Théâtre de la Ville: un «demi-lancement» sans demi-mesures

Jasmine Catudal, Dominique Lapierre et Joanne Aubry (Photo: Gracieuseté – Laurence Labat)
Après une année d’annulations, programmations, reprogrammations, télétravail et distanciation, le Théâtre de la Ville (TDLV) a dévoilé son calendrier d’automne dans le cadre d’un «demi-lancement» qui fait la part belle à la chanson, à la musique, au théâtre et à la danse.
«On est tellement content de vous retrouver», a lancé la nouvelle directrice générale Dominique Lapierre qui, après deux ans à la barre du Théâtre de la Ville – et les bouleversements de la dernière année et demie – , prenait part à son premier lancement.
C’est ainsi que les abonnés et spectateurs ont pu renouer avec le TDLV qu’ils connaissent bien, mais aussi un Théâtre qui a «un peu changé».
«L’arrivée d’une nouvelle directrice générale vient avec son lot de changements : mission renouvelée, vision développée, valeurs réaffirmées, planification stratégique déposée, le Théâtre est définitivement tourné vers l’avenir», a-t-elle exposé.
Le Théâtre de la Ville a ainsi présenté les spectacles qui composeront son automne. Un deuxième lancement en novembre, ajoutera une cinquantaine d’autres dates au calendrier.
Musique
Andrea Lynsay et Luc De Larochellière (Photo: Gracieuseté – Laurence Labat)
Luc De Larochellière et Andrea Lynsay, deux «fidèles du Théâtre de la Ville», ont ouvert le dévoilement de la catégorie chanson, en interprétant On fait la moue.
Amélie Beyries, Béatrice Martin, Diane Tell, Évelyne Brochu et Louis-Jean Cormier visiteront aussi les salles.
Les Fils du facteur, qui «avec guitare et accordéon, baladent leurs chansons françaises, mais suisses, un peu partout à travers le monde» a lancé la programmatrice Joanne Aubry, seront à la salle Jean-Louis Millette.
Mélissa Bédard présentera l’une des premières représentations de son spectacle Ma mère chantait toujours. Elle a d’ailleurs offert un extrait de cette pièce en prestation vidéo.
Aussi en vidéo, Damien Robitaille a enchaîné, devant son piano, Tu m’emballes et quelques notes de Bienvenue à Longueuil, en vue de son spectacle de Noël, le 17 novembre.
Jacques Michel sera aussi de la programmation d’automne, après un rendez-vous manqué en 2020.
Théâtre engagé
Alexandre Goyette (Photo: Graciesueté - Laurence Labat)
Parmi les quatre pièces de théâtre proposées cet automne, King Dave, version remaniée par l’auteur Alexandre Goyette et présentée chez Duceppe avec Anglesh Major dans le rôle-titre, risque d’attirer les foules.
Selon Alexandre Goyette, présent au lancement, reprendre son œuvre en laissant la place sur scène à un jeune Afro-Québécois prenait tout son sens, à la lumière de la question du racisme systémique et du «manque clair de représentativité des communautés culturelles» au théâtre.
L’auteur a longuement discuté avec Jenny Salgado, qui signe la musique, pour la convaincre de se joindre à la production. «Elle avait des positions qui m’ont super gros challengé. Il y a beaucoup de sensibilité, elle me demandait : pourquoi tu fais ça? Es-tu vraiment dans l’ouverture? Ce sont des questions importantes, il fallait prendre le temps de les adresser.»
Hidden Paradise, de Marc Béland et Alix Dufresne, plonge dans les effets des paradis fiscaux sur le quotidien de la population.
Fait inusité, deux spectateurs, Yann Odin et Joanne Desrochers, ayant vu Courir l’Amérique, sont venus discuter de leurs impressions.
Dans cette pièce, Alexandre Castonguay, la performeuse innue Soleil Launière et le metteur en scène Patrice Dubois se questionnent sur la façon de porter sur scène les ancêtres et grands oubliés de l’histoire, découverts à travers Ils ont couru l’Amérique et Elles ont fait l’Amérique de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque.
Les spectateurs ont souligné les réflexions sur les manières d’aborder l’histoire, le devoir de transmission, ainsi que la façon dont les mythes deviennent invisibles.
La directrice artistique Jasmine Catudal a également présenté le projet pilote des quatre artistes associés au TDLV, grâce auquel Émilie Monnet, Alexia Burger, Annabelle Soutard, Fabien Cloutier peuvent développer leur création et la faire résonner au sein de la communauté.
En vidéo, le Longueuillois Fabien Cloutier a témoigné de son intérêt pour l’histoire de son quartier. «J’aimerais connaître l’attachement des gens à leur coin. Qu’est-ce qui fait qu’on est un Longueuillois? Ces petites histoires du quotidien, qui deviennent extraordinaires quand on sait les magnifier de la bonne façon…»
Musique, danse et sorties en famille
Djely Tapa (Photo: Gracieuseté – Laurence Labat)
La programmation musicale compte quant à elle des propositions variées, du Montréal Guitare Trio, au «bouillonnement blues» de The Two, en passant par Rémi Bolduc Jazz ensemble, ainsi que le programme double Guy Bélanger et Cécile Doo-Kingé.
Djely Tapa, artiste canadienne d’origine malienne, a donné un court aperçu sur scène de son spectacle Barokan.
De plus, QW4RTZ et Michel Barrette feront un saut à Longueuil.
En danse, Radicale Vitalité de la compagnie Marie Chouinard est composé de 24 solos, comme les «petites perles d’un collier», a imagé Mme Catudal.
Le volet Dimanche en famille se compose entre autres d’Arbres, tout un monde, du Théâtre Motus, destiné aux enfants atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, dans un ratio d’un artiste par enfant.
Trois petits vieux qui ne voulait pas mourir, qui s’adresse tant aux enfants, parents et grands-parents, s’avère quant à elle une «grande œuvre philosophique» a partagé Joanne Aubry, qui admet n’avoir jamais été autant touchée par le théâtre de masques.