Protection de la jeunesse : « ça ne va pas si mal » à la DPJ

Près de 20 700 signalements ont été reçus en Montérégie dans la dernière année. (Photo: Gravité Média ‒ Archives)
Marie-Josée Audette l’admet, ç’a été une mauvaise année pour la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) sur le plan de l’opinion publique, évoquant les quelques scandales qui ont secoué l’organisation. Mais lorsqu’on lui demande comment ça va à la DPJ de la Montérégie, elle assure que ça ne va pas si mal. «Le climat est excellent dans nos troupes», soutient-elle.
Sur plusieurs points, la situation va mieux que par les dernières années.
D’abord, sur la liste d’attente des enfants à l’étape évaluation/orientation. «Elle n’est pas parfaite, mais plus en contrôle qu’elle ne l’était l’an passé», souligne la directrice de la DPJ en Montérégie.
Mais surtout, l’organisation semble avoir enfin trouvé une certaine stabilité sur le plan du personnel, un problème récurrent dans les dernières années.
«On est quasiment complet. Surtout dans des régions où l’on était plus en difficulté, comme l’ouest de la Montérégie, on aura des équipes complètes dans les prochaines semaines!» note-t-elle.
Près de 1000 signalements retenus de moins
N’empêche, la pression demeure sur les intervenants, alors que l’organisation a reçu 20 699 signalements d’avril 2024 à mars 2025. Une hausse de moins de 1% par rapport à l’année dernière qui peut sembler basse, mais qui ne l’est pas vraiment.
«Une augmentation de 73 signalements, ce n’est pas beaucoup, mais il faut se rappeler qu’on a eu une augmentation extraordinaire dans les dernières années. Donc, ce n’est pas beaucoup, mais ça fait quand même beaucoup!» illustre-t-elle.
Là où la différence est frappante, c’est pour les signalements retenus. On parle d’une diminution de 860 par rapport à la période précédente.
Ce changement est notamment le fruit d’une nouvelle pratique qui permet une plus grande collaboration avec les CLSC auprès des équipes proximité, de jeunes en difficulté et en santé mentale.
«Plutôt qu’intervenir et de les retenir en protection de la jeunesse, on va travailler avec le CLSC pour qu’eux les prennent en charge», explique Mme Audette.
De plus, le nombre d’intervenants a été «multiplié» à l’étape réception/traitement/ signalement, permettant à la DPJ de faire une étape supplémentaire, sur le terrain, avant de prendre une décision.
«Plutôt que de juste prendre le signalement au téléphone, on va voir dans le milieu, et à partir de ça, on va prendre une décision plus éclairée sur la rétention.»
Une philosophie en évolution
En entrevue dans Le Devoir récemment, la nouvelle directrice nationale de la DPJ, Lesley Hill, estimait qu’il y avait trop de signalements en protection de la jeunesse, alors qu’une majorité de ces signalements sont pour ces cas «moins critiques».
Y a-t-il donc trop de signalements en Montérégie? Ou est-ce mieux d’avoir tous ces signalements pour être sûr?
«L’important, c’est qu’on reçoive ceux qui sont nécessaires. Est-ce qu’il y a un nombre précis? On n’est pas capable de répondre à ça. Ce que Mme Hill nous dit, c’est que beaucoup des signalements sont pour des motifs de négligence. Alors, s’il y a une prise en charge en amont, on n’aura pas à intervenir», souligne Mme Audette.
«On constate que la négligence, c’est grosso modo 50% de notre travail. Alors ce sont des enfants qui ont faim, qui sont mal vêtus, qui n’ont pas de conditions de logement adéquates. Donc, il faut soutenir les parents plutôt que nous arriver et faire en sorte que le soutien arrive», ajoute-t-elle.
«Il faut renverser la machine!»
– Marie-Josée Audette, à propos des signalements à la DPJ
La directrice rappelle cependant que les cas importants existent toujours.
«En même temps, il faut être là pour les situations extraordinaires, et malheureusement, il y en a beaucoup trop des enfants qui vivent dans des conditions inacceptables! Mais vraiment dans une perspective d’exception, et pas de premier intervenant», suggère-t-elle.
«Tout juste capable»
Concernant les restrictions budgétaires du gouvernement provincial, Mme Audette ne sait pas encore si l’organisation en sera affectée.
«On souhaite profondément ne pas avoir à faire des coupures, […] mais c’est sûr que c’est une grande préoccupation qu’on a, parce qu’on est tout juste capable de faire ce qu’on a à faire. Des coupures, ça aura nécessairement des impacts sur les enfants et les familles», déplore-t-elle.