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Piqué par une seringue souillée

le vendredi 25 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 25 septembre 2015

Le Longueuillois Jocelyn Hébert, cet éboueur qui a été piqué par une seringue souillée alors qu'il vidait les déchets de l'hôpital Saint-Luc, à Montréal, vit dans le stress et l'angoisse en attendant les résultats d'un test de dépistage du VIH. Père monoparental, c'est toute sa vie familiale qui est chamboulée.

Comme le rapportait TVA Nouvelles plus tôt ce mois-ci, M. Hébert travaille pour une compagnie privée qui ramasse les déchets de l'hôpital. Le 20 août, il vidait son compresseur lorsqu'il a senti une douleur à son doigt. Une seringue souillée venait de percer son gant de caoutchouc.

«J'avais peur. C'est un quartier où il y a beaucoup de junkies, alors j'ai tout de suite appelé mon boss pour lui dire que j'avais été piqué», confie l'éboueur, qui a rencontré Le Courrier du Sud à sa résidence de Longueuil.

Normalement, les déchets biomédicaux, comme les seringues, ne devraient pas se trouver avec les détritus ordinaires que ramasse M. Hébert. Or, celui-ci affirme en voir régulièrement dans les poubelles de l'hôpital.

«Ça arrive trois fois par semaine là-bas, il y en a encore et encore. Le 7 septembre, j'ai vu un sac de seringues pleines de sang. C'est là que j'ai appelé TVA», raconte-t-il.

Six mois d'attente

M. Hébert a déjà passé certains tests, mais il devra attendre encore six mois pour savoir s'il est atteint du VIH. Entretemps, sa vie familiale en subit le coup.

«J'ai 53 ans et je suis père monoparental. Ma fille angoisse beaucoup en ce moment parce qu'elle a peur que je sois séropositif.»

Depuis, M. Hébert est retourné au travail. Ses patrons l'ont affecté à d'autres secteurs, mais, selon lui, les éboueurs trouvent moins de seringues dans les déchets depuis la diffusion du reportage.

Il songe à poursuivre

M. Hébert hésite à poursuivre l'hôpital, affirmant qu'il veut simplement faire changer les pratiques de gestion des déchets. Mais si les tests le révèlent séropositif, il compte s'adresser aux tribunaux.

«J'ai fait ça pour sauver d'autres personnes, ce n'est pas pour l'argent. Mais ma vie pourrait changer alors que je faisais seulement mon travail. Si c'est positif, c'est sûr que je leur rentre dedans», affirme-t-il.

Le 8 septembre, le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) a annoncé qu'il rappellerait la procédure de gestion des déchets biomédicaux à ses employés de l'hôpital Saint-Luc. L'institution dit faire enquête, notamment pour s'assurer que la seringue n'a pas été jetée par des toxicomanes qui se seraient réfugiés à l'hôpital.