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Serre verticale à Longueuil : l'UPA n'en revient toujours pas

le vendredi 30 septembre 2022
Modifié à 16 h 21 min le 03 octobre 2022
Par Sylvain Daignault, Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Le directeur général de l’UPA, Charles-Félix Ross. (Photo gracieuseté)

L’ouverture prochaine de la ferme verticale de GoodLeaf sur boulevard Clairevue dans l’arr. de Saint-Hubert à Longueuil, qui se consacrera à la production de pousses (bébés roquettes, bébés épinards et autres), ne fait pas que des heureux. L’Union des producteurs agricoles (UPA) ne voit pas d’un bon œil ce projet qui pourrait signifier la disparition prochaine de 38 hectares de terres cultivables.

Pour l’instant, la ferme verticale en construction, d’une superficie de 70 000 pieds carrés, occupe 12 hectares de terrain. La capacité de production sera de plus d’un million de livres, avec la possibilité de l’augmenter à près de 3 millions de livres. On ignore pour l’instant si l’entreprise étendra sa production au reste de la superficie acquise.

Joint au téléphone par le Courrier du Sud, le directeur général de l’UPA, Charles-Félix Ross, n’en revient tout simplement pas.

«Ce n’est pas un projet qui nous plaît de prime abord. On a déjà des producteurs en serres au Québec. Il s’agit d’entreprises familiales. Or, le modèle qui nous est proposé, c’est une production de type industrielle», estime M. Ross.

Autre raison du mécontentement de l’UPA : la disparition de terres agricoles.

«Les installations de Goodleaf sont construites sur d’excellentes terres agricoles. Pour l’instant, elles occupent douze hectares. Mais Goodleaf a acheté au total trente-huit hectares de bonnes terres. Que se passera-t-il quand Goodleaf va agrandir ses installations? Ils vont bétonner le tout. Et une fois que les terres agricoles disparaissent, c’est impossible de revenir en arrière», souligne le directeur général de l’UPA, qui aurait préféré voir s’installer Goodleaf dans un parc industriel.

Pas contre la culture en serre

M. Ross constate que l’emplacement choisi par Goodleaf pour installer sa serre verticale, à proximité de l’autoroute 30 et de l’aéroport de Saint-Hubert, est très stratégique. «Et comme le terrain est toujours zoné agricole, 70% des taxes municipales seront payées par le gouvernement du Québec», ajoute-t-il.  

«Qu’on me comprenne bien, insiste M. Ross, l’UPA n’est pas contre la culture en serre. Mais certains pensent qu’on peut se passer de terres agricoles pour vivre. Mais ce n’est pas le cas.»

«On n’atteindra pas l’autonomie alimentaire au Québec juste en faisant pousser des choux et des radis !» 
- Charles-Félix Ross, directeur général de l’Union des producteurs agricoles

Le directeur général de l’UPA rappelle que seulement 1,5% du territoire du Québec est cultivé, soit 2,1 millions d’hectares.

En février 2021, McCain Foods, du Nouveau-Brunswick, annonçait un investissement de 65 M$ dans TruLeaf, société mère de GoodLeaf. Quelques mois plus tard, la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) autorisait GoodLeaf à acquérir 38 hectares de terres cultivables au Québec. Le Courrier du Sud a parlé de la venue de ce projet le 25 octobre 2021.