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Site de la future Maison des aînés de Longueuil: terrain de discorde entre la mairesse et l’opposition

le jeudi 15 novembre 2018
Modifié à 16 h 45 min le 15 novembre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

SERVICES. La mairesse Sylvie Parent et l’opposition ne s’entendent pas sur le site qui devrait accueillir la future Maison des aînés. En septembre 2017, l’administration de Caroline St-Hilaire avait annoncé que la Maison des aînés prendrait place au 1, boul. Curé-Poirier Est, entraînant la démolition du centre Jeanne-Dufresnoy. «La maison sera dotée de salles polyvalentes, d'un gymnase, d'une salle d'entraînement et de bureaux administratifs et respectera les principes d'accessibilité universelle», annonçait-on juste avant les élections. Selon les interventions de l’opposition au cours des derniers mois, cela semblait être encore l’option privilégiée par l’équipe de Sylvie Parent. À la séance du conseil municipal du 13 novembre, le conseiller de l’opposition Michel Lanctôt a ouvertement annoncé les couleurs de son parti, qui est d’avis que «le site adjacent au colisée Jean-Béliveau [1710, boul. Curé Poirier Est] serait plus approprié». M. Lanctôt a même déposé un avis de proposition demandant à la Ville d’entreprendre les démarches nécessaires «pour que la future Maison ait pignon sur rue au terrain adjacent du colisée». Parmi les terrains dont la Ville est propriétaire, cet emplacement arriverait au premier rang d’une grille de pointage établie par la direction de l’aménagement et de l’urbanisme, comparant 15 différents sites envisagés parmi les terrains détenus par Longueuil. En comparaison, le 1, boul. Curé-Poirier Est figurerait au cinquième rang, avance le conseiller. «De ces 15 sites, 4 sont considérés à potentiel élevé, 7 présentent un potentiel modéré et 4 ont un potentiel faible», a ajouté en entrevue l’attaché de presse de l’opposition Francis Dubreuil. Le terrain voisin du colisée Jean-Béliveau est à potentiel élevé, le 1, Curé-Poirer Est, à potentiel modéré. L’analyse est basée sur différents critères, dont l’accessibilité en transport, la compatibilité avec l’environnement et les contraintes d’aménagement. M. Dubreuil fait aussi valoir que le terrain près du centre sportif pourrait mieux répondre aux besoins actuels et futurs de la ville. Longueuil compte actuellement près de 80 000 aînés de 55 ans et plus sur son territoire, ce qui représente près de 18% de la population. Selon les projections, la proportion sera de 25% dès 2031. En plus d’être à proximité du parc Michel-Chartrand, du centre multisport, de nombreux commerces et de services, ce site serait moins coûteux que le 1, Curé-Poirier, qui entraîne des coûts de démolition du centre Jeanne-Dufresnoy, la relocalisation temporaire des organismes actuellement au centre et la nécessité de construire un stationnement intérieur. Le coût de la construction sur le site près du colisée Jean-Béliveau est estimé à 16,6 M$. À l’autre site, il serait estimé à 19,5 M$, incluant 2,8 M$ pour la construction du stationnement souterrain. À la séance du conseil, Michel Lanctôt se désolait du «retard» qu’accuse la Ville dans ce dossier. «Nous considérons que la décision sur le site de la future Maison ne doit pas être prise à la légère, a-t-il relevé. D’autant plus que plusieurs sites ont été envisagés et analysés afin de permettre aux élus de prendre la décision plus éclairée possible.» «Collaboration» L’avis de proposition en a étonné plus d’un du côté de l’équipe de la mairesse. D’autant plus que celle-ci avait lancé en début de conseil un appel à la collaboration, afin de trouver un terrain d’entente. «Visiblement, on ne s’entend pas sur le site idéal, a admis la mairesse. Nous devrons nous rasseoir ensemble pour parler de ce dossier, avec un comité, comme on l’a fait pour le règlement sur les chiens», a-t-elle ensuite souligné, lors de son temps de parole. Sylvie Parent a demandé aux présidents des trois arrondissements, Benoît L’Écuyer (Vieux-Longueuil), Nathalie Boisclair (Saint-Hubert) et Robert Myles (Greenfield Park), d’identifier un élu pour siéger à ce comité qui se penchera sur la question. Mme Parent désignera pour sa part un membre du comité exécutif. En entrevue, le conseiller municipal et vice-président du comité exécutif Éric Beaulieu précise qu’aucun site n’avait jusqu’ici été défini. Une présentation a été faite aux élus au début de l’été. «L’avis de proposition coupe court à la collaboration pour forcer l’administration à prendre un site, s’est-il désolé. C’est très prématuré d’arrêter un choix sur un site.» Le conseiller considère que les aînés devraient être davantage consultés avant de prendre une telle décision. M. Beaulieu a tout de même souligné que le 1, Curé-Poirier est un «site exceptionnel», notamment puisqu’il est facilement accessible en transport en commun. «Et le centre Jeanne-Dufresnoy, on doit le rénover à grands frais. Alors pourquoi ne pas combler plus d’un besoin à la fois?» Le conseiller municipal a aussi mis en garde quant aux estimations de coûts avancées, spécifiant que les plans et devis permettront de donner une évaluation plus précise. Le projet pourrait aussi changer d’un site à l’autre. Trop tard? L’annonce de la création d’un comité pour élucider la question a été accueillie tièdement par l’opposition. «La création d’un comité par la mairesse arrive tard, mentionne l’attaché de presse Francis Dubreuil. Ça fait déjà un an que nous nous exprimons sur la question, un an durant lequel il eut été facile pour la mairesse de créer un comité, surtout que tous les partis reconnaissent qu’il s’agit d’une priorité.» «On se réjouit de la nouvelle volonté de la mairesse de travailler par consensus, a-t-il ajouté. Les citoyens ont assez attendu! Nous jugeons qu’il est temps de donner une orientation à la Ville pour que le projet se réalise dans un délai raisonnable.»