Plan Climat de Longueuil : des objectifs et des critiques

La Ville de Longueuil a adopté en juin son Plan Climat 2030, lequel identifie une cible de réduction des GES et la panoplie de mesures pour y arriver et s’adapter aux changements climatiques.  La Coalition Halte-Air Saint-Hubert réduit ce Plan à un «document de marketing vert». Elle l’estime par ailleurs irréaliste et juge que les émissions de GES dues à l’aviation sont «dissimulées».

La Coalition déplore que la Ville se base sur les chiffres de 2019 pour établir sa cible de baisse de 48 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. 

«Mais en six ans, les données et la dynamique ont beaucoup changé : les émissions sont en hausse constante depuis la fin de la pandémie sur Montréal et l’on se doute que Longueuil n’échappe pas à la tendance», signifie la Coalition.
Elle aurait souhaité que le coût des mesures annoncées soit davantage détaillé. Pour chacun des objectifs, il est identifié que le coût sera de «moins de 5M$, «entre 5 et 10 M$», ou «10M$ et plus». Pour chacun, son impact est estimé, et la Ville mentionne s’il s’agit d’une mesure à court, moyen ou long terme. 

La Coalition se désole aussi que le «bilan climatique des politiques mises en œuvre» depuis l’arrivée de l’équipe de Catherine Fournier à la Ville ne figure pas au Plan Climat.

Aviation

Dans le bilan des émissions de GES présenté dans le Plan, il est indiqué que l’aviation est responsable de 4% des émissions liées au transport de la collectivité. La Coalition remet en question cette donnée.

«L’expansion massive de l’aéroport de Saint-Hubert – avec le nouveau terminal Porter pour 2025, les terminaux de jets privés, les réservoirs de 3,2 millions de litres de carburant en construction – est purement et simplement ignorée : le plan climat n’aborde pas ce sujet fondamental qui va complètement changer le bilan climatique de la Ville!» commente-t-elle.

La Coalition avance que le trafic aérien du terminal annulerait à lui seul les efforts de la Ville en matière de climat, soutenant que les activités de l’aéroport émettront entre 250 000 et 500 000 de tonnes de CO₂ par an, selon le volume de passagers. 

Le Plan

Adopté en juin, le Plan climat se divise en deux volets : réduction des émissions de GES et adaptation aux changements climatiques.

En matière de réduction de GES, Longueuil se donne pour objectif de les réduire de 48% sur son territoire d’ici 2030 par rapport à 2019. Elle vise aussi la carboneutralité au plus tard en 2050.

Le bilan montre que les émissions de la collectivité étaient de 1 152 980 tonnes d’éq. CO2 en 2019 (soit 4,7 tonnes d’éq. CO2 par habitant). Le transport (59%) et le secteur industriel (15%) en représentent les parts les plus importantes.

En transport, 35% est attribuable à l’automobile, 31% aux camions lourds, 21% aux camions légers, et 4% à l’aviation, entre autres.

Les activités de la Ville dans ses compétences locales ont généré 9 679 tonnes d’éq. CO2 en 2019. Dans ses compétences d’agglomération, les émissions étaient de 42 065 tonnes d’éq. CO2. Plus des deux tiers relèvent des véhicules du Réseau de transport de Longueuil.

Interventions

Le Plan dresse la liste de 90 objectifs, répartis dans divers secteurs d’intervention. 

Il cible par exemple de réduire les émissions de GES du traitement des eaux et des matières résiduelles. Pour ce faire, la Ville mise entre autres sur des solutions de gestion de l'eau pluviale adaptées à chaque secteur d'intervention; un objectif à moyen terme, qui coûtera plus de 10 M$. Améliorer la résilience des réseaux d'eau potable et d'eaux usées s’inscrit aussi dans cette catégorie de prix. 

En matière de mobilité et milieux de vie, on compte 21 objectifs, de la réduction des besoins en déplacement (notamment en réduisant les distances de déplacements de 20%) jusqu’à faciliter l'atteinte d'un niveau d'électrification de 40% pour les automobiles à Longueuil. 

Comme mesure à long terme et plus dispendieuse, le plan inclut aussi de réduire la part de l’auto solo de 35% et le transfert modal vers le transport en commun et actif.

Sur le plan du traitement des matières résiduelles, la Ville se donne comme objectifs de réduire la génération de matières résiduelles chez les citoyens de 10%, ou encore d’acheminer 25 500 tonnes de matières organiques vers l'usine de biométhanisation.

Le Plan Climat englobe aussi comme secteurs d’intervention les bâtiments et infrastructures, les industries, l’innovation et l’économie circulaire et la capture des émissions résiduelles. 

Un volet se consacre aux activités de la Ville, telles que réduire de 65 % la consommation de gaz naturel fossile des bâtiments municipaux, convertir tout l'éclairage de rue au DEL ou électrifier 30 % des véhicules légers de son parc automobile.