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Projet Clé: réunir les conditions gagnantes pour un meilleur avenir

le mardi 17 avril 2018
Modifié à 7 h 01 min le 17 avril 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ÉDUCATION. À 18 ans, les jeunes sous la protection de la jeunesse perdent tout soutien gouvernemental; ceux qui parviennent à terminer un parcours scolaire dans ces circonstances sont les exceptions. Ayant pour mission d’amasser des fonds pour venir en aide aux jeunes et combler les services qui ne sont pas offerts par le gouvernement, la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie avait l’impression «d’abandonner» à son tour, à l’âge de la majorité, ces jeunes plus à risque de renoncer aux études post-secondaires. D’où la création du Projet Clé, par le CISSS Montérégie-Est (anciennement le Centre jeunesse de la Montérégie) et la Fondation. Le programme offre une bourse annuelle de 5000$ (et autres extras), en plus du soutien régulier d’un mentor. Valoriser la scolarisation est le meilleur moyen de mettre toutes les chances de leur côté. «On les maintient dans les écoles et activités de quartier, on veut les intégrer à la société, expose la chef d’unité des services de réadaptation du CISSS-ME et membre du comité de coordination du Projet Clé, Sophie Dubuc. Certains développaient leur potentiel pour aller au cégep, mais on vivait une frustration: parce qu’ils n’avaient pas de sous, ils lâchaient. C’est à partir de cette préoccupation commune qu’on s’est dit "il faut faire quelque chose".» Le soutien financier ne vise pas à empiéter sur ce que doit payer le gouvernement, mais bien à pallier un manque. Penser à l’avenir En plus de la bourse annuelle, une somme est mise de côté pour le cadeau de graduation: un montant qui servira à rembourser les prêts. «Commencer dans la vie sans dette, c’est un bel avantage que d’autres n’ont pas, mais quand on regarde dans leurs vies, ils ont été désavantagés. Alors ils méritent ça», avance la directrice de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie, Suzie Roy. Les bénéfices se répercutent sur plusieurs années… et l’ensemble de la société. «Ce n’est pas cher payé, 8000$ par année pendant trois ans, pour quelqu’un qui va contribuer à la société, qui aura une profession, qui va consommer des biens et payer des impôts, explique Mme Dubuc. Sans compter que ça brise le cercle intergénérationnel.» La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) a été rapidement active dans le projet. Les fonds proviennent uniquement de donateurs privés, que ce soit d’individus ou du milieu corporatif. La Fondation demande un engagement de trois ans, afin de ne pas risquer de devoir abandonner un jeune, faute de fonds. «Certains jeunes ne sont pas dans le projet, parce qu’il manque des dons. Il y a une liste d’attente», mentionne Mme Dubuc. Les membres de la Fondation se sont d’ailleurs retrouvés devant un beau dilemme, alors qu’une participante entamera les études à la maitrise. «La réponse dans notre cœur ça aurait été oui, de poursuivre le soutien, mais le but du projet, c’est de les aider à commencer les études post-secondaires. On n’avait pas les moyens de cette ambition», relate-t-elle. Mentors Il importait à la Fondation et au CISSS Montérégie-Est que les mentors attitrés aux participants ne soient pas des intervenants sociaux. «Ils en ont assez vus dans leur parcours», lance Sophie Dubuc. Des gens issus de différents milieux sont donc jumelés aux jeunes en fonction de leurs intérêts communs, exerçant par exemple la profession à laquelle aspire le participant. Les mentors sont aussi les «yeux et les oreilles» des organisateurs, s’assurant que les jeunes fournissent les efforts et qu’ils sont assidus. La tâche de la «discipline» ne leur revient toutefois pas. Un échec n’est pas systématiquement synonyme d’une expulsion, mais un suivi est effectué auprès des jeunes, par exemple, lors d’un mauvais bulletin. «On est tolérant… dans la mesure où il y a des efforts», insiste Suzie Roy. Un participant pourrait être expulsé du programme s’il manque de sérieux; ce qui est déjà arrivé. À l’échelle du Québec Riche de son expérience et de ses essais-erreurs, le Projet Clé est prêt à être exporté dans d’autres régions de la province. C’est d’ailleurs le mandat que s’est donné le CISSS-ME, espérant le voir reproduit partout au Québec. Des démarches ont été entamées auprès des ressources de Laval et des Laurentides; les réactions sont enthousiastes et prometteuses.     Des honneurs Le Projet Clé a remporté le prix Coup de cœur des Prix d’excellence de l’Institut d’administration publique du Québec, en novembre. Il s’est également taillé une place parmi les quatre finalistes pour le Prix d’excellence du ministère de la Santé du Québec, alors que plus d’une centaine de dossiers avaient été soumis. Le gagnant sera dévoilé le 31 mai.   33 Nombre de jeunes qui ont pris part au programme depuis 2015 20 Actuellement inscrits 6 Première cohorte