Sacs de farine et recherche d’avion : comment l’aide pour l’Ukraine se mobilise à Saint-Lambert

Le drapeau ukrainien a été hissé à l’hôtel de ville de Saint-Lambert. (Photo : Gracieuseté)
Émues par les profondes conséquences qu’engendre la guerre en Ukraine, deux Lambertoises se mobilisent pour aider la population affectée par l’invasion russe. Elles étaient toutes deux présentes à la séance du conseil municipal du 21 mars afin d’informer les citoyens des mesures qui peuvent être prises.
Enfant, Marta Zybko a quitté sa Pologne natale en 1980, alors que ses parents craignaient une intervention soviétique accrue. Celle qui réside aujourd’hui à Saint-Lambert est ainsi profondément interpellée lorsqu’elle voit des jeunes enfants quitter l’Ukraine contre leur gré.
«Je croyais partir en vacances», raconte au Courrier du Sud celle qui désire maintenant redonner ce qu’elle a reçu de la communauté québécoise.
Ces dernières semaines, Mme Zybko met ses énergies sur les biens qui sont acheminés en Ukraine, pour ceux qui sont restés au pays. Elle suggère d’ailleurs à ses concitoyens de penser leurs dons en fonction de la réalité sur le terrain.
«Sur la ligne de front, ils n’ont plus rien, ils sont cachés dans les ruines, alors ils ont besoin d’aliments comme des cannes de thon, des barres énergétiques ou des grignotines, explique-t-elle. Ils ont en outre besoin de bandages, de bas thermiques et des effets d’hygiène personnelle.»
Elle soutient par ailleurs que les items comme des vêtements ou des jouets ne sont plus envoyés en Ukraine, seulement les biens essentiels de survie.
«On tient à le rappeler, car tous les jours, les gens viennent avec des sacs de vêtements, mais il n’y a plus de place pour les autres items que ceux de survie. C’est important qu’ils comprennent la situation.»
De Montréal à Varsovie
Les envois d’aide pour l’Ukraine partent en ce moment de Toronto ou d’Halifax, pour Varsovie en Pologne. De là, des camions se dirigent vers l’Ukraine pour acheminer les biens.
Mme Zybko souhaite toutefois trouver le moyen de noliser un vol directement de Montréal pour aller à Varsovie. Celle qui vient du domaine de la finance travaille ainsi avec les gouvernements et compagnies de transport afin d’y arriver.
Elle sollicite d’ailleurs les dons en argent, afin notamment d’aider à l’acquisition d’un avion, dont les coûts sont évidemment onéreux. Elle souligne en outre la générosité dont ont fait preuve les gens depuis le début de cette crise.
Pour les dons en argent ou en matériel, Mme Zybko invite la population à contacter l’église catholique ukrainienne St-Michel Archange de Montréal à l’adresse ukrainianchurch.stmichael@gmail.com.
Sac de farine
Si Marta Zybko s’occupe des biens acheminés en Ukraine, Anna Klisko s’occupe pour sa part des biens qui seront donnés aux ressortissants qui arriveront bientôt dans la province.
Née à Montréal de parents ukrainiens, la mère de trois enfants indique que plusieurs dons de vêtements, couches, lingettes et nourriture pour bébé ont été reçus et que la priorité aujourd’hui est plutôt la nourriture non périssable ou les cartes-cadeaux d’épicerie, par tranche de 20 ou 25$.
«S’il y a une chose que les gens de Saint-Lambert peuvent prioriser, c’est l’achat de farine, ajoute-t-elle. Pourquoi la farine? Parce qu’une famille ukrainienne peut nourrir tout le monde avec un bon sac de 10 kg de farine. C’est le plus beau cadeau qu’on peut faire à une famille qui a fui la guerre.»
Mme Klisko souligne en outre d’importants enjeux d’entreposage, les églises ukrainiennes de Montréal étant notamment pleines. Elle invite ainsi les citoyens qui veulent contribuer et qui ont de l’espace, dans leur garage par exemple, à se manifester.
Mini Nations unies
Dès le début de la guerre, la mobilisation auprès de la communauté ukrainienne s’est rapidement organisée, explique Marta Zybko.
Plusieurs bénévoles de toutes les nationalités, incluant des Russes, se rendent tous les jours dans les églises ukrainiennes des rues d’Iberville et Bellechasse, à Montréal, pour offrir leur aide.
«C’est comme des mini Nations unies. C’est beau à voir», souligne Mme Zybko.