René Lévesque, le fier député de Taillon

René Lévesque (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)
Le député de Taillon René Lévesque était à l’image du premier ministre que tout le Québec a connu. Malgré ses hautes fonctions, il prenait le temps de rencontrer les citoyens qui l’avaient élu dans sa circonscription et a contribué de maintes façons à son avancement. À l’occasion du 100e anniversaire de naissance de M. Lévesque, Le Courrier du Sud s’est entretenu avec Luce Rodrigue, qui a été son attachée politique durant sept ans.
«Il était toujours très content de venir au bureau de comté. Il était toujours de bonne humeur, c’était agréable de travailler avec lui», décrit Luce Rodrigue, à propos de celui qui a été député de Taillon de 1976 à 1985.
De retour de Québec, il faisait souvent un arrêt sur la Rive-Sud, parfois sans s’annoncer. Il était présent un lundi sur trois – le lundi étant le jour réservé pour le travail de circonscription. «C’était beaucoup pour un premier ministre!», dit Mme Rodrigue.
Luce Rodrigue et René Lévesque (Photo: Gracieuseté - Bernard Brault)
M. Lévesque et Ti-Poil
Bien qu’il était de la responsabilité de l’attachée politique d’assurer un suivi des «dossiers de comté» pour aider les citoyens qui vivaient des problèmes avec «la machine gouvernementale», le premier ministre demeurait près de la population.
«Il rencontrait des gens dans son bureau, écoutait leurs doléances, témoigne Mme Rodrigue. Il rencontrait les petites entreprises, les commerçants. Il était très aimé. Et il était très accessible, très humble.»
Elle donne pour exemple de cette humilité l’intérêt que portait M. Lévesque pour la binerie Chez Gerry, située près du bureau de circonscription, à l’époque sur le boul. Curé-Poirier. Les fèves au lard y étaient fameuses, trouvait-il. «Il fallait voir la face de la serveuse et du propriétaire quand il arrosait ça de sel et de poivre! Et il demandait une bouteille de tabasco dans tous les restaurants où il allait», relate la Longueuilloise.
Il lui arrivait aussi de profiter d’un moment où ses gardes du corps avaient le dos tourné pour aller manger seul au restaurant de smoked meat d’en face.
«Tout le monde allait tout le temps lui parler. Nous, son équipe, on lui disait «M. Lévesque» gros comme le bras, mais les gens l’appelaient Ti-Poil!»
-Luce Rodrigue, attachée politique de René Lévesque
Tant les rencontres formelles qu’informelles étaient des moyens pour M. Lévesque de «tâter le pouls». «Il voulait connaître les besoins des gens, ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas.»
La dernière équipe du bureau de Taillon, en août 1985: Michel Lapierre, France Descôteaux, Luce Rodrigue, René Lévesue, Arlette Dubois, Réal Brais. (Photo gracieuseté)
Souvenir de référendum
Durant la campagne pour le Oui dans les mois précédant le référendum, René Lévesque a livré à quelques reprises des conférences de presse dans sa circonscription.
Durant la journée du 20 mai 1980, Luce Rodrigue accompagnait M. Lévesque dans sa voiture afin de faire la tournée des bureaux de scrutin.
«Taillon, c’était très souverainiste. Pour vous donner une idée de comment il était ben vlimeux, il avait demandé au chauffeur de passer devant le bureau du Non, un local dans un petit centre d’achat. Il avait amené la limousine là! Il trouvait ça drôle!» se remémore-t-elle en riant.
Dans les bureaux du Courrier du Sud, en avril 1980. (Photo: Gracieuseté - Bernard Brault)
Nombreuses réalisations pour Taillon
Luce Rodrigue n’hésite pas à dire que René Lévesque a «mis Longueuil sur la mappe», alors que plusieurs installations, comme l’hôpital Pierre-Boucher, l’usine d’assainissement des eaux, le palais de justice et les premiers «centres d’accueil» (ancêtres des CHSLD) ont vu le jour durant ses deux mandats dans Taillon.
«Ça aidait d’être premier ministre…» concède celle qui a œuvré en politique pendant de nombreuses années, notamment auprès de Pierre-Marc Johnson, Pauline Marois et Caroline St-Hilaire.
Elle est également fière de nommer la création de la radio communautaire ainsi que l’aménagement de la promenade le long du fleuve parmi les réalisations du fondateur du Parti québécois. C’est aussi lui qui a permis l’ajout de passerelles à la seule existante à l’époque entre Longueuil et le Saint-Laurent.
En avril 1980. (Photo: Gracieuseté - Bernard Brault)
«Il trouvait ça effrayant que Longueuil soit coupé du fleuve par l’autoroute. Il voulait redonner cet accès aux Longueuillois», évoque Mme Rodrigue.
Tant à l’échelle locale que national, elle estime qu’il a fait beaucoup pour le peuple québécois. «Peu importe avec qui vous parlez, tout le monde qui l’a connu a un excellent souvenir de René Lévesque. On s’ennuie de lui!»