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À quand un lieu d’enfouissement en Montérégie?

Il y a 5 heures
Modifié à 15 h 42 min le 13 juin 2025
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Dans un lieu d'enfouissement technique, comme ici à Terrebonne, on ne fait pas qu'enfouir des déchets. On contrôle aussi la matière qui rentre, on capte les biogaz, gère les eaux de lixiviation et on fait des suivis environnementaux. (Photo : gracieuseté)

Certaines régions du Québec peuvent être qualifiées de «région poubelle». Si l’on combine Lanaudière et les Laurentides, on retrouve 4 des 5 plus gros sites d’enfouissement de la province. En Montérégie? C’est l’une des deux régions où l’on n’en retrouve aucun. Mais cela pourrait changer dans un avenir rapproché.

S’il y avait une mesure que Karel Ménard souhaiterait implanter afin de réduire les déchets, ce serait justement de régionaliser l’élimination.

Il y voit une manière pour que les régions comme la Montérégie se prennent en main.

«[La situation actuelle], ça ne responsabilise pas du tout les générateurs. Autant les citoyens, les municipalités et les industries, on fait juste déplacer un problème», soutient le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Pas une usine de chocolat

Celui-ci ne croit pas normal que cinq dépotoirs reçoivent 80% des matières de la province.

Il estime en outre que gérer un site localement aurait plusieurs avantages, notamment le fait d’augmenter sa durée de vie et la véritable mise en place de mesures de détournement.

«À Terrebonne, la Ville a de très bonnes initiatives de réduction à la source. Par contre, les matières que les citoyens réussissent à éviter de produire, ça ne se traduit pas par une réduction du tonnage à enfouir, parce que le propriétaire va aller en chercher ailleurs. Lui a le droit environ à 1,2 M de tonnes par année et veut remplir son site», note M. Ménard.

«Si on est propriétaire d’un site municipal ou intermunicipal, les initiatives de réduction à la source vont avoir un impact direct sur la durée de vie du site», ajoute-t-il.

Sans compter que les nuisances ne sont pas aussi importantes que l’on peut penser.

«Bien gérer un lieu d’enfouissement technique va avoir somme toute peu d’inconvénients. On s’entend que ce ne sont pas des usines de chocolat, mais si par exemple on stabilise la matière organique en amont ou on la détourne, il y a beaucoup moins d’odeurs, sinon presque plus», assure-t-il.

Une volonté politique

Sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), on retrouve un seul lieu d’enfouissement technique, celui de Terrebonne, sur la Rive-Nord. En 2020, ce site recevait 48% des ordures ménagères produites dans la CMM.

Ce qui veut dire que pour plus de 50% du territoire de la CMM, qui compte plus de 4 millions d’habitants, les déchets sont envoyés hors du territoire.

Dans son plus récent Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles 2024-30, la CMM a reconnu le problème et s’est donné comme vision de traiter 100% des résidus ultimes générés sur le territoire métropolitain d'ici 2035.

Il n’est pas spécifiquement question d’implanter un lieu d’enfouissement technique sur la Rive-Sud, mais l’une des mesures vise à implanter «une ou des installations de traitement des résidus ultimes sur le territoire métropolitain».

Un bureau de projet en ce sens a été créé en juin 2024, avec l’objectif d'étudier quelles technologies pourront être mises en place et à quel endroit. Des recommandations doivent être transmises à la CMM en 2026.

La CMM n’a toutefois pas accepté la demande d’entrevue de Gravité Média sur le sujet.