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Réfection majeure du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine : il faudra délaisser l’auto solo

le mercredi 28 octobre 2020
Modifié à 16 h 14 min le 28 octobre 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Questionné sur les impacts de la réfection majeure du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine sur la circulation dans la région métropolitaine, le directeur du projet Stéphane Audet se fait catégorique : «inciter les gens à délaisser l’auto solo pour traverser le tunnel, c’est le nerf de la guerre». Mesures d’atténuation et campagnes de communication seront donc mises en place par le ministère des Transports du Québec (MTQ) au cours des trois prochaines années pour encourager le transport collectif, le covoiturage et même le télétravail.

«On est optimiste. Le projet Turcot est une preuve vivante qu’on peut survivre à un grand chantier.»

– Gilles Payer, porte-parole du MTQ

«Dans le pire des cas, si la population ne répond pas du tout aux mesures mises en place pour les inciter à emprunter le moins possible le tunnel, on estime que 30% des usagers pourraient se détourner vers le pont Jacques-Cartier, dont une partie ultimement vers Victoria ou Samuel-De Champlain, explique Stéphane Audet. Ce n’est absolument pas souhaitable et les mesures qu’on mettra en place seront là justement pour éviter cette situation.»   Voie réservée Avec un débit journalier de 120 000 véhicules, dont 13% de camions, le tunnel est l’une des traversées vers l’île de Montréal les plus importantes pour le transport lourd. À LIRE AUSSI : Le 11 mars 1967, le pont-tunnel était inauguré Le directeur du grand projet de réfection du tunnel assure que «beaucoup d’efforts sont faits en amont» pour limiter les impacts sur la circulation, entre autres pour maintenir le camionnage dans le tunnel. Ainsi, dès 2021, une voie réservée au covoiturage et au transport collectif sera ajoutée sur l’autoroute 20, entre le tunnel et Sainte-Julie, de même que l’utilisation de l’accotement par les autobus entre Sainte-Julie et Belœil. Au total, 850 places de stationnement incitatif seront également ajoutées, entre autres à Boucherville. «Ces aménagements seront construits dans le cadre du projet de réfection mais ne sont pas prévus pour être temporaires», précise Stéphane Audet. Ces mesures, ainsi que d’autres prévues sur l’île de Montréal, s’ajoutent à celles préalablement annoncées, dont l’ajout de navettes vers la station de métro Radisson et la bonification des services sur les lignes jaune et verte du métro. Des mesures qui seront ajustées au besoin par l’Autorité régionale de transport métropolitain, afin de s’assurer qu’elles répondent adéquatement aux besoins. 12 semaines de fermetures estivales [caption id="attachment_102273" align="alignleft" width="1082"] L'échéancier des travaux (Photo : MTQ)
[/caption] Les répercussions des travaux sur la circulation devraient être mineures en 2021, même si la mise en place des mesures d’atténuation entraînera de fréquentes fermetures de nuit ou de fin de semaine sur l’autoroute 20. Ce sont plutôt les deux années suivantes qui risquent de causer des maux de tête aux automobilistes, alors que le MTQ prévoit la fermeture de longue durée d’une voie dans chaque direction, des fermetures fréquentes de nuit et de fin de semaine de l’autoroute 25 et une fermeture spéciale d’un tube complet pendant l’été, vers le sud en 2022 et vers le nord en 2023. «Cette fermeture spéciale est très importante, parce qu’elle permettra de réaliser beaucoup de travaux de jour, en plus d’être ciblée d’avance dans le temps, précise Stéphane Audet. L’entrepreneur devra planifier ces 6 semaines de travaux entre le 15 juin et le 15 août, soit pendant des plages où on a le maximum de personnes en vacances et donc le moins de circulation sur le réseau.» [caption id="attachment_102274" align="alignleft" width="1002"] Le plan pour la fermeture de 6 semaines prévue en 2022 et en 2023 (Photo : MTQ)[/caption] Si la Ville de Montréal a choisi de reporter certains chantiers majeurs pour donner un peu de répit aux usagers en ces temps de pandémie, le MTQ et le gouvernement ont fait le pari inverse d’accélérer les investissements pour encourager la reprise économique, rappelle Stéphane Audet. «Le tunnel est en fin de vie et on ne peut pas se permettre de reporter les travaux de quelques années encore», ajoute-t-il. Réfection de A à Z [caption id="attachment_102275" align="alignleft" width="1006"] Les principaux travaux de réfection à l'intérieur du tunnel (Photo : MTQ)[/caption] Les travaux de réfection du tunnel s’étaleront jusqu’en 2024. Ils consistent majoritairement à réparer la voûte et des murs, reconstruire la chape – la surface sur laquelle les véhicules circulent – ainsi que procéder à la réfection du radier, situé sous la chape. Ils comprennent également la reconstruction de la chaussée de béton sur 35 km de l’autoroute 25; le remplacement et la modernisation des systèmes électriques, d’éclairage, de drainage, de ventilation, de signalisation et de surveillance du tunnel; de même que la modernisation des couloirs de service, situés au centre du tunnel, afin de les rendre plus faciles d’accès et plus sécuritaires pour l’évacuation en cas d’incident et faciliter l’entretien régulier du tunnel. Le ministère des Transports en profitera de plus pour ajouter de l’enrochement au-dessus du tunnel, la protection initiale ayant diminué au fil des ans en raison de la circulation de l’eau et de différents événements. Cette couche de roches de 1,8 mètre d’épaisseur sert à maintenir l’infrastructure au fond du fleuve. Finalement, un revêtement protecteur contre les incendies sera ajouté au tunnel et deux joints entre les caissons du côté de Montréal seront réparés afin d’enrayer les infiltrations d’eau. Le contrat de conception, de construction et de financement de la réfection du tunnel a été signé le 14 juillet dernier avec Renouveau La Fontaine, consortium composé d’Eurovia Infra, de Pomerleau Inc. et de Dodin Campenon Bernard SAS, marquant le démarrage officiel du projet. Le coût s’élève à 1,142 G$, dont 427,7 M$ seront financés par le gouvernement du Canada; 3 M$ par la Ville de Montréal; et 1,1 M$ par la Ville de Boucherville.