Actualités

Service de sécurité incendie : de plus en plus d’appels reliés au climat

le mercredi 28 mai 2025
Modifié à 16 h 51 min le 26 mai 2025
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Si le nombre d’incendies a tendance à demeurer stable, les appels concernant des événements reliés au climat sont en augmentation sur le territoire du SSIAL. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ archives)

Le Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil (SSIAL) a connu une activité soutenue en 2024, avec 10 309 interventions comparativement à une moyenne de 7790 au cours des vingt dernières années. Et selon son directeur Jean Melançon, de plus en plus d’interventions sont directement reliées au climat.

«On dirait que des événements qui se produisaient une fois aux cent ans se produisent chaque année maintenant», lance le directeur du SSIAL, faisant ici référence aux épisodes de temps violents et de pluies abondantes soudaines causant des inondations.

Le SSIAL a répondu à 349 appels supplémentaires liés à des vérifications, en grande partie attribuables aux pluies torrentielles causées par les restes de l’ouragan Debby, les 9 et 10 août. Durant cette période, les interventions ont grimpé de 48 % par rapport à août 2023. 

À l’inverse, le mois de décembre a connu une baisse significative des appels, conséquence probable d’un hiver plus doux, peut-on lire dans le Rapport des activités 2024 du SSIAL.

Les pertes matérielles ont bondi de 13 M$ en 2024 comparativement à 2023, pour s’élever à plus de 27,7 M$. Cette augmentation pourrait s’expliquer par la hausse des valeurs foncières ainsi que les incendies supplémentaires enregistrés par rapport à 2023. 

Rapidité d’intervention

En moyenne au Québec, 19 000 incendies éclatent annuellement et 35 personnes perdent la vie. Sur le territoire du SSIAL en 2024, 225 incendies se sont déclarés contre 168 en 2023 et on ne rapporte aucun décès contre deux en 2023.

Pour M. Melançon, la rapidité d’intervention de ses équipes fait toute la différence. «Après le signalement d’un incendie, dix pompiers doivent être sur place en dix minutes. Chez nous, la première unité arrive généralement dans les cinq premières minutes», souligne-t-il.

Il raconte que des pompiers ont pu sauver la vie de deux hommes lors d’interventions : in extremis lors d’un incendie à Boucherville et en procédant à des manœuvres de réanimation à Brossard.

Avec 225 feux de bâtiments en 2024, le SSIAL est en plein dans la moyenne des 20 dernières années (223). La négligence est en cause dans 95 cas. 

Importance des unités spécialisées

En raison de la diversité géographique de l’agglomération de Longueuil, entre terres agricoles, sentiers, montagnes, parcs régionaux et nationaux, la présence du fleuve ainsi que d’autres espaces naturels, de nombreuses activités extérieures engendrent des risques d’incidents nécessitant l’intervention d’unités spécialement entraînées, insistent le directeur Melançon et le directeur-adjoint Daniel Lemonde.

Ainsi, une quarantaine d’interventions ont été réalisées par l’équipe nautique qui compte 32 pompiers en 2024. 

«En voici quelques exemples : une femme et deux enfants en planches à pagaies sont perdus et épuisés; un homme et ses deux enfants sont tombés à l’eau à partir du quai; deux kayakistes sont en difficulté et incapables de rejoindre la rive; une motomarine à la renverse à la dérive; découverte d’un cadavre de chien dans un sac de couchage. Rappelez-vous aussi l’accident impliquant la navette fluviale en juin», lance le directeur.

Dans l’après-midi du 27 juin 2024, une collision est survenue entre la navette fluviale Navark et une embarcation de plaisance dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de l’île Charron. Neuf passagers sur la quarantaine à bord de la navette ont subi des blessures mineures. 

En juin 2024, l’équipe nautique du SSIAL est intervenue sur le Saint-Laurent à la suite d’une collision entre un bateau de plaisance et une navette fluviale. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ archives)

De son côté, depuis sa mise en service en avril 2024, l’équipe de sauvetage hors route (SHR) a répondu à 9 interventions sur le territoire de l’agglomération de Longueuil. L’équipe SHR est composée de 24 pompiers spécialisés, dont la mission est de secourir les personnes en détresse dans des zones difficiles d’accès. 

«L’équipe SHR se rend là où les ambulances et les véhicules de pompier sont incapables d’aller. Certains endroits du parc Michel-Chartrand et du parc du mont Saint-Bruno, par exemple, sont difficiles d’accès pour nos véhicules. Il y a quelques semaines, un petit avion s’est écrasé dans un champ à Saint-Bruno. Et c’est l’équipe de sauvetage hors route qui est intervenue», signale le directeur.

Déraillement de train : une gestion de crise exemplaire

L’un des faits marquants de l’année, indique le directeur du SSIAL, reste le déraillement d’un train transportant du peroxyde d’hydrogène, survenu le 14 novembre à la gare de triage du CN à Longueuil. 

Malgré des ressources déjà mobilisées sur un incendie majeur dans un immeuble résidentiel, la réaction du SSIAL a été rapide. «Un plan de confinement de 800 mètres a été mis en place, la route 116 fermée et le Plan municipal de sécurité civile activé», note-t-il.

«Le plus important dans ce genre d’événement, c’est d’arrimer tous les intervenants ensemble afin d’avoir la même lecture de l’événement, précise le directeur-adjoint qui était en charge des opérations. Il est très important également de ne pas précipiter les choses.»

L’incident a nécessité une coordination d’envergure entre divers acteurs municipaux et a fait l’objet d’une enquête du Bureau de la sécurité des transports (BST).

Quelques chiffres

  • 371 membres dont 177 pompiers réguliers
  • flotte de 82 véhicules
  • Sur quelque 600 services d’incendie au Québec, le SSIAL est le 3e plus gros avec Laval, juste derrière Montréal et Québec.   
  • Depuis 2018, le budget du SSIAL est passé de 39,5 M$ à près de 50,5 M$.