Prévenir l’exploitation sexuelle chez les garçons : le nouveau projet du SPAL

Elisabeth Houde et Fanny Perras sont toutes deux de l’Équipe intégrée en intervention et soutien aux personnes à risque ou victimes d’exploitation sexuelle du SPAL. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)
Quelque part dans une classe de l’école secondaire Monseigneur-A.-M.-Parent, Elisabeth Houde rencontre une dizaine de garçons chaque semaine depuis février. Avec un collègue, elle échange sur les relations amoureuses, la masculinité ou la pornographie, notamment. Des petits groupes sont également formés dans d’autres écoles secondaires de Longueuil : tous des groupes de garçons qui sont à risque d’acheter des services sexuels ou de recruter à des fins d’exploitation sexuelle.
Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) a obtenu un financement de 225 000$ du Secrétariat à la condition féminine du Québec pour mettre en place le projet SAGES : Sensibilisation auprès des garçons à l’exploitation sexuelle.
Les ateliers dans les écoles sont l’essence même de ce nouveau projet.
«On jase, on échange, on rit. Ce sont des sujets sérieux, mais amenés d’une façon où on veut les entendre, avoir accès à une pensée qui peut être liée à la masculinité toxique», explique Élisabeth Houde, intervenante de l’Équipe intégrée en intervention et soutien aux personnes à risque ou victimes d’exploitation sexuelle du SPAL.
Groupes criminels
Les garçons qui participent à ces ateliers le font de façon volontaire et peuvent être recommandés par l’école ou des organismes, entre autres.
Il s’agit de jeunes qui ont des affinités ou qui glorifient les groupes criminels, qui aiment défier l’autorité, tenir des propos misogynes ou qui ont eu des comportements sexuels transgressifs – de l’attouchement jusqu’à l’agression sexuelle.
Déjà, Élisabeth Houde voit se créer dans ces petits groupes un climat de confiance avec des jeunes qui ne se dévoilent pas facilement, pour justement tenter de nuancer certaines idées.
«Ils reçoivent bien les rétroactions. L’objectif est d’être capable de les faire avancer et de continuer ce travail-là par la suite, individuellement», ajoute-t-elle.
Parce qu’au-delà des ateliers, un volet de suivi psychosocial fait partie du projet. La travailleuse sociale de l’équipe du SPAL offre ainsi au jeune des rencontres individuelles. Elle peut par exemple l’aider dans une inscription pour l’école, l’accompagner vers un suivi thérapeutique ou vers des services en dépendance.
Novateur
Dans le domaine de l’exploitation sexuelle, la prévention chez les garçons est quelque chose d’assez nouveau, estime Elisabeth Houde.
«Il fallait souvent attendre qu’un comportement se soit produit avant d’être capable d’apporter une intervention. Le mal avait été fait et il y avait quelque chose au niveau du garçon qui alourdissait le processus. Même pour l’aide : apporter un suivi psychosocial volontaire versus un suivi forcé par une ordonnance de la cour, c’est plus gagnant», soutient-elle.
Sa collègue Fanny Perras abonde dans le même sens.
«Il y avait de la prévention de type primaire, avec un atelier donné par la maison Kekpart pour les 2e secondaire. Mais qu’est-ce qu’on faisait pour ceux qui se démarquent un peu plus? Pour cette personne qui est très inadéquate dans ses comportements. On s’est dit : il faut être capable de faire de l’intervention secondaire avec cet individu», souligne-t-elle.
Criminalité chez les jeunes
La criminalité chez les jeunes connait une légère baisse, explique le directeur adjoint au SPAL, Jean-François Lapolice. Si cela se manifeste notamment par une baisse des vols qualifiés et des agressions armées, le directeur adjoint informe toutefois que les menaces et les violences sexuelles sont en hausse chez les jeunes.