Culture

Pour l'amour du clavecin et de l'une de ses grandes interprètes

le vendredi 04 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 04 mars 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

CLASSIQUE. Avec Sacrée Landowska!, l'ensemble contemporain de Montréal (ECM+) dirigé par Véronique Lacroix et la claveciniste Catherine Perrin poursuivent en quelque sorte l'œuvre de la musicienne à qui ils rendent hommage, Wanda Landowska. Au 20e siècle, la virtuose du clavecin a fait renaître cet instrument tombé dans l'oubli le siècle précédent. Aujourd'hui, il gagne toujours à être découvert du grand public.

Le clavecin est bien connu sur la scène classique, mais peu du grand public. «On joue le même rôle 100 ans plus tard, pour un public plus généraliste. C'est comme si Landowska revenait sur terre, avec sa conviction pour cet instrument extraordinaire», évoque Catherine Perrin, claveciniste depuis l'âge de 13 ans, aussi connue comme animatrice à ICI Radio Canada Première.

Le théâtre musical Sacrée Landowka!, qui s'arrêtera au Théâtre de la Ville le 6 mars, propose le Concerto Brandebourgeois #2 de Jean-Sébastien Bach, le Concerto pour clavecin de Manuel de Falla et Sacrée Landowska, du compositeur canadien John Rea.

Que ce dernier ait reçu le prix du Compositeur de l'année remis par la Société contemporaine de musique du Québec offrait le prétexte parfait pour reprendre ce concert d'abord créé en 2001.

En carriole chez Tolstoï

Wanda Landowska, qui a peu composé mais qui était une grande interprète, a réalisé des tournées en trimballant son clavecin en carriole. Elle s'est même rendue ainsi chez l'auteur russe Léon Tolstoï, en pleine tempête. Voilà une anecdote qui représente bien la flamboyance du personnage qu'était Landowska et qu'incarne Catherine Perrin sur scène, en plus de jouer les oeuvres.

«J'ai tout relu ce qu'elle a écrit. Son langage est très coloré. Sur scène, je reprends intégralement certaines de ses citations. Elle parle entre autres des compositeurs Bach et Chopin comme étant les hommes de sa vie, dans une relation d'amour sublimée, comme si elle parlait de ses amants, alors qu'elle était lesbienne», avance Mme Perrin.

Cette notion de jeu plaît bien à l'animatrice, ici dirigée par le pianiste et acteur Jean Marchand (connu pour son rôle de Monsieur Musique dans Unité 9). «Il me pousse là-dedans. Il est sans pitié, très exigeant. C'est très stimulant.»

Travailler avec le compositeur

Après de nombreuses recherches sur l'interprète polonaise, John Rea a conçu Sacrée Landowska! spécialement pour l'ECM+ et Catherine Perrin. Un honneur et un privilège, admet la musicienne. D'autant plus que les artistes ont pu travailler avec le compositeur.

«C'est très rare. On ne peut pas faire ça avec Bach!», lance Mme Perrin. Au moment de présenter sa création, le compositeur n'avait pas conçu de maquette musicale, comme le font certains créateurs. La claveciniste et l'ECM+ ont donc découvert cette œuvre en l'apprenant.

«Sa musique évoque celle de Landowska. Il y a du Bach, du Chopin. Ce n'est pas une musique de laboratoire inaccessible; elle est très descriptive et évoque l'évolution d'esprit de Landowska.»