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Rue Saint-Charles : piétonnisation devancée, même durée

Il y a 3 heures
Modifié à 15 h 43 min le 13 mai 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La rue Saint-Charles piétonne, à l’été 2024 (Photo : Le Courrier du Sud – archives)

À nouveau cette année, la rue Saint-Charles sera piétonne pour une période de trois mois. Mais afin de répondre à une demande des commerçants, la piétonnisation débutera plus tôt, soit le 31 mai plutôt qu’à la Fête nationale, pour prendre fin à la fête du Travail.

«Dans un esprit de compromis», la Ville dit avoir acquiescé à la demande de ne plus couvrir la période de septembre. L’an dernier, la piétonnisation s’était prolongée jusqu’au Lumifest, au début octobre.

«La piétonnisation demeure extrêmement populaire chez les usagers et les résidents, c’est pourquoi nous recherchons un équilibre», poursuit la Ville, assurant qu’elle travaille en continu avec les commerçants et la société de développement commercial (SDC) Espace Saint-Charles. 

Un bilan de la piétonnisation 2023 montre que 83% des usagers en étaient satisfaits.

Autre nouveauté cette année : le stationnement Saint-Antoine, entre les rues Grant et Saint-Alexandre, sera transformé en placette (voir autre texte). 

Des commerçants favorables, mais…

Si Longueuil témoigne de l’engouement de la population pour la piétonnisation, les commerçants se montrent plus modérés.

Une part de 58% des répondants à un sondage d’Espace Saint-Charles sont favorables à la piétonnisation de la rue Saint-Charles pendant la période estivale. 

Ce sont les services qui se montrent le plus favorable (77%). Chez les commerçants (catégorie qui regroupe par exemple boutiques de vêtements, pharmacie, épicerie), seulement 30% sont favorables. 

Du côté des restaurants, une majorité accueille la piétonnisation de manière positive (62%).

Notons toutefois que les répondants en faveur sont en majorité dans la zone piétonne.

«Il y a un accueil favorable auprès des commerçants», observe la directrice générale de la société de développement commercial, Viviane Caron. 

Quelque 36 répondants ont répondu au sondage mené en mars.

Par ailleurs, une majorité de répondants (58%) souhaitait que la durée de la piétonnisation soit écourtée. Seulement 11% espérait la voir prolongée. 

Pas nécessairement plus de clients

S’il est tentant de croire que la fermeture de la rue ainsi que l’ajout de mobilier urbain et d’animation donnent un coup de pouce aux commerçants, le sondage montre un autre portrait, alors que seulement 8% des répondants ont vu leur clientèle augmenter.

Une part importante des répondants (31%) observe même une diminution de la clientèle. Un tiers a noté aucun impact. 

Où se stationner ?

À la liste des désavantages de la piétonnisation trône l’enjeu de stationnement : 72% l’identifient comme le principal irritant. La moitié cible aussi une difficulté d’accès pour la clientèle et le tiers répond que les clients évitent le secteur. 
Mme Caron reconnait qu’il s’agit d’un enjeu. «On veut améliorer la diffusion, explique-t-elle. Il y a des stationnements gratuits, on a une collaboration avec le Centre dentaire Lapointe et on regarde à bonifier avec d’autres collaborations.»

Elle dit travailler avec Longueuil pour faire connaître l’offre actuelle, qu’elle croit méconnue.

Longueuil abonde dans le même sens alors que les stationnements incitatifs sont «rarement complets», relève la Ville.

Le stationnement du Centre de services scolaire Marie-Victorin (sur rue Saint-Laurent Est), celui du Centre dentaire Lapointe (116 rue Guilbault), le stationnement Chaboillez, les stationnements municipaux et le stationnement sur rue entre Saint-Jacques et chemin de Chambly seront à nouveau gratuits durant la piétonnisation. Ils totalisent 289 places. 

Un aide-mémoire sera publié sur le site de la Ville à cet effet.

Vers plus d’animation

L’amélioration de l’attractivité de la rue, la création d’un environnement plus agréable et l’organisation de grands événements figurent à la liste des avantages, selon les commerçants.

«L’une des pistes d’amélioration est l’ajout d’activités. Il y a un arrimage à faire avec les commerçants», avance Mme Caron. Elle relève entre autres le succès de l’exposition de voitures anciennes au stationnement Chaboillez, l’an dernier.

La SDC et les commerçants travaillent à ajouter de l’animation à la rue, en plus de l’offre de la Ville. 

La Ville dit être en train «d’évaluer cette possibilité» d’ajuster la réglementation pour permettre la tenue de spectacles ou autres animations hors que sa propre offre.

Rappelons qu’Un projet pilote de piétonnisation de la rue Saint-Charles a été mis en place à l’été 2020, en pleine pandémie. Une voie avait été maintenue pour la circulation, et l’autre était accessible aux piétons. Des clôtures séparaient les deux voies. 

L’expérience, qui permettait aussi aux restaurateurs d’agrandir leur terrasse, a été renouvelée en 2021. C’est en 2022 que la piétonnisation a impliqué la fermeture complète de la rue.


 
Plus dynamique avant ?

L’une des commerçantes à qui Le Courrier du Sud a parlé concernant le stationnement Saint-Antoine transformé en placette (voir autre texte) trouve que peu de commerçants ont répondu au sondage d’Espaces Saint-Charles. «Il y a eu une trentaine de répondants, alors qu’on est plus d’une centaine sur la rue.»

Elle croit que davantage de commerçants sont défavorables à la piétonnisation que ce que laisse paraître ce coup de sonde.

Une autre propriétaire juge pour sa part que la piétonnisation ne fait pas de la rue Saint-Charles un lieu plus dynamique. «Saint-Charles était plus festive avant.  C’était une rue vivante. Il y avait le festival des percussions, on fermait la rue pour cet événement. Il y avait de l’action, ça bougeait. Maintenant, les gens voient la zone et ne savent pas toujours ce qu’il se passe.»