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Un recours collectif contre 13 constructeurs pour des clés électronique

Il y a 18 heures
Modifié à
Par Benoit Charette

L’essor des véhicules à démarrage sans clé a transformé le quotidien des automobilistes, mais cette commodité s’est avérée être une mine d'or pour les voleurs. Au Québec, les autorités judiciaires viennent d’autoriser un recours collectif majeur visant treize fabricants automobiles. En cause : la vulnérabilité des clés électroniques face aux techniques de vol modernes, notamment l’attaque par relais et le clonage numérique.

Une faille systémique dans la sécurité des véhicules modernes

Les vols de voitures ne passent plus par une vitre fracassée ou un tournevis. Aujourd’hui, le piratage de la clé intelligente suffit. Ces dispositifs, qui fonctionnent à l’aide de signaux radio (RFID ou Bluetooth), peuvent être interceptés à distance par des malfaiteurs qui utilisent des répéteurs de signal ou des appareils de clonage en vente sur internet. En quelques secondes, un véhicule peut être déverrouillé, démarré, puis disparu sans laisser de traces. Une fois à bord, l’accès au port OBD-II, situé sous le tableau de bord, permet à certains outils de reprogrammer une nouvelle clé. Certaines marques, notamment européennes ou asiatiques, présentent des failles dans leurs systèmes de chiffrement ou dans la détection d’intrusion.

L’action judiciaire prend forme à Québec

Le juge Clément Samson, de la Cour supérieure, a donné son feu vert au lancement de l’action collective. Cette procédure concerne toute personne domiciliée au Québec ayant été victime d’un vol de voiture depuis le 2 mai 2021, pourvu que le véhicule était équipé d’un système de démarrage sans clé, à l’exception des modèles dotés de la technologie Ultra-Wide Band (UWB), réputée plus sécurisée. Le juge reconnaît que les clés électroniques ciblées dans la demande peuvent avoir été compromises par des techniques d’attaque-relais, et que l’accès à la prise diagnostique a pu faciliter la programmation frauduleuse de clés de remplacement. André Lacroix, un citoyen de la région de Québec dont le véhicule a été volé dans ces circonstances, est à l’origine de cette action judiciaire d’envergure.

Treize marques dans la ligne de mire

Parmi les constructeurs visés : Audi, Ford, Honda, Toyota, Hyundai, Kia, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Subaru, Volkswagen, Volvo et Fiat-Chrysler. D’autres fabricants de luxe comme BMW, Mercedes-Benz, Jaguar ou Porsche ne sont pas inclus dans cette procédure. Ce sont des centaines de Québécois qui pourraient être admissibles à un dédommagement dans ce recours coordonné par Me Éric Bouchard, qui qualifie le jugement d’« étayé et porteur d’espoir pour les victimes. »

Une faille bien connue des voleurs

Ce type de vol technologique est loin d’être marginal. Depuis plusieurs années, des réseaux bien organisés exploitent les faiblesses logicielles et matérielles des systèmes sans clé. L’équipement nécessaire est accessible sur des marchés parallèles et permet des opérations ultra-rapides, souvent en moins d’une minute. La majorité des vols sont commis sans aucune effraction visible.

En attendant la suite, que peuvent faire les propriétaires?

En l’absence de rappel ou de correctif officiel, les propriétaires n’ont que peu d’options :

  • Ranger leur clé dans une pochette de type Faraday pour bloquer les signaux.

  • Désactiver la fonction d’entrée passive si possible via le système du véhicule.

  • Installer un traceur GPS ou un coupe-circuit après-vente.

  • Mettre à jour les logiciels du véhicule lorsque le constructeur offre cette option.

Une première étape vers un débat plus large

Ce recours collectif marque un tournant dans la reconnaissance juridique des risques associés aux technologies automobiles modernes. Il pose également la question de la responsabilité des constructeurs face à des failles connues mais peu corrigées. La prochaine étape consistera à prouver que ces lacunes ont directement contribué aux vols subis par les plaignants.

Avec des renseignements de Radio-Canada et de la cour supérieure

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