Culture

Quand Boucar s’intègre au bois...: une exposition tissée serrée

le lundi 10 juin 2019
Modifié à 15 h 54 min le 27 juin 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L’univers de Boucar Diouf est la riche matière première de la nouvelle exposition de Viatour-Berthiaume, dont les sculptures-jouets ont à leur tour inspiré l’essayiste et biologiste, qui signe les textes qui les accompagnent. À partir des thèmes chers à Boucar, 212 jeunes ont conçu trois créations artistiques, intégrées à des œuvres monumentales... de Viatour-Berthiaume. Le titre de l’une de ces trois oeuvres monumentales, Créer des liens, ne pourrait être plus approprié. La vaste courtepointe d’aluminium est constituée des autoportraits d’élèves de la 3e à la 6e année de l’école Christ-Roi, et de ceux de Marie-Annick Viatour et Gaétan Berthiaume. Elle rappelle la force et l’importance des relations. «Nous sommes partis du concept de la famille, qui est très présent dans l’univers de Boucar, évoque l’artiste professionnelle Cathy Jolicoeur, qui a dirigé ce projet de médiation culturelle. Les plus vieux ont fait leur autoportrait, alors que pour les plus jeunes, la consigne était d’illustrer leur "monde à moi". C’était plus ludique.» Démarche créatrice [caption id="attachment_74205" align="alignleft" width="421"] L'oeuvre Des bouteilles à la mer[/caption] Pour ce vaste chantier qui s’est échelonné durant toute une année scolaire, les élèves ont d’abord rencontré le duo de sculpteurs, avec qui ils ont pu analyser les œuvres en classe. Le ludisme des sculptures-jouets rejoignait naturellement les élèves. «Les jouets, ça fascine petits et grands, et Boucar le dit, ça fascine toutes les cultures, relève Cathy Jolicoeur. Par exemple, le diable [qui apparaît dans l’une des sculptures-jouets], on le retrouve aussi dans la culture sénégalaise. C’est tout ce côté riche que l’on a vu avec les enfants.» Boucar Diouf est aussi allé à leur rencontre. Les élèves avaient préparé des questions, en lien avec les thèmes choisis. En amont, Cathy Jolicoeur, le duo d’artistes ainsi que Louis-Roland Leduc, le réalisateur-vidéaste du  documentaire qui porte sur l’exposition, avaient réfléchi aux thèmes forts à exploiter et à la nature des oeuvres collectives qui en résulterait. Outre cette notion du «tissé serré», la déforestation et l’enracinement, ainsi que la fragilité des océans et des espèces animales ont été identifiés. En entrant dans la salle, Des bouteilles à la mer étonne le visiteur: une immense vague en broche de métal qui emprisonne 600 bouteilles de plastique. Dans 212 d’entre elles, de petites sculptures d’animaux en voie de disparition. Les élèves ont donc dû faire des recherches sur les espèces menacées. «Chaque enfant a choisi son animal, en a fait le croquis, l’a façonné en pâte à modeler, puis recouvert de papier mâché et peinturé.» C’est aussi dans une démarche artistique complète que s’est inscrite la création des petits arbres qui peuplent La forêt désenchantée, troisième œuvre monumentale. Les élèves étaient appelés à créer un arbre à partir de l’imaginaire des contes. «Ils devaient choisir leur arbre, s’il allait être sombre et surréaliste, ou encore plus joyeux. Ils devaient réfléchir au message qu’ils souhaitaient transmettre, plus négatif ou positif, ou si c’était porteur d’espoir.» Source de fierté [caption id="attachment_74204" align="alignright" width="375"] La forêt désenchantée[/caption] Ce projet de médiation culturelle n’avait rien d’un simple atelier de bricolage. Les élèves ont d’ailleurs dû remplir un examen de sept pages pour chacune des œuvres qu’ils ont conçues. Alliant les arts, la science, la biologie et le français, l’approche est multidisciplinaire. Un projet unique, qui avait de quoi plaire, malgré ses exigences. «Ils aiment ça. Ils sont à l’âge où ils sont encore émerveillés», se réjouit Cathy Jolicoeur. «Quand on a commencé le montage de l’exposition, un des jeunes a décidé de venir voir, relate-t-elle. Il a jasé pendant 45 minutes avec les artistes. Il est tellement fier.» Les jeunes artistes auront l’occasion de voir le résultat final lors de leur vernissage, le 13 juin, de 18h30 à 21h.     L’exposition [caption id="attachment_74207" align="alignleft" width="409"] Péter au frette, de Viatour-Berthiaume[/caption] L’exposition de sculptures-jouets et scénettes en bois du duo d’artisans sculpteurs Marie-Annick Viatour et Gaétan Berthiaume tire son inspiration des écrits, spectacles, chroniques et livres de l’océanographe, écrivain, humoriste et essayiste québécois d’origine sénégalaise Boucar Diouf. Le corpus de 15 œuvres exprime avec humour, fantaisie et poésie, les mots et certains passages de la vie de l’écrivain humoriste. En plus des œuvres issues du projet de médiation culturelle, il est possible de visionner le court métrage de Louis-Roland Leduc, qui plonge dans l’univers créatif de Viatour-Berthiaume. L’exposition est présentée à la Maison de la culture jusqu’au 15 septembre.