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Pénurie d’arbitres: la réputation du métier et l’état du marché du travail en seraient les grands responsables

le mardi 23 octobre 2018
Modifié à 6 h 30 min le 23 octobre 2018
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Problème répandu partout en province et qui transcende les disciplines, la pénurie d’arbitres continue de mener la vie dure aux responsables des différents programmes. Et la Rive-Sud ne fait pas exception à la règle. Le répartiteur provincial des officiels de Hockey Québec et arbitre en chef des Jets de Saint-Hubert David Boileau est tout désigné pour constater les conséquences du recrutement et du taux de rétention difficile des dernières années. «J’ai pris les sept candidatures que j’ai reçues cette année [pour les Jets], affirme David Boileau, mais j’en aurais eu besoin d’une douzaine.» Cette année, une quarantaine d’arbitres feront partie de la rotation des Jets. Une dizaine de nouveaux, accompagnés d’anciens qui pratiquent depuis longtemps. Dans «les bonnes années», environ 55 arbitres faisaient partie du programme. «C’est un manque d’au moins 25%», ajoute M. Boileau. Comportements Deux raisons expliquent cette carence, selon le répartiteur provincial. Il fait d’abord état de la lourde réputation que porte le métier d’arbitre; la critique et les insultes des parents, des entraîneurs et même des joueurs, en plus de celle des patrons. «La génération d’aujourd’hui est beaucoup plus sensible à la pression. Ça se ressent dans l’attitude des jeunes», explique l’arbitre d’expérience. David Boileau précise que des rencontres sont prévues avec tous les entraîneurs des Jets afin de les sensibiliser au traitement réservé aux arbitres. «La sensibilisation des parents, c’est plus les associations qui s’en occupent», précise-t-il.
«Les entraîneurs sont les adultes responsables sur place. Le respect doit passer par eux!» - David Boileau
L’homme en charge des assignations depuis plusieurs années est conscient que le métier ne changera jamais complètement et que la critique sera toujours présente. «On n’enlèvera pas les parents qui chialent demain matin, mais si on peut au moins enlever les comportements agressifs et les attaques personnelles, ce sera un début», poursuit-il. Pas d’engagement David Boileau croit par ailleurs que la multitude d’options s’offrant maintenant aux jeunes dans le secteur des emplois à temps partiel nuit au recrutement des officiels. «Avant, il n’y avait pas d’emplois. On n’avait pas cette compétition-là. Maintenant, si ça ne fonctionne pas à un endroit, les jeunes passent au suivant, sans engagement», admet-il. Les Jets offrent pourtant de la formation continue à leurs arbitres, qui peuvent même soumettre leur plage horaire de disponibilités à leur employeur, un facteur non négligeable, croit David Boileau. Conséquences Le manque de recrutement et le bas taux de rétention chez les arbitres créent un vide chez les officiels d’expérience. «D’un côté, il y a les anciens qui ont des dizaines d’années d’expérience et qui n’ont rien à faire de la critique. De l’autre, on a les jeunes qui arbitrent pendant un an ou deux et qui se découragent par la suite», se désole David Boileau. Résultat? Bon nombre de jeunes inexpérimentés se retrouvent à juger des parties de calibre supérieur à leurs capacités, ou trop tôt dans leur développement. «Ils font face à des situations auxquelles ils ne seraient pas confrontés en temps normal. Ils ne sont pas assez bien outillés, confie-t-il. On se croise les doigts pour que ça aille bien.» Une piste de solution Au cours des dernières années, le hockey scolaire s’est grandement développé au Québec. Il est aujourd’hui considéré comme une piste de solution à exploiter pour le manque à gagner au chapitre de l’arbitrage. «On se penche sur le hockey scolaire pour recruter des joueurs qui n’ont pas de parties la fin de semaine et qui seraient intéressés à arbitrer, souligne David Boileau. Un genre de sports-études d’arbitres.»