Terrasse Turgeon: des sinistrés relogés dans des logements insalubres
Après avoir tout perdu lors d’un incendie qui a coûté la vie à trois personnes, en mai dernier, au 153, terrasse Turgeon, certains des sinistrés se retrouvent aujourd’hui dans des appartements manifestement insalubres.
Lorsque Le Courrier du Sud s'est présenté sur la rue Talbot, dans un des édifices où plusieurs sinistrés ont été relocalisés par leur propriétaire, l'état délabré des lieux était illustré par la porte d'entrée, tout simplement absente.
«Des jeunes ont pété ça et le propriétaire ne l'a jamais réparée. Ça fait au-dessus d'une semaine de ça», a affirmé une locataire, qui a demandé l'anonymat, par peur de représailles.
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À l'intérieur, des insectes morts parsemaient le pied de l'escalier et une odeur de moisissure était présente partout. Des locataires ont également indiqué avoir d'importants problèmes de rats.
«J'ai attrapé 19 rats depuis que je suis ici. On a commencé à poser la question aux autres locataires, et on a su qu'ils en ont attrapé 18 ici, 12 autres là. Il y en a partout!», a lancé une autre sinistrée, photos à l'appui.
Le Courrier du Sud a contacté le propriétaire des immeubles visés et du 153, terrasse Turgeon, Carlos Aicardi. Ce dernier affirme que les rats sont arrivés lorsqu'il y a eu de la construction dans le secteur, mais que le problème est réglé depuis six mois. Or, les sinistrés ont emménagé dans leurs nouvelles unités il y a moins de quatre mois.
Les locataires se plaignent également de balcons non sécuritaires, de murs et de planchers moisis, d'infiltration d'eau, de fourmis et d'autres insectes. Leurs logements sont répartis dans plusieurs immeubles situés sur les rues Talbot et Périgny.
Loyers plus élevés
Les sinistrés relocalisés sont également déçus que malgré l’état des lieux, le propriétaire leur demande 25$ de plus en loyer par rapport à ce qu'ils payaient sur la terrasse Turgeon.
Selon Carlos Aicardi, ces appartements ont toujours été plus chers que ceux du 153, terrasse Turgeon, et les nouveaux locataires paient le même prix que les autres.
Les personnes rencontrées par le journal ont toutes des revenus modestes.
«Le cauchemar ne s'est jamais terminé pour nous autres», a lancé une des sinistrées.
Dix plaintes à la Régie du logement
Les locataires affirment avoir fait une plainte à la Ville de Longueuil, mais avoir abandonné le recours lorsqu'on leur a dit que le processus prendrait trois mois.
Ce n'est toutefois pas la première fois que le propriétaire reçoit des plaintes pour ses immeubles. La Régie du bâtiment en dénombre 10 depuis 2009 seulement pour la rue Talbot. La Régie n'est cependant pas en mesure de préciser si ces plaintes concernaient des problèmes de salubrité.
Entretemps, le groupe de sinistrés cherche des options pour se reloger. Ils ne veulent pas rester où ils sont, mais craignent d'être expulsés avant d'avoir trouvé un nouveau logement.