Culture

Toutes les couleurs de l’art-thérapie abordées par une experte

le jeudi 02 juin 2022
Modifié à 14 h 28 min le 01 juin 2022
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Emmanuelle Dupuis reçoit autant des adultes que des enfants lors de ses séances. (Photo: gracieuseté)

Emmanuelle Dupuis se sent privilégiée de pouvoir aider ses patients grâce à sa passion pour l’art. Lors de ses séances d’art-thérapie, elle les accompagne dans leur processus créatif afin qu’ils explorent leur traumatisme.

«Je dis toujours à ceux qui viennent me consulter que je ne travaille pas en fonction de leur donner des outils, mais de jouer sur les mécanismes qu’ils développent pour les amener à travailler sur eux-mêmes», explique Mme Dupuis. Le Journal l’a invitée à réagir à la publication du reportage Guérison par l’art paru le 25 mai.

Cette forme de processus de guérison est bénéfique pour certains, puisqu’elle leur permet d’imager ce qu’ils ressentent. Celle qui détient une maîtrise en art-thérapie raconte que parfois, «il y a des choses qui sortent en image qui sont plus difficiles à sortir en mots».

«Par l’image, ils vont aller chercher une profondeur d’émotion qui va être plus grande», partage-t-elle.

Ses clients qui viennent la voir n’ont pas nécessairement d’intérêt pour l’art de prime abord. Au contraire, elle indique qu’il s’agit souvent de personnes qui disent n’avoir aucun talent artistique.

«On ne cherche pas à créer quelque chose d’esthétique, assure-t-elle. On essaye plutôt de passer par l’image pour que l’expression soit plus complète.»

Elle ajoute que même les artistes qui la consultent ont souvent de la difficulté à exprimer leurs émotions, car ils s’imposent la pression de créer une belle œuvre. Elle a donc le défi de les ramener à la base et de les faire travailler sur leurs sentiments.

Pour tout le monde

L’art-thérapie s’adresse à tout le monde selon elle, mais les approches peuvent être différentes selon le traumatisme vécu.

«Le tronc commun, c’est l’intervention de relation d’aide, souligne-t-elle. Nous ne sommes pas considérés comme des psychothérapeutes, mais par contre l’approche est toujours adaptée à la personne.»

Les raisons qui poussent ses patients à tenter ce type de thérapie sont multiples. Parfois, ils veulent travailler sur un deuil ou une transition de vie.

«Je vais leur poser des questions pour savoir ce que leur œuvre veut dire pour eux, ce que signifient les éléments qui la composent», indique-t-elle.

En général, ses clients la visitent sur une base régulière. Certains décrochent après avoir réalisé que ce n’était pas pour eux. Dans tous les cas, Emmanuelle Dupuis adopte une approche humaniste en fonction sur les forces de la personne.

«Plus on est conscient de qui on est, plus on fait des choix réfléchis par la suite. Quand nous comprenons bien qui nous sommes, nous tombons moins dans la réaction.»

«Il est plus facile de parler d’une image que de renommer son traumas», explique-t-elle.

-Emmanuelle Dupuis

Réorientation

Celle qui était autrefois enseignante ne regrette pas son changement de carrière. Les cinq ans et demi passés pour obtenir tous les prérequis et sa maîtrise ont impliqué des choix difficiles. Elle se dit néanmoins convaincue qu’elle a pris la voie à suivre.

«J’ai le sentiment d’être à ma place et je n’ai aucune idée quand je vais avoir envie de m’arrêter, car j’aime ça, soutient-elle. Quand je vois l’étonnement de mes patients face à l’effet de la thérapie, c’est tout un sentiment.»

Séances

Les séances d’art-thérapie se déroulent au domicile d’Emmanuelle Dupuis dans son atelier personnel. Elle offre le matériel d’art et l’accès à plusieurs déclinaisons, comme le collage, la peinture, le dessin, l’argile ou bien le modelage, selon l’intérêt des gens.