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Pénurie oblige, les hôtels et restos coûteront plus cher

le mardi 31 août 2021
Modifié à
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

Réné Vézina (Photo: Gracieuseté)

L’été qui tire à sa fin – malheureusement – aura laissé un goût doux-amer dans la bouche de bien des acteurs de l’industrie touristique québécoise.

D’un côté, la saison a été exceptionnelle. 

Comme les voyages outre-frontières demeurent compliqués – pandémie oblige –, les Canadiens ont misé massivement sur les voyages à travers le pays. Et le Québec a profité de cet afflux, surtout que ses propres citoyens en ont profité pour découvrir ou redécouvrir des secteurs attachants, du Suroît à la Gaspésie. 

On a rarement vu autant d’achalandage partout où les gens pouvaient se divertir.

Mais d’un autre côté, alors que la demande ne se tarissait pas, les artisans de l’industrie devaient composer avec un personnel toujours plus réduit. 

Qu’il s’agisse de campings, de restaurants, d’hôtels, de croisiéristes ou autres volets de l’industrie, la pénurie d’employés a fait mal, à telle enseigne que bien des établissements ont dû se résoudre à n’ouvrir que quelques jours par semaine, ou à diminuer leur offre de services, faute de pouvoir s’occuper convenablement de leurs clients. 

Et on ne parle pas juste des heures d’ouverture: en Gaspésie, par exemple, bien des hôteliers ont dû rayer de leur carte l’offre de massothérapie, pourtant en demande accrue, par manque de massothérapeutes…

Quel paradoxe! 

La demande générale a rarement été aussi intense, pour une industrie qui a souvent déploré le fait que les Québécois ont tendance à voir l’herbe plus verte dans les prés des voisins, et d’aller ainsi dépenser leurs dollars ailleurs. Mais quand les gens se décident à brouter dans leurs propres champs, on a peine à les contenter. 

Et c’est sans parler de tous ces restaurants qui ont disparu, beaucoup à cause des incessantes restrictions liées à la COVID, ou simplement parce que leurs propriétaires, épuisés, n’en pouvaient plus. 

Fin 2020, on recensait au moins 10 000 restaurants fermés définitivement à travers le pays. Ça ne s’est pas amélioré depuis, et le Québec doit logiquement à lui seul en assumer près du quart au prorata de sa population.

Et voici que les étudiants, dont plusieurs y ont trouvé des emplois d’été, retournent normalement en classe, dégarnissant encore plus le personnel alors qu’il reste de belles semaines à l’été!

Pour expliquer ce manque de personnel, beaucoup ont pointé du doigt la PCU (Prestation canadienne d’urgence), puis celle qui a succédé, la PCRE (Prestation canadienne pour la relance économique). Ces programmes fédéraux de soutien, qui allaient jusqu’à 2000$ par mois, auraient pu avoir comme effet de dissuader des candidats potentiels de se présenter au travail, alors qu’il leur suffisait d’encaisser les chèques qu’on leur envoyait.

Mais le problème de fond demeure: pourquoi n’y a-t-il pas plus de personnes disposées à travailler dans les restaurants ou les hôtels ? Réponse simple: parce qu’elles n’y voient pas un avantage.

En principe, il suffirait alors d’augmenter les salaires pour en attirer d’autres.

La question vous est alors adressée: comme clients, seriez-vous prêts à payer davantage puisque les propriétaires n’auront alors d’autre choix que de vous refiler la facture additionnelle? 

Faute de personnel pour nous servir, c’est probablement ce qui nous attend.