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Santé mentale: Cri du cœur pour une maison d'hébergement en Montérégie

le jeudi 15 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 15 octobre 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ORGANISME. La Société de schizophrénie de la Montérégie (SSM) rêve de mettre sur pied une maison d'hébergement pour personnes atteintes de maladie mentale, avec contraintes sévères à l'emploi. Actuellement, la Montérégie ne compte aucun service de la sorte et la SSM souhaite combler le vide.

La Maison Le Triomphe offrirait un environnement supervisé, notamment par des infirmières et intervenants de CLSC. Ce service permettrait une transition, une réinsertion sociale. La SSM a déjà dans sa mire un bâtiment à vendre près de l'arr. de Saint-Hubert, qui pourrait convenir au projet.

«Nous imaginons une maison avec une fermette, pour organiser des activités extérieures et intérieures, avec un jardin communautaire aussi. Pour que ces personnes puissent se valoriser, se réaliser», fait valoir la directrice générale de la SSM, Lucie Couillard.

La fermeture d'unité de soins dans des centres psychiatriques comme l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal fait craindre à la SSM une hausse du nombre de sans-abris et des besoins en hébergement. Si l'Institut parle de transferts plutôt que de coupes, puisque des services seront davantage développés à l'extérieur des murs de l'hôpital (équipes de professionnels, d'infirmiers, d'éducateurs, etc.), Mme Couillard ne peut que constater que ces services ne sont pas encore au rendez-vous.

Sa fille de 38 ans, atteinte de schizophrénie, perdra sa place à l'Institut en décembre, avec la fermeture d'une unité de soins. Pourtant, elle ignore toujours où elle sera hébergée. «Nathalie a des besoins bien spécifiques. Elle ne peut pas faire ses repas, ni faire son lavage. Il existe des hébergements, mais pour des gens autonomes, souligne-t-elle. Je dis oui à la désinstitutionalisation, mais pas à n'importe quel prix. Actuellement, les services ne sont pas là.»

Selon Mme Couillard, les réorientations du programme Action d'Emploi Québec, misant davantage sur le savoir-faire, sont également problématiques. «Les critères d'admissibilité se resserrent. On a perdu trois participants cette année. Si quelqu'un vit avec des contraintes sévères à l'emploi, il ne peut pas retourner au travail, il y a un vide pour ces gens-là!»

Contexte difficile

Mme Couillard ne se fait cependant pas d'illusion. Évaluée à 2 M$, la Maison Le Triomphe ne se réalisera pas en un claquement de doigts. La SSM a déjà cogné à des portes, des infirmières et des CLSC ont été approchés, mais «les temps sont difficiles pour tout le monde, il y a des coupes, un budget d'austérité, on n'est pas fou!», relate Mme Couillard, précisant que même l'avenir de la SSM, qui vit avec moins de 50 000$ par an, est incertain. «On vit une tension.»

Tant pour ce projet que pour la poursuite de ses activités, la SSM mise entre autres sur une collecte de fonds, avec le spectacle Chansons du monde, par Laura Sotomayor. L'événement, organisé autour d'un cocktail, d'un buffet puis d'un spectacle, se déroulera le 13 novembre à la Maison Kekpart. Les billets sont en vente au coût de 50$.