Prends ma place ! - Quand l’accès est un défi quotidien
Trois espaces de stationnement réguliers ont été occupés par des appareils d’aide à la mobilité. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
Des marchettes, fauteuils roulants et quadriporteurs arborant des messages comme «Inaccessible, c’est inacceptable» ou «J’en ai juste pour 5 minutes» ont interpellé les passants à l’heure du midi, à l’intersection des rues Saint-Charles Ouest et Saint-Alexandre, dans le Vieux-Longueuil. L’initiative, signée AILIA, visait à sensibiliser aux obstacles rencontrés par les personnes handicapées, dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées. L’organisme dénonce notamment l’occupation abusive des stationnements réservés et l’inaccessibilité de nombreux commerces.
Paraplégique depuis plus de vingt ans à la suite d’un accident, Dominic Mercier traîne avec lui sa rampe d’accès portative. L’agent de développement à l’AILIA (Association d’informations en logements et immeubles adaptés) constate à regret que le Québec n’en fait pas encore assez pour réduire les obstacles que rencontrent les personnes handicapées. «Je croyais que les choses évolueraient plus vite, mais ce n’est pas le cas.»
Pour Dominic Mercier, trop peu de commerces sont encore accessibles aux personnes à mobilité réduite. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
M. Mercier déplore notamment le manque d’accessibilité non seulement des commerces et restaurants de la rue Saint-Charles mais de biens d’autres endroits au Québec.
Des obstacles au quotidien
Marie-Pierre Nadeau, qui circule régulièrement en quadriporteur sur la rue Saint-Charles, rappelle que l’inaccessibilité des commerces prive ces derniers d’une clientèle importante. «On a droit, nous aussi, à une société où l’on peut vivre, se loger, travailler et avoir des loisirs sans être freinés par des obstacles qui limitent notre liberté», souligne-t-il.
Marie-Pierre Nadeau indique que les personnes à mobilité réduite veulent elles aussi consommer les biens et services de commerces locaux. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
Pierrette Chauvin, pour sa part, dénonce les établissements qui se prétendent accessibles, sans l’être vraiment. Elle raconte une récente mésaventure dans un restaurant pourtant annoncé comme adapté aux fauteuils roulants. «L’une des deux portes était bloquée. Il a fallu qu’on me porte pour que je puisse entrer», déplore-t-elle.
Accessibilité et civisme
Patricia habite Longueuil et déplore le fait que l’autobus de transport adapté qui vient la chercher doive parfois s’arrêter plus loin parce que les places réservées sont occupées. «Je dois donc rouler dans la rue pour me rendre à l’autobus. C’est dangereux», insiste-t-elle.
Selon les agentes Gagné et Simard, du Service de police de l’agglomération de Longueuil, il est assez fréquent que des gens ne disposant pas de vignettes occupent avec leur véhicule des espaces réservés aux personnes handicapées. «Il m’est même arrivé de découvrir une fausse vignette pour personnes à mobilité réduite accrochée à l’intérieur d’un véhicule», raconte l’agente Simard, qui ajoute que la contravention remise au conducteur du véhicule à son retour a été assez salée!
Coupures gouvernementales
André Leduc, directeur général de l’AILIA, critique vivement la décision du gouvernement du Québec de suspendre sans préavis le Programme d’adaptation de domicile et le programme Petits établissements accessibles. Ces deux initiatives visaient à soutenir financièrement les travaux nécessaires pour améliorer l’accessibilité des logements et des commerces aux personnes handicapées.
«Nous demandons au gouvernement québécois de réactiver immédiatement ces programmes en plus d’entreprendre sans plus tarder des modifications significatives au Code de construction du Québec pour rehausser les standards d’accessibilité et enfin commencer à construire massivement des logements accessibles, adaptés et adaptables!» de lancer M. Leduc.