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Soutien aux familles en santé mentale : financement retiré à un projet porteur

Il y a 9 heures
Modifié à 16 h 10 min le 21 mai 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le projet pilote a permis de réduire grandement les hospitalisations forcées. (Photo : Pixabay)

Depuis l’automne 2023, les familles de personnes vivant des crises de santé mentale pouvaient compter sur un intervenant en soutien étroit. Or, le projet pilote du Carrefour en santé mentale pour la famille et l’entourage s’est vu couper son financement par Santé Québec ce printemps, retirant ainsi cet intervenant du terrain.

Une dame appelle le Carrefour, car son mari a été hospitalisé en raison d’idées suicidaires. Elle ignore à quel hôpital il se trouve et demeure dans le néant, entre autres en raison de restrictions législatives en matière de confidentialité. 
Autre cas de figure : une famille appelle la police, car un jeune quitte la maison en disant «je vais aller tuer telle personne». La police intervient, mais la famille n’est pas mise au courant.

«Ça, c’est du quotidien», résume Danièle Bédard, directrice de l’organisme de Longueuil.

Voilà le genre de situations auxquelles le Carrefour est fréquemment confronté. À l’automne 2023, il a mis sur pied, avec le CISSS de la Montérégie-Est, un service spécifiquement dédié aux familles. «Dans le continuum des services en première ligne, un intervenant de crise débarquait sur place, pour faire le lien», explique la directrice.

Lors d’une situation d’urgence en santé mentale, il accompagnait les policiers et les intervenants sociaux.

«On outille les familles, on ouvre le dialogue avec elles, pour expliquer par exemple quoi faire si la colère remonte chez une personne agressive. La famille pourrait intervenir différemment, illustre Mme Bédard. C’est de la co-intervention.» 

Après la crise 

Le projet pilote incluait aussi un volet prévention et suit la famille après la crise.

Mme Bédard admet que «les résultats ont été au-dessus des attentes». 

Elle identifie entre autres une diminution des hospitalisations forcées en vertu de la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui (P-38). Le Carrefour en a recensé à peine 4 par an, parmi les cas où il est intervenu, contrairement aux quelque 80 cas avant le projet pilote.

«Le programme est très apprécié de tout le monde : des intervenants, du ministre Carmant. On avait espoir que ça devienne un programme provincial», avance la directrice.

Depuis la pandémie, le nombre d’appels que reçoit le Carrefour en santé mentale pour la famille et l’entourage est croissant. «Il y a beaucoup de situations de crises. Les intervenants sont débordés», témoigne Danièle Bédard. 

Attente

La décision de Santé Québec de couper ce financement – de l’ordre de 80 000$ – a déçu l’équipe, mais ne représentait pas une grande surprise, car d’autres associations familiales ont subi aussi des coupures. «On s’est dit qu’on allait y passer», relate Mme Bédard.

Elle a rencontré le ministre responsable des Services sociaux Lionel Carmant. Dans un article paru dans Le Devoir le 23 avril sur le sujet, M. Carmant a confirmé son soutien au projet. Un «financement de remplacement», à venir «prochainement», y a été évoqué par son bureau.

Pour l’instant, c’est l’attente au Carrefour. 

Au Courrier du Sud, l’équipe du ministre s’est contentée de dire que «le dossier chemine».

«La situation n’a pas évolué. Des discussions sont toujours en cours entre l’établissement et Santé Québec. Rien n’est confirmé», a répondu Catherine Brousseau, aux relations médias de Santé Québec. 

Dans un communiqué, le Parti Québécois du Grand-Longueuil dénonce cette coupure de financement et réclame à M. Carmant de «rétablir sans délai le financement nécessaire au maintien de ce projet pilote».