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Opinion

Pour le port du masque à fenêtre translucide avec les enfants

le mercredi 18 novembre 2020
Modifié à 13 h 13 min le 17 novembre 2020
Depuis quelques mois, on entend parler de masques à fenêtres transparentes. Ce type de masque a notamment été médiatisé dans des articles portant sur Rosalie Taillefer-Simard, la fille de René Simard, puisque cette femme présentant une surdité s’est vue refuser l’accès à un commerce alors qu’elle le portait. Puisque la lecture labiale est fort importante pour faciliter la communication chez les personnes sourdes et malentendantes, on peut comprendre l’intérêt pour un tel masque. Rappelons que «la perte auditive a été reconnue comme étant la deuxième forme de handicap la plus courante à travers le monde» (OAC, 2020). Si cet outil peut faciliter la communication, peut-il également soutenir le développement du langage chez les tout-petits? Quelques statistiques Au primaire, près de 20% des élèves éprouvent à un moment ou un autre de leur scolarisation une perte temporaire de l’audition, en raison d’une otite, par exemple (OAC, 2020). Par ailleurs, «plus de 10% des enfants d’âge scolaire ont de problèmes de communication» (OAC, 2020). Le port du masque à fenêtre translucide pourrait donc soutenir particulièrement ces élèves, en plus d’être bénéfique pour tous. Il est vrai que les enseignants peuvent enlever leur masque lorsqu’ils sont à 2 mètres de distance de leurs élèves (lorsqu’ils enseignent en avant de la classe, par exemple). Cependant, comme le rappelle M. Gallant, présent de l’Ordre des orthophonistes et des audiologistes du Québec, la vie scolaire ne se résume pas au temps passé en salle de classe (OOAQ, 2020). Le masque de procédure «assourdit la voix, affaiblit le son, empêche la lecture sur les lèvres et la compréhension des émotions, nuisant ainsi à une communication saine et comprise par tout le monde» (OOAQ, 2020). Actuellement, seulement un modèle de masque à fenêtre translucide est approuvé par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Ce masque provient d’une compagnie américaine et est assez coûteux. En outre, il n’est pas réutilisable et est en rupture de stock. Une entreprise québécoise travaille actuellement sur cette problématique afin d’offrir une solution locale. Des stratégies En attendant, lorsque les intervenants doivent porter un masque, il est recommandé de:
  • Limiter autant que possible les bruits ambiants;
  • Attirer l’attention de l’enfant avant de lui parler;
  • Se placer à la hauteur de l’enfant;
  • Parler lentement et faire plus de gestes pour soutenir le message verbal.
À la maison, la stimulation langagière parentale est d’autant plus importante et il importe :
  • D’utiliser un vocabulaire varié;
  • De bien structurer ses phrases;
  • De reformuler les propos erronés des enfants, sans nécessairement leur demander de répéter (Naître et Grandir, 2020).
Une communication saine est un droit et un besoin essentiel, favorisons-la!   Édith Lambert-Bonin Orthophoniste et Coordonnatrice de la Clinique pédagogique Charles-Lemoyne Collège Charles-Lemoyne   Références : Orthophonie et Audiologie Canadan (OAC) : https://www.oac-sac.ca/sites/default/files/resources/General_Public_Masks_Info_Sheet_FR.pdf Naître et grandir : https://naitreetgrandir.com/blogue/2020/07/21/masque-quel-defi-developpement-langage/ Ordre des orthophonistes et des audiologistes du Québec (OOAQ) : https://www.ooaq.qc.ca/decouvrir/actualites/ooaq-recommande-masque-translucide-education/