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Près d’une vingtaine d’avions de Cargair seront équipés de silencieux
le mercredi 31 janvier 2018
Modifié à 13 h 54 min le 31 janvier 2018

AÉROPORT. Depuis le mois d’août, trois Cessna de l’école d’aviation Cargair sont dotés de silencieux. D’autres appareils seront aussi munis de ces équipements, alors que l’école en a récemment reçu deux autres et que 16 sont en commande.
Selon l’entente hors cour signée par Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L), les écoles de pilotage, Transports Canada et le Comité anti-pollution des avions – Longueuil (CAPA-L) en octobre 2015, les écoles doivent doter de silencieux 90% de leur flotte d’avions susceptibles d’être utilisés pour faire des manœuvres de posé-décollé.
L’entente prévoyait notamment que les manœuvres de posé-décollé exercées sur la piste principale 24G après 20h durant l’été soient effectuées avec des avions dotés de silencieux. La mesure devait être effective en mai 2017, mais n’a pu être appliquée, notamment en raison de délais dans l’homologation des silencieux par Transports Canada.
Cargair est devenue à la fin juillet la première école à avoir commandé ces silencieux tant attendus par les citoyens entourant l’aéroport.
«On veut en faire plus que moins. On a fait notre part», affirme la présidente de l’entreprise, Josée Prud’homme.
À l’aéroport de Saint-Hubert, jamais plus de six avions peuvent faire des posés-décollés en même temps.
«Si je suis chanceuse et que Cargair peut avoir jusqu’à, disons, quatre de ces six avions, ça veut dire que selon l’entente, je devrais avoir 90% de quatre avions qui ont des silencieux», illustre Mme Prud’homme.
Ainsi, avec 19 des quelque 30 avions de Cargait qui seront équipés des silencieux d’ici la fin du printemps, l’entreprise va au-delà des exigences.
Win-win
Josée Prud’homme se réjouit qu’en plus de réduire le bruit, les silencieux améliorent la performance des appareils.
«Les avions montent plus haut, plus vite, les décibels baissent et il y a même une économie d’essence. C’est un win-win.»
Bien que l’entente hors cour s’attarde particulièrement à l’horaire de soir, la présidente de Cargair est d’avis que l’enjeu demeure de réduire le bruit en tout temps.
«Ce qu’on dit aux citoyens, c’est qu’on y croit. Même s’il y n’y a pas de posés-décollés, ça fera moins de bruit. C’est le but.»
Le programme de subvention d’achat et d’installation de silencieux mis en place par la Ville de Longueuil prévoyait un montant de 300 000$ pour les quatre écoles de pilotage. Mme Prud’homme se réjouit de ce soutien financier, mais admet qu’il n’absorbe pas tous les coûts.
Pour chacun des appareils, environ 3000$ ne sont pas couverts, sans compter les frais pour la maintenance annuelle.
Air Richelieu en commandera
Jusqu’à tout récemment, le collège Air Richelieu ne pouvait commander de silencieux puisque ceux pour les Cessna 150 – soit l’ensemble des appareils qu’utilise l’école pour les manœuvres de posés-décollés – n’avaient toujours pas été homologués. Ils ont obtenu la certification de Transports Canada le 12 janvier, a appris au Courrier du Sud le directeur général et des opérations chez Air Richelieu, Thierry Dugrippe.
«Nous allons en commander près d’une vingtaine, soit le nombre d’appareils qui servent pour cet entraînement, a fait valoir M. Dugrippe. Même s’il y avait un délai chez le fabricant, c’est certain que nous serons prêts en mai. Je n’ai aucune crainte.»
À l’École de pilotage de Saint-Hubert, aucun silencieux n’a par ailleurs été installé jusqu’ici.
Des conditions à respecter
En entrevue, Josée Prud’homme est revenue sur l’épisode de l’été dernier où Transports Canada avait retiré un avis aux pilotes (notam) émis par l’aéroport de Saint-Hubert. L’avis rappelait l’entrée en vigueur de la règle concernant les posés-décollés après 20h. Les avions avaient néanmoins continué de circuler sans silencieux… puisque les silencieux n’étaient toujours pas disponibles.
«À partir du moment où Transports Canada n’avait pas encore approuvé les silencieux, on ne pouvait rien faire», a expliqué Mme Prudhomme, rappelant que «les vols de nuit sont essentiels à la formation. Le but de l’entente n’était pas de nous empêcher de voler.»
La présidente de Cargair a également rappelé que l’une des clauses de l’entente oblige Transport Canada à inclure ces restrictions dans le supplément de vol – des documents destinés aux pilotes –, ce qui n’avait pas été fait cet été. Une autre condition de l’entente n’avait donc pas été remplie.
«Oui, DASH-L a émis un notam, mais les écoles se sont fiées à cet article de l’entente qui disait que ça devait être dans le supplément de vol. L’entente était conditionnelle à l’approbation du ministre», a-t-elle relevé.
Après cet épisode, DASH-L et les écoles ont mis de la pression sur Transports Canada et les fabricants pour que soient rapidement homologués les silencieux.
«À partir de ce moment, on a eu l’approbation en un temps record», a reconnu Mme Prud’homme au sujet des silencieux pour les Cessna 152 et 172.
Une bonne nouvelle, mais...
C’est le journal qui a appris à la présidente du Comité anti-pollution des avions de Longueuil (CAPA-L) Johanne Domingue que des écoles avaient ou allaient commander des silencieux et que celui pour le Cessna 150 avait obtenu sa certification de Transports Canada en janvier.
«C’est une bonne nouvelle, mais permettez-nous de douter», a-t-elle nuancé, sceptique quant à savoir si les posés-décollés après 20h se feront tous avec des appareils dotés de silencieux dès le mois de mai.
C’est que le dossier, qui traîne depuis 2009, n’en est pas à ses premières péripéties, et Mme Domingue rappelle qu’à l’été dernier, l’entente aurait dû être respectée.
Elle déplore du même souffle que le CAPA-L n’ait pas été informé des derniers développements.
«DASH-L a un outil de communication, via son site web, et devait tenir la collectivité informée, avance Mme Domingue. De plus, le CAPA-L devait pouvoir assister aux premiers tests une fois les premiers silencieux installés, avant que soient finalisées les commandes. On n’a pas reçu d’invitation», déplore-t-elle.