Actualités

St-Hubert Fer et Métaux: « Ils ont un droit acquis d’exister, mais pas de nous rendre la vie horrible ! »

le mardi 07 décembre 2021
Modifié à
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Mohamed Ali Khelifa aurait été informé par un employé de la Ville en août que St-Hubert Fer et Métaux avait reçu pour environ 9 000$ d’amendes au cours de la dernière année. (Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)

Les citoyens de la rue Grandpré, dans l’arr. de Saint-Hubert, enjoignent la Ville de Longueuil de contraindre l’entreprise St-Hubert Fer et Métaux, située au bout de leur rue, de respecter les ordonnances de la Cour supérieure pour que cessent une fois pour toutes les nuisances avec lesquelles ils vivent quotidiennement depuis plusieurs années.

Ainsi, à toute heure du jour, des camions bloquent la rue Grandpré, menant un train d’enfer.
Des conteneurs sont souvent placés dans la rue, tout comme diverses pièces de machinerie. Parfois, des chariots élévateurs circulent même sur la rue.

Régulièrement, des camions sont stationnés sur la rue, parfois des deux côtés en même temps, malgré l’interdiction de stationnement. Certains vont même jusqu’à utiliser les entrées privées de résidences pour effectuer un demi-tour, la rue Grandpré étant une rue sans issue autre que par le chemin de Chambly.

Le terrain de l’autre côté de la rue Grandpré, qui appartient aussi à l’entreprise, est par ailleurs souvent utilisé par des camions et de la machinerie, alors qu’un jugement de la Cour supérieure datant de 1990 l’interdit.

(Photo: Gracieuseté)

«C’est dangereux pour mes enfants, déplore Mohamed Ali Khelifa, qui habite la rue Grandpré depuis 2016 et dont les enfants ont 2, 7 et 9 ans. Par peur pour eux, qui doivent se rendre à l’intersection du chemin de Chambly pour prendre l’autobus scolaire, je modifie mes heures de travail pour pouvoir aller les reconduire et les chercher au coin.»

«Et c’est sans parler de la poussière et de la saleté, poursuit une autre résidente rencontrée par le journal. Dès que tu roules à plus de 20 km/h sur la rue, la poussière lève…»

Ainsi, si la rue était auparavant nettoyée matin et soir, le nettoyage ne se ferait maintenant qu’aux trois semaines.
«Pourtant, moi, si je salis la rue, la Ville va me contraindre à la nettoyer…» laisse tomber M. Khelifa.

Selon un résident de longue date du secteur, l’une des sources principales des problèmes vécus est le fait que l’entreprise est d’usage industriel et non commercial, ce qui lui permet d’opérer selon un horaire moins strict. Les opérations ont donc parfois lieu très tôt le matin, en soirée ou même les fins de semaine.

«Ils ont un droit acquis d’exister, mais pas de bloquer la rue, de mettre les gens en danger et de leur rendre la vie horrible!»
– Mohamed Ali Khelifa

(Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)

Des problèmes de longue date

Les résidents de la rue Grandpré se battent depuis des années pour que cessent les nuisances, sans succès.
Fondée en 1956 par Pranas Bulka, l’entreprise St-Hubert Fer et Métaux, passée aux mains de ses fils Vic et Algis en 1990, puis à celles de la fille de Vic, Danute, en 2004, opère depuis longtemps à l’intersection du chemin de Chambly et de la rue Grandpré. 

Selon un résident qui habite le secteur depuis 1979, même si l’entreprise y était déjà à son arrivée, beaucoup moins de machinerie y circulait et les travaux étaient circonscrits au terrain situé derrière la bâtisse du 7400, chemin de Chambly.

Les nuisances s’étant accumulées au cours des années qui ont suivi, l’ancienne Ville de Saint-Hubert avait pris action contre l’entreprise. Ainsi, en septembre 1990, un jugement de la Cour supérieure venait encadrer de façon plus serrée les opérations de St-Hubert Fer et Métaux.

On y précisait entre autres qu’aucun conteneur d’acier ne pouvait être déposé ou laissé à l’extérieur du périmètre des clôtures entourant le site; que les opérations de chargement et de déchargement devaient se faire seulement dans la cour latérale du même lot que la bâtisse ou directement à l’intérieur du périmètre des clôtures; et que le lot de l’autre côté de la rue Grandpré ne devait plus être utilisé à des fins de stationnement de véhicules lourds, de camions ou de machinerie.

Face au non-respect de certaines des ordonnances du jugement par l’entreprise, la Cour supérieure a à nouveau été saisie du dossier dans les années suivantes. Un second jugement, daté cette fois de 2003, est venu préciser les différents usages pouvant être faits des lots appartenant à l’entreprise.

Malgré tout, les nuisances se poursuivent, au grand dam des résidents.

(Photo: Le Courrier du Sud - Geneviève Michaud)

La Ville de Longueuil a refusé de répondre aux multiples questions du Courrier du Sud au sujet de St-Hubert Fer et Métaux, le dossier étant actuellement en attente d’une date d’audience devant la Cour supérieure, entre autres pour faire respecter les prescriptions des jugements de 1990 et 2003.

Danute Bulka, actuelle propriétaire de St-Hubert Fer et Métaux, n’a pas donné suite aux demandes d’entrevues du Courrier du Sud. Elle a cependant précisé par courriel qu’elle n’était «pas au courant des nombreuses plaintes de nuisances» contre son entreprise.

«Mon souhait ultime est que l’entreprise déménage, affirme Mohamed Ali Khelifa, Mais en attendant, il faut que les obligations déjà données par la Cour soient respectées et qu’ils se limitent à travailler sur leur terrain.»