu’ingénieur spécialiste des systèmes de transport, j’aimerais soulever un autre aspect important: à l’échelle mondiale, l’expérience urbaniste montre que les piétons sont extrêmement sensibles aux obstacles et prolongations de leurs chemins perçus comme injustifiés et inutiles, en particulier si ces piétons sont à mobilité réduite (mentionnons ici les personnes handicapées et âgées, mais également les parents avec poussette, les personnes qui transportent des bagages ou qui sont accompagnées par des enfants). L’interdiction de passage sur la rue Saint-Charles laisse aux piétons le choix de parcourir un détour d’approximativement 100 mètres et de traverser 5 voies avec circulation automobile (l’entrée du stationnement de l’épicerie, la sortie de la station-service, l’entrée de la station-service, le passage au feu de circulation et la rue Guilbault), ou bien de faire un détour d’environ 200 mètres et de passer par le carrefour de la rue Labonté, qui n’est nullement plus sécuritaire que l’ancien passage sur Guilbault.

En raison de la détérioration évidente de leur itinéraire, qui ne leur paraitra pas justifié par des faits, les piétons auront donc toujours tendance à trouver des solutions de rechange (c’est-à-dire passer par le gazon à 5 mètres du passage interdit), ou à simplement ignorer l’interdiction. Si la Ville veut maintenir l’interdiction de passer, elle devra ou bien y placer des agents de police, qui menaceront les mères avec poussettes et les personnes âgées avec marchette de leur donner des contraventions, ou bien construire des obstacles physiques (un mur en béton ou une clôture, par exemple).

Des policiers qui surveillent les piétons au lieu de prévenir les excès de vitesse, des barrières contre des piétons, des piétons en colère quotidienne – vous conviendrez que cela n’est pas dans l’intérêt de la Ville.

Pour les raisons ci-haut mentionnées, il y a urgence d’agir et de rouvrir le passage. Si les causes de la fermeture se trouvent, comme on suppose, dans les accidents ayant eu lieu à cet endroit ces derniers mois, plusieurs solutions se proposent en attendant une planification sérieuse: une surveillance policière accrue de la vitesse des voitures et du respect de priorité des piétons aux passages piétons (une mesure bienvenue également sur l’ensemble du réseau); l’installation d’une caméra-radar dans la zone; ou l’imposition (temporaire ou permanente) d’un arrêt avant le passage.

Je compte sur vous afin que cette situation dérangeante pour tout le monde soit résolue au plus vite.

Gregor Hinker