Raid Dingue : Gaston Lagaffe chez les flics

«Tu es énervante.» C'est la phrase inscrite sur le frigo dans le générique d'ouverture sous la photo du personnage principal, Johanna. C'est aussi vraisemblablement sa caractéristique première. Mais si on réussit à surmonter le surjeu de l'actrice Alice Pol, Raid Dingue de Dany Boom s'avère être une comédie plutôt efficace.
Efficace pour plusieurs raisons. La première est qu'on rit. Et parfois pas juste un peu. Il est difficile de rester de glace devant la gymnastique que les personnages s'époumonent à faire à l'écran.
Raid Dingue est certainement une comédie qui parlera à beaucoup de gens en raison de son humour très physique. Son succès au box-office français en est la preuve. Pendant 1h45, le film présente des situations plus improbables les unes que les autres, faisant du film une caricature du milieu policier.
Le jeu clownesque des acteurs rappelle une certaine époque du cinéma. Un alliage entre les gambades de Chaplin et les gaucheries de L'agent fait la farce. Johanna est maladroite comme Gaston Lagaffe.
En fait, elle l'est tellement que la comédie devient rapidement surfaite. Dany Boom s'efface rapidement derrière l'étoile montante de l'humour français qui prend toute la place.
Et puisque trop c'est comme pas assez, on en devient un peu saturé. Malheureusement. Le personnage de Johanna énerve au plus haut point.
Histoire
La maladresse de Johanna est d'ailleurs au cœur de l'histoire. La policière, fille du ministre de la Sécurité intérieure de la France Jacques Pasquali (Michel Blanc), tente par tous les moyens de faire carrière dans les forces de l'ordre.
Recalée aux missions les plus bidon en raison de sa propension à faire échouer tous les dossiers qu'elle touche, la jeune femme garde malgré tout un optimisme à toute épreuve. La future mariée n'a qu'un seul objectif en tête, celui de rejoindre un jour la cellule du Raid, soit l'élite de la police française.
Voulant la décourager, son père réussit à lui faire intégrer le Raid comme stagiaire, à condition de la dégoûter à jamais de ce métier. Elle se retrouve sous les ordres d'Eugène (Dany Boom), un policier amer d'une récente séparation qui en a contre toutes les femmes.
Leur rencontre, qui est loin d'être un match parfait, provoquera quelques conflits. Malgré les épreuves répétées, la jeune femme se plaît dans ses nouvelles fonctions et elle aura même son mot à dire face à une dangereuse organisation terroriste répondant à son chef Viktor (Yvan Attal).
Femme
Le sujet policier est fertile lorsqu'on veut décrier les inégalités entre les hommes et les femmes, et le caractère machiste. Les scénaristes Dany Boom et Sarah Kaminsky frôlent d'ailleurs à plusieurs reprises le sujet dans le personnage d'Eugène, véritable cancre du département.
On retrouve en Johanna une policière très forte, autant au plan physique que du caractère. Elle rassure lorsqu'il est temps de mettre les gants de boxe, mais échoue lamentablement sur d'autres épreuves.
Sa plus grande force est sans doute son caractère blindé qui la pousse à continuer sa formation en dépit des obstacles qui se posent sur son chemin. Au final, on se demande si son obstination aveugle est due à un cerveau supérieur à la moyenne ou juste plus con. Comme quoi la bêtise frôle le génie parfois.
Satire?
Raid Dingue se veut au départ une satire du milieu policier. Le problème est un peu comme Johanna. C'est qu'on finit par trouver le milieu franchement sympathique.
On est un peu dans l'univers de Police Académie ici. On a presque le goût de s'inscrire tellement la formation a l'air enlevante. Les assauts contre les terroristes ne semblent pas si terrifiants finalement.
Même le chef des méchants à l'air d'écouter des vidéos de chats sur YouTube. Le Raid ressemble un peu à un camp de vacances avec uniforme dans lequel on peut éclater la tête du premier ministre sans conséquence.
Mais bon, tout ça reste de la fiction. Et la première mission de celle-ci est de nous divertir. Sur ce point: mission accomplie pour Dany Boom.