Pistes multifonctionnelles : un bénéfice récréatif, mais pas utilitaire
Le sentier Désaulniers est un exemple de piste multifonctionnelle. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)
Il serait difficile de trouver des défauts au sentier Désaulniers. Cette piste multifonctionnelle au cœur de l’arr. du Vieux-Longueuil se veut un havre de paix de transport actif, où se côtoient les marcheurs, les joggeurs, les gens avec poussette, ceux sur trottinette ou triporteur et les cyclistes. Pour l’Association Vélo Longueuil toutefois, on ne doit pas confondre un tel parc linéaire avec de véritables pistes cyclables en site propre.
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La cofondatrice de l’association Annik Préfontaine ne changerait rien à cet axe, pour autant qu’on le considère comme un axe récréatif.
«La cohabitation est plutôt bien ici parce que la largeur le permet, indique-t-elle. Même si je dois ralentir à l’occasion, ce n’est pas dramatique. L’idéal cependant, c’est que la Ville ne considère pas cette voie comme une voie cyclable à part entière, parce qu’il faut aussi des voies utilitaires.»
Selon la cycliste, les pistes multifonctionnelles offrent le bénéfice net de permettre à différents usagers d’emprunter le sentier. En revanche, les cyclistes en mode utilitaire, par exemple pour se rendre au travail, auront encore le réflexe de se déplacer vers des axes moins sécuritaires plutôt que de prendre une piste où ils doivent contourner de nombreuses personnes.
«Si t’as quatre personnes de large, qui font du jogging ou qui marchent, c’est embêtant, souligne-t-elle. Le dépassement peut amener à des manœuvres risquées qui vont inciter le cycliste à prendre la rue. Pour mon transport utilitaire, ce n’est pas ici que je vais passer.»
Développer le réseau de voies utilitaires
Pour Annik Préfontaine, le problème en soi n’est pas les pistes multifonctionnelles, mais comment elles sont considérées dans le réseau cyclable de la Ville. Selon elle, le développement du réseau cyclable ne devrait pas être compromis parce qu’une piste multifonctionnelle est sur le territoire.
«C’est là où je trouve que la Ville l'échappe un peu parfois. Elle calcule tant de kilomètres de voies cyclables dans un secteur donné, mais prend en compte ces voies-là, qui ne sont pas adaptées à 100%», explique la jeune mère.
Les pistes cyclables en site propre sont celles qui sont privilégiées par la cycliste. Elle aimerait beaucoup voir Longueuil s’inspirer de pratiques comme l’on voit à Copenhague, où les pistes cyclables sont marquées sur la chaussée d’une couleur distincte et sont légèrement surélevées par rapport aux autres voies.
Questionnée sur la faisabilité de telles mesures sur un territoire où la culture cycliste n’est pas aussi présente, elle admet qu’il y a du chemin à faire, mais qu’avec les bonnes infrastructures en place, cette culture peut prendre de l’ampleur.
Des poteaux, du marquage au sol, dont certaines sections peintes en vert, ont d’ailleurs récemment été ajoutés pour aménager le nouveau lien cyclable sur la rue Saint-Laurent Ouest, qui sera composé de bandes cyclables unidirectionnelles et de pistes en chaussée désignée, selon le tronçon.
«On voit que l’intérêt des gens est là, les vélos sont en rupture de stock partout, affirme-t-elle. Pour ceux qui ont acheté des vélos pendant la pandémie, le pas n’est pas long à franchir pour qu’ils en fassent un moyen de transport utilitaire, pour faire le petit 10 kilomètres vers le bureau ou pour des commissions. Il s’agit simplement de fournir les infrastructures qui vont rendre ça attrayant.»