Prison pour femmes: le personnel médical serait insultant et menaçant

De nombreuses détenues féminines de l'établissement Leclerc, dont certaines de la Rive-Sud, dénoncent à nouveau leurs conditions de détention. Elles accusent notamment le personnel médical de leur manquer de respect et de les menacer si elles portent plainte.
L'établissement Leclerc est une ancienne prison fédérale située à Laval. Elle a été fermée à cause de sa vétusté, mais le gouvernement provincial en a fait l'acquisition en 2014. Depuis ce printemps, environ 300 détenues de la prison pour femmes Tanguay y ont été relocalisées.
Les femmes interviewées par Le Courrier du Sud ont toutes demandé l'anonymat, par peur de représailles. Selon leurs témoignages, des infirmières seraient régulièrement insultantes envers elles.
«Il y en a une qui nous dit des choses comme "vous n'êtes pas des patientes, vous êtes des criminelles", affirme une détenue. Ils nous traitent de "troupeau" et d'autres choses comme ça.»
Au moins un membre du personnel menacerait les détenues de ne plus les soigner si elles portent plainte.
Droit à la santé
Sœur Marguerite, une religieuse bénévole qui œuvre auprès des femmes détenues de l'établissement Leclerc, déplore cette situation.
«Toute personne, au Québec, a le droit d'avoir des soins de santé. Le personnel médical n'est pas là pour juger ces femmes, mais pour les soigner. Malheureusement, certains employés ne font pas la différence entre les deux», affirme-t-elle en entrevue.
Selon la porte-parole du ministère de la Sécurité publique (MSP), Alexandra Paré, neuf plaintes écrites ont été déposées par les détenues de l'établissement de détention Leclerc pour dénoncer les comportements des employés, dont une seule plainte fondée. Le ministère a refusé de préciser si ces plaintes concernaient le personnel médical.
Améliorations
L'établissement Leclerc a fait les manchettes à plusieurs reprises depuis le printemps. Plusieurs détenues se plaignent que les conditions de détention seraient pires qu'à la Maison Tanguay, pourtant fermée parce que ses installations étaient désuètes.
«Ils ont mis une couche de peinture et ils ont dit "voilà", mais ce n'est pas mieux», affirme une détenue.
Des médias ont également rapporté une certaine improvisation lors du transfert, une situation décriée à la fois par les détenues et par les employés.
Sans promettre une nouvelle prison pour femmes, le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a indiqué récemment à Radio-Canada qu'une autre solution devra être trouvée.
«Ce qui ne veut pas dire que c'était une mauvaise idée d'aller à Leclerc», ajoute-t-il toutefois.
Le 23 juin, le ministre Coiteux a indiqué qu'une entente a été signée avec la Société Elyzabeth Fry, un organisme qui vient en aide aux femmes détenues. L'organisme se penchera sur l'accès aux programmes et services, la formation du personnel, la culture organisationnelle au sein de l'établissement Leclerc et la mixité des détenus.
Selon le ministère, plusieurs des problèmes identifiés lors du transfert ont été réglés. La distribution des vêtements se serait améliorée, tout comme l'accès aux activités. Les contacts avec les détenus masculins – il en reste environ 80 depuis le transfert des détenues féminines – auraient également été enrayés.