Saint-Hubert : une garderie privée fermera ses portes, faute d'aide gouvernementale

La garderie est située dans l'immeuble de l'entreprise Agropur. (Photo : Le Courrier du Sud - Guillaume Gervais)
Les parents d’enfants fréquentant la garderie privée Les sentiers de l’enfance, dans l’arr. Saint-Hubert, ont appris la semaine dernière que l’établissement fermera ses portes en janvier. La garderie n’arrive pas à combler toutes ses places et souhaitait devenir un milieu subventionné, mais dit ne pas avoir reçu de réponse positive du ministère de la Famille. Ce dernier répond ne pas avoir eu de demande de conversion de la garderie lors de son dernier appel de projets.
La garderie éducative Les sentiers de l’enfance est située dans l’immeuble de l’entreprise Agropur dans le secteur industriel de Saint-Hubert. «La raison pour laquelle on ferme, c’est parce qu’on n’a pas assez d’enfants à notre garderie. On a une capacité de 80 enfants et on en a 38 et c’est parce qu’on n’est pas converti», explique la directrice Mélissa Normandin.
Elle souligne que depuis l’ouverture de la garderie en 2017, l’objectif était de devenir un milieu subventionné puisque les familles préfèrent ce type d’installation. «Il y a des milieux subventionnés qui ouvrent autour de nous. On a des familles qui quittent pour ces installations. On est un organisme à but non lucratif, si on avait pu avoir un CPE dès le départ, ça aurait été l’objectif premier», indique-t-elle.
Dans un courriel envoyé aux parents le 30 novembre, dont le Journal a obtenu copie, la direction a expliqué que l’ouverture récente d’une garderie subventionnée à proximité a entrainé le «départ en bloc de 12 enfants, dans un contexte où notre garderie ne fonctionnait déjà pas à plein régime. Cette perte de revenus a été un gros coup dur».
Le tarif quotidien de la garderie Les sentiers de l’enfance est de 61 $ par enfant alors que celui d’un milieu subventionné est de 9,10 $. La subvention du gouvernement permet de couvrir certains frais liés à la garderie. Dans le cas d’une garderie privée, l’unique source de revenus pour opérer est la contribution parentale.
Pas de demande selon le ministère
«Les démarches auprès du ministère de la Famille pour être converti en CPE étaient infructueuses, pour des raisons purement administratives, écrit la garderie dans le courriel. Par exemple, la garderie ne pouvait pas être convertie parce qu’elle n’était pas située dans le territoire visé par le Ministère pour convertir des garderies.»
La direction a sollicité l’aide du Ministère à nouveau récemment devant l’urgence de la situation, sans succès, dit-elle.
Le ministère de la Famille, de son côté, affirme que «lors du dernier appel de projets pour le projet pilote de conversion de garderie non subventionnée en CPE, la garderie Les Sentiers de l’Enfance n’a pas fait de demande en ce sens, et ce, malgré le fait qu’elle respectait les critères d’admissibilité».
Il ajoute avoir informé la garderie qu’une demande pourra être déposée dans le cadre d’un «éventuel appel de projets pour l’attribution de places subventionnées dans le respect des budgets alloués et selon des critères, lesquels ne sont pas déterminés à l’avance». Le Ministère évalue «si d’autres avenues peuvent être envisagées pour le maintien des places» dans la garderie.
Des parents découragés
Camille Dubé, maman de deux enfants qui fréquentent la garderie, est découragée puisqu’elle vit une deuxième fermeture de garderie en un an. La garderie précédente était dans un milieu familial. «Je suis déçue et découragée que nous mettions mes enfants à la porte de leur milieu de garde. Je suis encore plus dégoûtée que cela se fasse si proche de la fin de l’année alors que les éducatrices comptent sur cet emploi pour subvenir aux besoins de leurs familles», confie-t-elle au Courrier du Sud.
Elle adorait cette garderie. «Les services proposés par l’OBNL surpassent de loin ceux des environs; il y a des sentiers pédestres où les enfants peuvent marcher, deux grandes cours avec jeux d’eau, une grande salle pour organiser des fêtes et des parcours de motricité. C’est un environnement idéal dans lequel les enfants se développent et s’épanouissent», explique-t-elle. Même son de cloche du côté de Patrick Fontaine-Annett, dont le fils fréquente la garderie. «Tout un choc et une déception pour nous, car le personnel, le niveau d'encadrement, les installations...tout est génial», a-t-il dit.
Mme Dubé est en colère envers le Ministère. «Le refus catégorique du ministère de la Famille de les aider est une aberration. Le milieu de garde est déjà fonctionnel avec une dizaine de locaux, du matériel pédagogique à ne plus savoir quoi en faire, une cuisine, des toilettes adaptées aux petits, une petite bibliothèque et beaucoup d’espace. Et on voudrait la fermer alors qu’elle est parfaitement opérationnelle et adéquate», a-t-elle dénoncé.
Certains se questionnent sur l’aide qu’Agropur pourrait apporter à la garderie étant donné que le milieu de garde est dans son immeuble et que des enfants d’employés fréquentent la garderie. Questionnée à ce sujet, Mylène Dupéré, vice-présidente aux communications chez Agropur, a mentionné qu’Agropur ne demande pas de loyer à la garderie, et ce, depuis son ouverture. L’entreprise s’occupe également de l’entretien ménager sans frais. Elle souligne que les enfants d’employés d’Agropur représentent moins de 30 % de ceux qui fréquentent la garderie.
Une pétition signée par plus de 1000 personnes a été mise en ligne par une maman demandant au Ministère de revenir sur sa décision.