Sweet Cherrie, mordue de la lutte

COMBAT. En semaine, Geneviève Lacasse est agente en recouvrement. Mais la fin de semaine, la Longueuilloise se transforme en Sweet Cherrie, lutteuse professionnelle!
La lutte est une véritable passion pour cette trentenaire. Déjà, à l'âge de 8 ans, cet univers l'intriguait. Elle regardait les combats de lutte à la télévision le dimanche avec son frère et son père et se voyait sur un ring. Aujourd'hui, avec plus de 15 ans d'expérience, elle fait partie des vétérans de la discipline.
«On nous traite de fous! Les gens nous voient comme du monde qui aime se faire mal. Mais il faut le vivre pour le comprendre. Il faut sentir l'adrénaline qui monte quand ta "toune" d'entrée part, quand le rideau s'ouvre», partage Geneviève Lacasse.
Elle adore la dimension «spectacle» de la discipline, qui a pris de l'ampleur au fil des ans. La jeune femme interprète aussi bien les rôles de gentilles que de méchantes, ce qui est, de son avis, plutôt rare chez les lutteuses.
«Quand je suis du côté des bonnes, je suis plus énergique, je demande l'appui de la foule. Quand je fais la méchante, j'incite aussi la foule à participer, à me haïr. Je fais des gaffes qui lui permettent de se défouler!»
Mais il n'y a pas que le public qui se défoule lors d'un match de lutte. Monter sur un ring a permis à Geneviève Lacasse de découvrir une autre facette de sa personnalité. «Avant, j'étais quelqu'un de très timide. Ça m'a sortie de ma coquille. Et ça m'aide à mieux gérer certaines choses dans ma vie. Ça m'aide parce qu'il y a maintenant un moment où je peux me défouler.»
Malgré le spectacle
Ce n'est pas un secret: les effets théâtraux et le spectacle sont omniprésents à la lutte. Oui, c'est un peu arrangé avec le gars des vues, mais les lutteuses sont loin de faire n'importe quoi dans le ring.
«Ça prend une certaine maîtrise, il y a des techniques, certaines connaissances. Sinon, ce serait les blessures à coup sûr», avance Sweet Cherrie, établissant un parallèle entre la lutte et le taekwondo ou le karaté.
Malgré tout, Geneviève Lacasse a eu son lot de blessures, les foulures étant choses courantes chez les lutteurs. Elle est déjà sortie de scène avec une jambe cassée. «Celle avec qui je me battais n'était pas très réceptive, elle n'acceptait pas que je gagne. Je devais lui faire une prise, et elle s'est écroulée sur moi. Ç'était très douloureux», raconte-t-elle.
Se tailler une place
Actuellement, une dizaine de femmes pratiquent la lutte à Montréal et se promènent un peu partout dans la province et même à l'extérieur du pays. Geneviève Lacasse estime que c'est en partie grâce à son entraîneuse, Geneviève Goulet, qu'elle a pu se tailler une place dans la lutte, un monde majoritairement masculin, et devenir Sweet Cherrie.
De plus, la division féminine de la ligue NCW, Femmes fatales, offre de belles opportunités aux lutteuses, selon la Longueuilloise.
«Des filles des États-Unis, de l'Angleterre et de l'Australie viennent se battre ici. C'est la crème de la crème! Ces filles-là, elles font de la lutte leur métier. Tu apprends beaucoup d'elles», témoigne Geneviève, qui a aussi eu la chance de se battre notamment à New York et Chicago.
«Il y a du talent au Québec et il se fait beaucoup plus de lutte qu'on pourrait le croire à Montréal», ajoute-t-elle.
Si la passion de la lutte ne s'essouffle pas chez elle, la lutteuse songe néanmoins à occuper un rôle différent au sein de la fédération NCW. Elle adorerait s'impliquer davantage à l'arrière-scène. «J'ai encore beaucoup de fun, mais les blessures s'accumulent. À force de manger des coups, on récupère de moins en moins vite…»
Des galas de lutte prennent régulièrement place à la NCW, au 7111, des Érables, à Montréal.