Secteur Pacific: Trois refoulements d'égouts en trois ans

POURSUITE. Le 6 juillet 2013, l'eau d'égout se met à monter dans le sous-sol de la résidence de Philippe Côté, sur la rue Lafredière, dans l'arr. de Saint-Hubert. La lumière d'urgence de la station de pompage au bout de la rue s'allume; la station ne fournit plus. Le citoyen avise la Ville, les spécialistes confirment que les branchements à sa résidence sont conformes, les assurances remboursent. En 2014, le scénario se répète. Idem en 2015…
Philippe Côté a depuis engagé une poursuite contre la Ville de Longueuil, par le biais de sa compagnie d'assurances. Il juge la municipalité responsable du refoulement d'égout survenu le 27 juillet 2015 et la somme donc de payer les dommages évalués à 9438$.
Actuellement, la compagnie d'assurances refuse d'assurer à nouveau M. Côté pour les refoulements d'égout, à moins qu'il ne dote sa maison d'un dispendieux système de blocage d'entrée d'eau avec, au sous-sol, des détecteurs reliés à une centrale. La compagnie exige également que la Ville lui affirme dans une lettre que les correctifs nécessaires ont été apportés au système d'égout. Malgré ses nombreuses demandes, M. Côté n'a pour l'instant pas réussi à obtenir une telle lettre.
«Je ne suis pas du genre à me plaindre. J'ai trois enfants, je suis très occupé, mais je n'avais plus le choix; il y a un problème et personne ne s'en occupe, s'indigne-t-il. Les spécialistes de la Ville, les élus; ils sont tous venus, ils se sont tous dit exaspérés et m'ont tous joué du violon! Et j'attends toujours!»
Après chacun des sinistres, M. Côté a contacté le service des Travaux publics, la lumière de la station de pompage située à l'intersection des rues Pacific et Lafredière étant allumée.
Un responsable de la Ville, accompagné du même plombier, s'est chaque fois déplacé à sa résidence et a confirmé que son système n'était pas défaillant. En 2013 et en 2014, on lui avait assuré que des modifications seraient apportées «sous peu» au réseau d'égout.
«La Ville a dit qu'elle allait s'en occuper. Une firme devait faire une analyse du système, mais la Ville n'a pu me dire quand ce serait fait. Ça n'a plus d'allure! Chaque fois, ce sont nous qui payons!»
Le premier refoulement d'égout, survenu à peine un an après que M. Côté ait emménagé, a causé des dommages d'environ 10 000$ à sa résidence. Lorsque la situation s'est répétée en 2014, le résident était sur les lieux et a pu limiter les dégâts. Il a cependant eu moins de chance en 2015, devant réclamer encore une fois près de 10 000$ de dommages, ce qui a entraîné à nouveau des mois de rénovations.
Inspections concluantes
En février, quand Philippe Côté a exposé la situation au conseil municipal, la mairesse Caroline St-Hilaire a pris la parole, assurant que la Ville était au fait de la situation.
«Je tiens à présenter mes excuses aux citoyens, a-t-elle adressé. Je prends l'engagement d'en faire une priorité collective parce que ça n'a pas de bon sens d'avoir trois refoulements en trois ans. Je comprends l'impatience et je la partage totalement.»
La conseillère du district des Maraîchers, Lorraine Guay-Boivin, a aussi précisé que des inspections étaient en cours dans les résidences du secteur. Depuis, tous les bâtiments du secteur Pacific ont été inspectés, à l'exception d'un seul, «qui fait présentement l’objet d’un litige à la cour municipale», précise l'agent d'information à la Ville, Renaud Beauchemin.
En février, Lorraine Guay-Boivin expliquait que la Ville procédait à ces inspections et envoyait des lettres aux résidents «pour leur expliquer comment se raccorder au réseau, car certains n'avaient pas les bons raccordements: ils envoyaient leur eau – leur sum pump – dans l'égout pluvial, ce qui fait que lorsqu'il pleut, ça donne un coup d'eau et ça devient problématique», avait-elle détaillée.
Les inspections ont permis de conclure qu'environ 10% des bâtiments du secteur avaient un branchement à l'égout sanitaire qui n'était pas réglementaire. Plus de 90% de ces branchements ont été corrigés et sont maintenant conformes à la réglementation.
«Une campagne de mesure de débit a été réalisée dans le réseau d'égout du secteur Pacific en avril et mai. De manière générale, la Ville a constaté une nette amélioration de la situation», note Renaud Beauchemin.
Étant donné les procédures judiciaires en cours, la Ville de Longueuil a refusé de commenter le cas précis de M. Côté.
Un problème répandu
Philippe Côté n'est pas le seul résident du secteur Pacific à avoir subi des refoulements d'égouts répétés. Dominic Savaria, résident de la rue Dugué, a vécu une situation similaire en 2015.
«C'était tout juste après de grosses pluies. Même le bassin de rétention débordait. J'étais à la maison, alors j'ai pu limiter les dommages, mais si je n'avais pas été là, les dégâts auraient pu être importants.»
Après avoir sondé plus de 50 personnes du quartier, M. Savaria a découvert qu'une vingtaine d'entre eux avaient connu au moins un refoulement d'égout au cours des dernières années.
«La première fois, plusieurs ont dû se dire que c'était à cause des pluies fortes. Mais après deux ou trois fois, on voit bien qu'il y a un problème.»
M. Savaria est convaincu que le système d'égout n'est pas conçu pour autant de maisons. «Au bout de la rue [dans le bassin de rétention], il y a deux tuyaux de 12 pouces qui se déversent dans un tuyau de 12 pouces. C'est sûr que ça ne marche pas! La Ville le sait et essaie de gagner du temps!»