Culture

Traces and Scars et Hommage à Bob Walsh: un show unique signé Guy Bélanger

le mardi 24 octobre 2017
Modifié à 11 h 25 min le 24 octobre 2017
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

BLUES. Les amateurs de blues auront droit à un spectacle unique, au Théâtre de la Ville le 28 octobre. Après une première partie consacrée à son plus récent album, Traces and Scars, l’harmoniciste Guy Bélanger rendra hommage à celui qui a été son compagnon de scène pendant 42 ans, Bob Walsh, en compagnie des musiciens du célèbre bluesman. Depuis le décès de Bob Walsh le 15 novembre 2016, Guy Bélanger a livré différents hommages musicaux à son ami, toujours dans des formules différentes, que ce soit avec le Festival d’été de Québec ou encore le Festival de jazz de Montréal. En condensant l’hommage en une seule partie du spectacle, il ne reste que les chansons qui collent le plus à la peau de Walsh. Non seulement ses propres œuvres, mais aussi de grandes chansons du blues. «Les invités sur le show sont Sylvie Desgroseillers et Martin Goyette», soulève Guy Bélanger, enthousiaste.. Martin était fou de Bob, et Bob l’aimait beaucoup aussi, il se reconnaissait en lui. Et dans le répertoire qu’on va faire, il y a des pièces hallucinantes, comme du Ray Charles. Ce sera très très l’fun. Sur scène, certaines chansons seront accompagnées de projections de photos, que ce soit de Bob et Guy sur scène, ou encore, en première partie, de montage des films dont Guy Bélanger a réalisé la trame sonore. L’harmoniciste a souvent fait des spectacles avec celui qu’il appelle simplement «Bob». Il a visiblement bien hâte de remonter sur scène avec ses musiciens et Jean Fernand Girard. À la sortie de Traces and Scars, en avril, il était impossible pour Bélanger de simplement écouter une chanson de Walsh, les émotions étant trop fortes. Si le «cuir s’est épaissi depuis», ça demeure fragile. «J’ai travaillé 42 ans avec Bob. Je vois une photo et… Ce n’est plus une question de musique. Ça revient en revoyant un lieu où on a joué…», évoque-t-il. Lumineux et déroutant Le décès de Bob Walsh est survenu alors que Guy Bélanger était en pleine conception de Traces ans Scars, sur lequel il travaillait depuis septembre. Il souhaitait déjà le dédier au grand bluesman, de son vivant. «Ç’a donné une autre dimension, admet Guy Bélanger. Je voulais faire quelque chose de funky avec des brass, et ç’a pris une autre tangente. Mais c’est un album plus lumineux que je pensais. C’est un album qui est apaisant… en tout cas pour moi. C’était un exercice. Au lieu d’aller voir un psy, c’est par la musique que je guéris.» «Et je suis sûr qu’il l’aime bien l’album, ajoute-t-il  en riant.  Il est l’fun. Il est comme Bob: déroutant.» L’influence de Walsh dans le travail de Bélanger réside peu dans la création en soi, mais plutôt dans la persévérance. Guy Bélanger se rappelle avoir demandé au célèbre chanteur de participer à l’album pour le film de son frère Louis Bélanger, Gaz Bar Blues. Walsh apparaît d’ailleurs dans une scène du film. «C’est une histoire vraie. J’avais 17 ans, mon père était venu me voir jouer et déjà, à cette époque, je jouais avec Bob, relate-t-il. Il a été sur mon parcours tout le long. [Je retiens] la sincérité et l’honnêteté dans son travail. Et le plaisir qu’il avait à jouer. Quoi faire de sa vie et avoir du <@Ri>fun<@$p> avec. C’est ça.» Hors blues Après avoir fait un pur retour au blues avec Blues Turn, Guy Bélanger renoue avec ce qui fait sa signature. Celui qui a signé la musique de films, de productions du Cirque du Soleil et de séries télé comme Les Boys décrit sa musique comme étant «cinématographique». «Des pièces de sept minutes qui sortent un peu du cadre. Ça ne fait pas des hits de radio, et anyway, ce n’est pas mon créneau!» lance-t-il. Il se plaît à sortir l’harmonica du blues, malgré sa couleur très associée à ce style musical. «J’appose des images musicales. C’est dans ça qu’on me reconnaît et surtout ce dans quoi je me reconnais aussi. Après sept albums solos, je sais qu’il y a beaucoup de monde qui l’entend comme moi.» Citant son travail avec Claude Fradette sur la musique de la série Les Boys, il insiste sur le défi de composition, où l’harmonica ne doit pas être trop insistant. Pour certaines pièces, il composait à l’harmonica, intégrait d’autres instruments, puis retirait l’harmonica. «L’harmonica est très évocateur. Même pour le cinéma, c’est dangereux que ça devienne une caricature. C’est un instrument qui souligne au crayon gras, des fois.» Il s’est dit d’ailleurs très flatté d’avoir reçu, en 2016, le prix André-Gagnon de la Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec, pour son apport à la musique instrumentale. «Ça m’a beaucoup touché que l’on souligne la qualité de mes compositions, mon travail des mélodies. Je n’étais plus juste considéré comme un joueur d’harmonica… mais je n’ai rien contre ça, laisse-t-il tomber. Ça fait 43 ans et je n’ai pas fini.»