Chroniques
Opinion

Tabac de Virginie et pot de Justin

le mardi 21 novembre 2017
Modifié à 22 h 03 min le 21 novembre 2017
Par Alain Lavallée

alavallee@gravitemedia.com

Cette année, le cégep Édouard-Montpetit célèbre son 50e anniversaire. C’est aussi la première année où les étudiants sont conviés sur un territoire sans fumée. Entrer dans une classe au cégep dans les années 1970 était particulier si le cours débutait en milieu d’après-midi. Il pouvait y avoir un mètre de fumée de cigarette accumulée au plafond, résultat des cours précédents. La fumée n’était pas secondaire; nous la respirions de manière collégiale. Heureusement, peu à peu, on a domestiqué les effluves du tabac de Virginie. On a amélioré la ventilation, puis le tabac a été sorti de la classe, avant d’être envoyé à 9 mètres des portes. Enfin, le cégep est devenu territoire sans fumée. Santé! Le gouvernement de Justin Trudeau a décidé de légiférer afin de rendre légale la consommation de cannabis pour les 18 ans et plus à compter du 1er juillet 2018. Décriminaliser le cannabis était important, mais le légaliser? Il faudra juger selon les résultats. C’est devenu une question de santé publique. Étant donné que la fumée de cannabis contiendrait de 5 à 7 fois « plus de goudron et de monoxyde de carbone (CO) que celle du tabac», le Québec a raison d’interdire la promotion du cannabis (comme pour le tabac). Le Cégep pourra demeurer territoire sans fumée. Le fédéral a tort de vouloir s’attribuer la moitié des revenus de la taxe d’accise sur le cannabis. Presque tous les coûts et responsabilités seront assumés par le Québec et les provinces: facture de soins de santé accrue, d’encadrement et de coordination des milieux concernés (sécurité routière, sécurité au travail, éducation, etc). Il faut que le Québec perçoive la grande majorité des revenus de la taxe et en remette une partie à ses municipalités (formation des intervenants, corps policier). Retarder la légalisation d’un an Le défi est majeur: le pot a des propriétés hallucinogènes qui altèrent le jugement de l’être humain. Au travail ou sur la route, si une personne est sous l’effet de cette drogue, les risques d’erreur ou d’accident haussent. Un problème majeur vient du fait qu’actuellement, il n’y a pas de test fiable, non contestable qui permet de détecter si le jugement de la personne est altéré. Cela rend plus complexes les questions de sécurité au travail et sur la route. Afin de limiter les dérapages, il faut prendre le temps de coordonner et former l’ensemble des intervenants impliqués. Retarder au 1er juillet 2019 l’implantation définitive montrerait que cette promesse électorale n’était pas seulement un «show de boucane», mais bien une entreprise réfléchie. Il sera encore temps pour que le premier ministre puisse récolter les retombées de son initiative à l’élection de l’automne 2019.