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Projet de recherche : on traque la tique au parc Michel-Chartrand !

le vendredi 30 mai 2025
Modifié à 15 h 54 min le 29 mai 2025
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Mélanie Dappen-Couture, coordonnatrice du projet Parcs en santé, et Manon Boiteux, étudiante au doctorat à l'Université de Montréal et responsable du volet science citoyenne du projet. (Photo : Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Il fait un temps splendide en ce vendredi de mai au parc Michel-Chartrand, où randonneurs, cyclistes et pique-niqueurs profitent du grand air, souvent sans se douter des dangers que peut représenter une simple piqûre de tique. C’est justement dans ce décor bucolique, ainsi qu’au parc national des Îles-de-Boucherville, qu’un projet de recherche sur les tiques et la maladie de Lyme, baptisé Parcs en santé, est en cours.

«Il y a une population de tiques bien établie au parc Michel-Chartrand», lance avec assurance Mélanie Dappen-Couture, coordonnatrice du projet Parcs en santé qui étudie la santé de l’écosystème mais aussi de la faune, de la biodiversité et des gens qui fréquentent le parc. 

Si on comprend bien aujourd’hui comment les tiques peuvent transmettre la maladie de Lyme, il n’en va pas de même pour le cycle de vie de la tique. 

«Certaines espèces sont très abondantes dans le parc, comme les cerfs, et peuvent potentiellement influencer la présence de tiques. Un axe du projet va se concentrer afin de mieux comprendre la dynamique des cerfs dans le cycle de vie des tiques», ajoute Manon Boiteux, étudiante au doctorat à l'Université de Montréal et responsable du volet Science citoyenne du projet. 

De ce fait, des colliers traqueurs seront installés au cou de certains cerfs afin de suivre leurs déplacements.   

La Montérégie et l’Estrie sont des régions particulièrement affectées par la tique. À cet effet, une carte de l’Institut national de la santé publique du Québec est très révélatrice. «En Estrie, plus de 50 % des tiques sont porteuses de la maladie de Lyme», ajoute Mme Boiteux qui soutient qu’une personne piquée par une tique dispose en moyenne d’un délai de 24 heures pour enlever la tique. 

Science citoyenne

La doctorante lance un appel à 360 adultes prêts à participer à une série d’ateliers de science citoyenne dans trois parcs municipaux (Michel-Chartrand, Pointe-aux-Prairies et Bois-de-L’Île-Bizard à Montréal) et trois parcs nationaux de la SEPAQ proches de centres urbains (Îles-de-Boucherville, Mont-Saint-Bruno et Yamaska).

Cette initiative s’inscrit dans le projet Parcs en santé, une vaste recherche de cinq ans dotée d’un budget de 2,1 M$, qui explore les liens entre la santé humaine, animale et environnementale, selon le principe de «Une seule santé».

Les ateliers misent sur l’apprentissage par l’expérience. Les participants seront invités à marcher au moins 30 minutes, à photographier ce qu’ils aiment ou ce qui les inquiète dans leur environnement, et à échanger avec les chercheurs.

La tique à pattes noires ou tique du cerf (Ixodes scapularis) est la seule espèce de tique au Québec qui transmet la bactérie Borrelia burgdorferi, l’agent pathogène responsable de la maladie de Lyme. (Photo : INSPQ) 

Un second atelier abordera les tiques et les maladies transmises, tandis qu’un troisième portera sur les impacts de nos comportements — comme nourrir les cerfs ou sortir des sentiers — sur la faune, la flore et notre propre santé.
Des questionnaires permettront d’évaluer les effets des ateliers, et un volet de vulgarisation scientifique est prévu : contenus réutilisables pour des organismes, balados ou outils éducatifs pour les camps de jour.

Portée par une quinzaine de chercheurs issus de la santé publique, de l’environnement et de la médecine vétérinaire, cette recherche entend mieux sensibiliser les citoyens à l’importance de préserver les écosystèmes pour leur propre bien.

Entre le 1er janvier et le 14 mai 2025, 61 cas ont été recensés au Québec, selon des données fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Parmi eux, 26 ont été rapportés en Estrie, 12 en Outaouais et 9 en Montérégie. En comparaison, 68 cas avaient été signalés durant la même période en 2024.

Là pour rester

Les deux chercheuses affirment que leur projet ne vise pas à effrayer les gens ni à les empêcher de profiter du plein air. Mais il faut le faire en étant conscient des risques encourus. 

Conseil premier : rester dans les sentiers. «Ils sont prévus pour ça. Généralement, si on reste dans les sentiers et qu’on s’examine une fois de retour à la maison, on devrait être correct», souligne Mme Boiteux qui conseille également l’usage d’un arachnicide. 

Fait intéressant : les tiques sont actives aussitôt que la température est de 4˚C. «À la limite, on peut se faire piquer par une tique en plein mois de décembre», explique Mélanie Dappen-Couture.

«Les tiques sont là pour rester. Il faut apprendre à vivre avec», de conclure Mme Boiteux.